Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

Bienvenue

Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

vendredi 31 décembre 2010

Je voeux…

                   Meilleure année 2011 à toutes et à tous… Je vous souhaite une année où on ne réglerait pas le sort des marginaux en les expulsant,  une année où on ne piétinerait pas les acquis sociaux pour permettre l'accumulation des richesses de quelques uns, une année où les religions ne se crisperaient pas sur des positions fanatiques, une année où on respecterait aussi bien l'être humain que la faune et la nature…
              En étrennes je pourrais vous conseiller deux petits opuscules, réconfortants comme deux cafés serrés par jour de grand froid…
PS: clic sur les noms des auteurs, ce sont des liens, pour en savoir plus sur eux

Stéphane Hessel
Lopez Campillo/ Ignacio Ferreras


vendredi 24 décembre 2010

Les Pères Noël


         Noël est la fête des enfants, ce qui semble chaque année moins vrai, à voir les avalanches de cadeaux que s'échangent les adultes à cette occasion, dans une frénésie de consommation peut être attisée par la crise économique et son besoin de compensations festives… Quand des enfants sont très malades, Noël garde un potentiel de joie qui tient plus du rêve que des paquets cadeaux eux mêmes… En écrivant cette nouvelle (déjà publiée dans des revues littéraires), j'avais voulu, simplement, avoir une pensée pour eux…

samedi 18 décembre 2010

Les bancs de la fac (21-25)

21.

Costume de velours noir, écharpe rouge, les yeux fiévreux:

- Informez-vous ! La chine et l'ONU ! famine au Sahel ! tout sur les luttes ouvrières !

Avisant celui-là,  première  année,  le  dos  voûté,  regards  en douce...

- Trois francs seulement ! Pour savoir ce que nous cache le pouvoir ! Ca ne t'intéresse pas, la famine au Sahel ? Oui, toi, futur médecin ?!

- C'est à dire que moi, euh! c'est un peu différent, je ne suis pas d'ici, je... je viens de l'Aveyron...

Petit patapon.

22.

8H: le navire tangue et roule, donne du nez dans la houle qui se brise en déferlantes croisées.  Dispersé aux points stratégiques, le carré des officiers:

- E - 0 - A - OU 

Tous en choeur:

- E - 00 - A - O-OU

L'équipage en entier:

- LE - OCHO - AO- COU

Le pont avant, face aux embruns.  Deux mutins chevelus battent en retraite, se prennent les pieds dans les écoutes, et les fils du micro:

- LES GAUCHOS A MOSCOU !!

8H 05: cours de physiologie politique.

 23.

Il a mis toute une journée à s'installer, en sifflotant.  Il a réparé son lit, nettoyé l'armoire, calé la table, désinfecté le cabinet de toilettes.  En débouchant le lavabo, il s'est aperçu qu'il n'aurait pas d'eau chaude.  Eh bien, est-ce qu'il avait besoin d'eau chaude ? Est-ce qu'il n'avait pas vingt ans, une bourse plate et un corps résistant ?

Il a dormi comme une souche, sur le sommier cassé, la main tendrement posée sur son traité d'embryologie...

24.

Tout de blanc vêtu, le Dr Sherlock Holmes franchit la porte de la chambre.  En un éclair, il note:

- table de chevet: bouquet de fleurs, bonbons, photo d'un homme d'âge moyen, crachoir en carton, liasse de dessins d'enfant.
- lit: nouvel Observateur, layette rose, femme d'âge mûr, chaîne dorée et petite croix autour du cou.
- pied du lit: babouches presque neuves, en cuir.

Il en déduit:
- institutrice, veuve, bientôt grand-mère d'une petite fille, très entourée par sa famille.
- croyante et de gauche.
- problème pulmonaire.

Restent les babouches: dernières vacances au Maroc, ou cadeau des enfants ? Délicat, les babouches...
Il ressort aussi sec, tombe sur le Dr Schweitzer, qu'il gratifie d'un clin d'oeil complice, l'un comme l'autre souhaitant préserver l'incognito.

25.

- Alors, mame Becque, votre étudiant ?

- Oh! mame Girard, c'est un garçon RE-MAR-QUA-BLE, toujours poli, toujours gentil, et travailleur avec ça, c'est simple il ne quitte pas son bureau !

- Donc pas de regrets... Vous avez du cran, mame Becque, on ne peut pas vous l'enlever... J'avoue que j'aurais hésité à franchir le pas !

- Vous savez, Augustine, il est de Tunisie, ce n'est pas tout à fait pareil...

- Tout de même, moi franchement je vous tire mon chapeau.  Comme je l'ai dit à mes voisines...

- Et puis entre nous, d'ailleurs, son père est ministre ou quelque chose dans le genre.…

- Ah!… le fils d'un... C'est ce que je leur ai dit, il peut y avoir des gens très très bien... Exactement... Ça alors, la tête qu'elles vont faire, ces deux pies !

lundi 13 décembre 2010

Picass…iettes


                           Un couple de septuagénaires a déclenché une tempête dans le monde de la peinture en demandant aux héritiers de Picasso d'authentifier quelques 271 dessins dont ce dernier leur aurait fait cadeau…
                       Cette démarche à priori compréhensible chez des gens âgés voulant répertorier leurs biens en vue de leur succession (ah! oui, mamie, il y a aussi  les gribouillis de Picasso, que tu refusais pour la salle de séjour,  ça va être le loto pour les petits, complètement oubliés, ceux là…) a entrainé saisie des dessins et un procès est envisagé, les héritiers du peintre jugeant eux aussi à priori qu'il ne pouvait s'agir que d'un vol… Des as du plaisir rétentionnel, ces Le Guennec, attendre 37 ans quand la vente au marché noir de quelques uns de ces papiers leur aurait offert à vie 2 mois par an aux Maldives en 4 étoiles…
                 D'accord, 271 ça fait beaucoup, mais les études et brouillons de Picasso doivent bien se compter par centaines de milliers, et du point de vue d'un peintre même conscient de son exceptionnel talent, on peut se demander s'il en était à considérer chaque esquisse, chaque travail préparatoire, chaque chute de papier comme autant de reliques sacrées.… Peut être, après tout, puisque la légende rapporte qu'il aurait refusé de signer un dessin sur une nappe de restaurant, arguant qu'il souhaitait payer le repas, non acheter le restaurant… Mais un artiste de cette envergure savait aussi probablement que les ratés ou les hors-piste de son travail, forcément nombreux, pourraient en ternir l'éclat… Ce dont n'ont pas forcément conscience à posteriori ceux qui pour de l'argent trouveraient dans un pet du maître une expression insolite de son génie…
                      Méfiez vous si un peintre de vos amis dessine un mickey sur un bout de papier pour l'offrir à votre fille de 5 ans , s'il devient célèbre, elle risque 30 ou 40 ans après en le retrouvant au fond d'un coffre d'extraire en même temps une pelote inextricable d'ennuis judiciaires… Et si vous réparez une prise de courant chez une célébrité, emportez avec vous votre caméra et un magnétophone, ça pourra servir… A posteriori
                     Un résumé assez complet de l'histoire ICI

dimanche 12 décembre 2010

Naufrages



                         L'ïle Tromelin est un îlot désertique de l'Océan Indien battu par les déferlantes, responsable du naufrage d'un bateau clandestinement négrier au XVIIIè siècle… La cargaison humaine  du navire y avait été abandonnée avec quelques tonnelets de nourriture et la promesse qu'on reviendrait les chercher, malgré l'aide fournie par les esclaves à la construction d'une nouvelle embarcation qui allait permettre aux rescapés blancs de s'évader du piège … Irène Frain décrit cette aventure tragique et montre comment cet évènement a contribué à faire admettre au monde l'idée que l'esclavage n'était plus tolérable… La lecture de ce livre que je vous conseille m'a donné prétexte par ailleurs à me repencher sur une de mes nouvelles, traitant elle plus modestement de certains naufrages de la vie courante…
                             A ceux qui lisent ces nouvelles, n'hésitez pas à commenter, à me proposer des pistes pour les améliorer…

samedi 4 décembre 2010

K) Menu Kabyle


Coeurs de Palmier

*
Steak berbère, figues kake et pommes de cactus

*
Caravane de Déserts

*
Café Maure

                                                            

mercredi 1 décembre 2010

Docteur n'abuse


         Une réflexion a lieu actuellement autour du prix de la consultation modulable en fonction de sa complexité… Nouvelle tentative pour sortir la médecine générale de l'ornière dans laquelle on la laisse s'enliser depuis des années ? Après nous avoir pompeusement nommés "piliers du système de soins", nous avoir épinglé le titre en chocolat de "médecin référent", avoir balisé un "parcours de soins" stupide, où le patient doit s'inscrire avec un médecin et non un cabinet médical, voici la consultation à géométrie variable… Qui sait, peut être la consultation mais pas la visite à domicile, puisqu'on a bien inventé l'augmentation de tarif pour certains actes, mais pas pour d'autres…
           C'est quoi la complexité d'une consultation ou d'une visite ? Personnellement, je n'en sais rien. Je parlerais de la pénibilité d'une consultation/visite. Et les raisons sont nombreuses pour qu'une consultation/visite soit "pénible" ! Difficultés à se faire comprendre, difficultés à se faire écouter, difficultés pour nous à comprendre, multiplicité sans cesse croissante des motifs de consultation, désinvolture et exigences des "patients", heures passées à tenter de joindre un correspondant ou un service hospitalier, paperasserie encore et encore à n'en plus finir…
          Certes un diagnostic pour une pathologie autre que banale, une conduite thérapeutique chez un patient qui cumule les ennuis de santé sont souvent complexes à mettre en oeuvre, surtout si une coordination est nécessaire avec des spécialistes ou l'hopital,  mais restent la moelle de notre métier, à qui se plaint de ces difficultés là on pourrait conseiller de changer d'activité. C'est avec plaisir qu'on passe du temps auprès d'un malade, le temps qu'il faut, pour détecter son mal ou affiner son traitement, et je ne pense pas que si seulement 8% des jeunes diplômés s'installent (et c'est bien pour cette raison que les politiques daignent se pencher sur notre cas…) ce soit par peur des maladies et des patients… Non, c'est bien plutôt par crainte de toutes ces pertes annexes de temps et d'énergie qu'impose la gestion d'un cabinet médical…
             Plus les téléphones pullulent, plus les correspondants sont injoignables et les boîtes vocales se multiplient, laissez un message, tapez 1 , tapez 2, tapez 3, vous souhaitez parler à Mr Dupont ? nous acheminons votre appel à Mr Darmon, quand ce n'est pas Mme Pontan… Docteur, il me faut un papier pour le kiné, l'ambulancier, l'arrêt de travail, la demande de cure, sur celui que vous avez fait manque une case à cocher on me l'a renvoyé… Docteur c'est la maison de retraite, la glycémie de MrX est de 2,5g vous changez la dose d'insuline ? alors il faudra passer, il nous faut une prescription écrite…Non, je ne sais pas quels médicaments je prends, des pilules sont rouges, d'autres bleues, mais on m'avait dit 10j de traitement, et le pharmacien n'a donné qu'une boîte, d'ailleurs c'est comme mon traitement de fond, j'ai pas les noms, mais certaines boîtes n'ont que 28 cachets, alors pour 1 mois je vais manquer des petits cachets ronds…  Docteur il me faut un certicat d'aptitude à la pétanque…Je pourrais multiplier les exemples à l'infini, comme déjà évoqué ICI
             Alors, quelle sera la consultation mieux rémunérée ? Celle où je dépisterai , certes peut être avec peine, par un examen complet chez un malade fatigué et amaigri,  une lésion profonde dans l'abdomen, qui entrainera prise de sang, analyse d'urine, échographie, puis scanner éventuel, avant chemin de croix spécialisé, cheminement en fait bien plus compliqué pour le patient que pour moi ? Ou bien celle de la grand mère venue consulter pour une simple bronchite fébrile, parce que la voisine insiste, et dont je m'apercevrai qu'elle vit seule, n'a plus de couverture sociale, pas de véhicule pour se rendre à la radio (à cet âge, ça ressemble à une bronchite, hum, mais elle consulte tous les 5 ans…), et présente des troubles de mémoire évidents , le tout nécessitant appel à l'assistante sociale, la secu, le taxi VSL, des infirmières, etc… tapez 1, tapez 2, tapez 3 ?
            En vérité j'ai bien peur qu'il n'y ait maintenant que peu de "consultations non complexes". Nous rêvons tous de brillants diagnostics effectués tôt permettant de "sauver" nos malades (et pas, je le précise, on se sait jamais, de trouver des maladies graves à nos patients !), même s'il faut nous replonger dans les livres pour débrouiller les symptomes, et nous passons 1/2h à faire déshabiller ce vieillard puis lui expliquer l'ordonnance qu'il n'a aucune envie de suivre, ou à examiner cet enfant hurleur dont le nez coule, lequel, vous savez, docteur, me pique une crise en se roulant par terre quand je lui refuse un kinder mais comment faire …
            La vérité est que pour bien gagner sa vie dans notre métier de généraliste, il faudrait "faire de l'abattage", ce qui est l'exact contraire de ce que devrait être la médecine. Une "super consultation" annuelle a déjà été créée, que personnellement je n'utilise jamais, considérant, sans doute parfois à tort, qu'elle ne serait que redondance… Mais la "consultation complexe" ne serait elle pas simplement un nouveau moyen pour ne revaloriser qu'un morceau de notre travail ? J'arrête, je risque de devenir parano…

dimanche 28 novembre 2010

Déculottée

  


            Un terme qu'on employe quand on se retrouve à poil pour subir la fessée, qu'on pourrait employer pour signifier qu'on n'a plus de "culot"… Dans les 2 cas il convient pour définir l'écrasante défaite de l'équipe de France de rugby face à l'Australie hier… On grimpe péniblement une marche, deux marches, trois marches, et zou, retour brutal au rez de chaussée, cul pardessus tête… Argentine, Afrique du Sud, Australie, la case départ change de nom, mais pas d'altitude…
            Deux façons de prendre les choses, ou bien on a voulu présenter "la meilleure équipe", et on a vraiment du souci à se faire, ou bien on a continué imperturbablement à faire des essais en vue de la fameuse Coupe du monde, seule échéance valable, et ma foi, plus qu'à jeter ce brouillon là…
            Les australiens ont reculé en mêlée, et les français se sont dépêchés de faire les coqs, bien sûr, croyant sans doute que cela suffirait… Me revient en mémoire ce ridicule poing levé de Barcella parce qu'il avait pris le dessus sur son opposant à la première mêlée d'un test France-Nouvelle Zélande dont le résultat final avait pourtant ressemblé à celui d'hier…
             En France nous sommes tous sélectionneurs, c'est un autre de nos défauts, on peut préférer tel joueur à tel autre, et on peut en discuter sans fin, je me contenterai pour ma part d'être agacé de voir des joueurs non utilisés à "leur" place. Rougerie n'est pas un trois quart centre, Traille est un demi d'ouverture de dépannage, un trio Traille-Jauzion-Rougerie, certes de fort tonnage, me semble être un bricolage hésitant de joueurs souvent perdus en défense et pas vraiment vifs en attaque. Ajoutons des ailiers jamais bien servis et un arrière intimidé ou nonchalant… Quant au pack, rien à dire en mêlée, donc, par contre en touche et dans les rucks… Un Thion a son avenir derrière lui, lui non plus n'est pas particulièrement pétillant… L'Australian flair l'a bien compris, et a su faire tourner les têtes… et le compteur de points.

vendredi 19 novembre 2010

Les bancs de la fac (16-20)


16.

Le formol piquait les narines et faisait pleurer les yeux.  Derrière lui, la mort avançait masquée, franchissait les gorges, pénétrait les voies respiratoires...

Plusieurs d'entre eux toussaient pour rester vivants.



17.

Question d'oral.  Le professeur, sans ironie, ni rien à quoi se raccrocher:

- Quel goût, monsieur, rappelle celui des menstrues ?

- Maître, sauf votre respect, euh...c'est de très mauvais goût...

Il a fallu apprendre la vie, durant les mois d'été.  Du coup, trop peu de temps pour réviser...
Recollé en Septembre.



 18.

Soirée médecine au Tiffany's.  Il cherchait les filles de l'amphi, histoire de lier connaissance. N'en a reconnu aucune.  A vu des arbres de Noël.  Des amazones échevelées.  Des goëlettes illuminées.  Des Venus callipyges.  La tête lui tournait de ces feux d'artifice.  Avait forcé sur le whisky.

Le lendemain, en cours, la gueule de bois.  Il parcourait des yeux les travées de l'amphithéâtre.

Se demandait pourquoi aucune de ces idiotes n'était venue hier soir.



19.

Elle, par exemple, était à cette soirée.  Ne se souvenait pas non plus de grand-chose. A la rigueur se rappelait les cigarettes pas comme les autres.  Le nom du garçon, parce qu'il s'appelait Galet.  Et que c'était la première fois qu'elle avait fait çà.

Elle a encore le cerveau qui flotte.  Le doigt qui dérape en soulignant les sous-titres.  Deux types un peu plus bas ricanent.  Elle est seule en bout de rangée.  N'a pas senti le danger.  Les mots volètent de table en table comme des avions de papier:

- T'as vu ? Dans le coin là-bas ! eh! t'as vu ?

-  Ouais, ouais, c'est la pipe à Galet ?



20.

Le Dr Schweitzer a dansé toute la nuit.  Il s'est réveillé tard dans la matinée à côté d'une fille qu'il ne connaissait pas.  Perplexe, il s'est décidé:

- Vous êtes de Lambaréné ?


dimanche 14 novembre 2010

Carver… et les autres

        Mon dernier billet confiait mon admiration pour cet auteur. Lui, John Fante ou Charles Bukowski savent probablement ce qu'ils doivent à Hemingway ou encore à John Steinbeck, ce qui ne les a pas empêchés d'allumer leur propre étoile. Raymond Carver, parce qu'il écrit des histoires courtes, parce qu'il puise ses sujets dans le quotidien de gens simples, où beaucoup d'entre ses lecteurs peuvent se projeter sans effort, a été beaucoup imité. C'est après avoir  lu une ribambelle de textes se réclamant de lui mais ne réussissant qu'à raconter platement des situations banales que j'avais voulu moi même me défendre de la tentation d'essayer de "faire du Carver", en pratiquant un peu d'autodérision à ce sujet …
          L'autodérision pourrait mener loin, preuve en est, parait il, le prix Goncourt de cette année (que je n'ai pas lu), mais ne vous inquiétez pas, même si j'ose proposer une nouvelle après avoir présenté un géant du genre, même si je me permets un clin d'oeil à Monsieur Houellebecq, je ne vais pas attraper la grosse tête !…

jeudi 11 novembre 2010

Carver


          Ecrire une nouvelle peut sembler facile, c'est un texte court, avec peu de personnages, qui offre à l'écrivain une bonne visibilité des objectifs à atteindre selon l'histoire qu'il veut raconter. C'est pourtant un travail d'orfèvre…Dans ma présentation du libellé "nouvelles", j'insiste sur la concision que réclame l'exercice. Pas question des digressions que "permet" le roman, la nouvelle, c'est du concentré, un alcool si possible fort qu'on déguste dans un petit verre, pas un vin rond et ample qu'on peut siroter en prenant son temps…
          C'est donc une performance pour un nouvelliste de marquer la mémoire de son lecteur avec un texte court… Raymond Carver a réussi ce tour de force à plusieurs reprises, et sa célébrité vient en grande partie de ce sens de l'épure poussé à son paroxysme… Il disait d'ailleurs "Quand on se met à rayer des mots qu’on vient d’ajouter, la nouvelle est finie".

           Trois recueils surtout ont même contribué à ce que soit collée sur ce style dépouillé l'étiquette de  "minimalisme": 

Parlez moi d'amour

Tais toi je t'en prie

Les vitamines du bonheur

          Trois bijoux qui m'ont laissé pantois à la lecture, par ce talent que possède l'auteur à raconter avec une apparente platitude d'apparentes banalités quotidiennes, d'où se dégage pourtant une bouleversante humanité, un peu comme le réussit John Fante dans ses romans.
         Et voilà qu'un éditeur se met en tête de proposer l'intégrale des manuscrits originaux de Carver… 
       De quoi ? Les textes que j'avais lus n'étaient pas conformes aux manuscrits ? Son célèbre "minimalisme" devrait donc beaucoup aux ciseaux de son premier éditeur, qui en fait aurait "charcuté " (terme employé par Carver lui même) ses nouvelles avant publication ?
        Retoucher l'icône d'un auteur qu'on aime est à première vue tellement insolent… Ensuite bien sûr, la curiosité est la plus forte, et je n'ai pas résisté, un peu fébrile à l'idée que le correcteur puisse avoir qui sait plus de talent que l'auteur…
        L'inquiétude n'est en fait pas justifiée. Je n'ai pas encore tout lu (et je n'ai pas retrouvé, non plus, chez moi, certains livres du Carver "officiel", ne prêtez jamais vos bons bouquins, on ne vous les rendra pas…) Mais j'ai en particulier fait un test avec un des textes qui m'avaient laissé un souvenir ineffaçable,  «C’est pas grand-chose, mais ça fait du bien» - dans les Vitamines du bonheur . Il s’appelle dans Débutants «Une petite douceur». Et la poignante douleur de ces parents qui perdent un enfant le jour de l'anniversaire de celui-ci et sont persecutés par les appels anonymes du patissier à qui ils avaient commandé le gâteau sans être hélas allés le chercher vous marque au fer rouge, avec sa fin comme une rédemption où transparait tout le malheur d'être homme… A la relecture le texte original est beaucoup plus développé. La version courte admise à publication est un coup de poing qui effectivement atteint son but en vous mettant KO avec une redoutable efficacité, mais la version longue vous étouffe progressivement… et au final est tout aussi inexorable. J'en conclus que si Carver est devenu célèbre en chef de file du "minimalisme", il le doit un peu sans doute aux parti-pris de son éditeur, mais qu'il est surtout un immense écrivain, capable de transmettre avec force ses émotions comme de les suggérer grâce à trois fois rien…
         Lisez et relisez Raymond Carver, version "minimaliste"ou pas, c'est un grand moment.…
      Si je ne vous ai pas convaincus, voyez l'article de Mathieu Lindon, dans Libération, ou bien écoutez les 40 dernières minutes de cet entretien sur France Culture.






vendredi 5 novembre 2010

J) Menu Junior



                                                    Oeuf du jour sur jeunes pousses de verdure 
                                                                                *
                                                      Blanc-bec  ou tendron de veau
                                                                             *
                                                           Pommes de terre nouvelles
                                                                            *
                                                Fromage bleu et salade de fruits frais
                                                                            *
                                                     Offert: le verre de Mouton-cadet

samedi 30 octobre 2010

Lascaux

  Dans mon dernier billet, j'évoquais succintement quelques projets d'utilisation du réseau internet dans le domaine médical. Bien utilisée, l'informatique est un formidable outil, j'en veux pour preuve l'extraordinaire visite des grottes de Lascaux qu'elle permet… Les longs discours sont inutiles, je vous laisse admirer…

mardi 26 octobre 2010

Télémédecine



- Allo, docteur, j'ai très mal à la gorge et de la fièvre
- Oui, j'écoute, et  vous semblez bien peu en forme sur mon écran, c'est vrai, pouvez vous brancher la caméra et la diriger vers votre gorge en ouvrant grand la bouche ?
- ……
- Réglez la luminosité sur 4, voulez vous, et tirez bien la langue… voilà, je vois, c'est une belle angine blanche, pouvez vous vous palper le cou ici et ici (le médecin montre les endroits sur lui même) et aussi sous les bras à la recherche de boules, les sentez vous ? seulement une du côté droit sur le cou ? un peu douloureuse au toucher ? très bien, vous n'avez pas d'allergie connue ? pas de traitement en cours ? ok, j' envoye l'ordonnance par mail à votre pharmacien, vous aurez les médicaments d'ici 1 heure…







            La téléconsultation est autorisée en France. Le dialogue ci-dessus est caricatural. Il n'empêche. Je pense à mes professeurs pour lesquels une consultation médicale devait suivre un schéma immuable: interrogatoire puis examen clinique comprenant inspection, palpation, percussion, auscultation. Les oreilles pour entendre, les yeux pour voir, les mains pour toucher…

          Les examens complémentaires ne sont plus seulement comme le dit leur nom des "compléments", ils ont depuis des années maintenant tendance à se substituer aux oreilles, aux yeux et aux mains. Pourquoi passer dix minutes à différencier au stéthoscope des râles pulmonaires des râles bronchiques quand la radio donnera son verdict sans autre délai que celui du rendez-vous ? Pourquoi regarder avec attention une conjonctive oculaire quand une simple analyse de sang offrira bien plus de détails ? Pourquoi s'échiner à déceler un rein ou un foie à la palpation quand l'échographie ou le scanner sont à portée de téléphone ? Même les plus fins cliniciens ont tendance à se reposer sur l'imagerie, devenue tellement performante.… 


          Certes la télémédecine permettrait, si on souhaitait toutefois s'en servir  encore, les oreilles, les yeux, mais pas les mains… La statue dressée à la mémoire de la "clinique" par nos enseignants n'aura plus de bras…





         Ce qui n'empêchera pas le médecin d'avoir toujours lui même les siens liés par sa responsabilité…

         Et c'est dans cette marche manquant à l'escalier de la consultation que je vois se glisser le risque croissant de procédures…

          Par ailleurs on  dit que la télémédecine servira  à la surveillance de pathologies et de malades connus bien plus qu'à l'établissement de diagnostics. Elle est censée permettre la surveillance des patients isolés, des patients âgés, et réduire significativement nombre de coûteuses hospitalisations. Mais  se connecter au centre de soins nécessitera de savoir manipuler un ordinateur et savoir gérer les connexions à distance, autant que l'"oeil" de la caméra numérique portable. Donc indépendamment de l'écheveau technique, présence nécessaire d'un tiers compétent auprès de la personne âgée et malade, conditions qui ne me semblent pouvoir être remplies que par un soignant sur place, non béotien en informatique et techniques nouvelles, apte à entrer en communication avec l'"expert" à distance.

          Ne soyons pas passéistes, attendons de voir… La médecine générale s'oriente de plus en plus vers une médecine "de tri", et les compétences du généraliste servent de plus en plus à orienter les gens vers telle ou telle spécialité, que ce soit pour avis ou prise en charge ultérieure… Dans certains cas, je serais ravi effectivement d'avoir le "téléavis" du spécialiste, même en lui prêtant mes propres "mains" pour palper ou manipuler à sa place, sans négocier difficilement une consultation pour mon patient ou un bilan hospitalier…En passant de la consultation téléphonique donnée au conseil télévisuel reçu, peut-être pourrons nous même qui sait revendiquer un droit à rémunération pour cette tâche déjà depuis longtemps quotidienne et gratuite, où seule l'oreille est (mais tellement souvent) sollicitée…

dimanche 24 octobre 2010

Histoire de chasse

               La chasse n'a pas bonne réputation de nos jours. Tuer des animaux semble barbare à beaucoup de gens. Je n'ai moi même chassé que 2 saisons, quand j'étais encore étudiant, et devoir achever un perdreau blessé a eu raison de moi… Je réclame l'indulgence pour deux raisons, dans le village de mes grands parents, tout le monde chassait, c'était aussi banal que travailler la terre. Déjà fervent d'activités de nature, je connaissais souvent le gîte d'un lièvre ou les remises des compagnies de perdreaux, et rêvais de montrer quelques talents de pisteur. Mon oncle chassait mais mon père n'avait jamais voulu que je l'accompagne. Les jours où la chasse était ouverte, je n'avais même pas le droit de sortir, et devais ronger mon frein sans dépasser les palissades de notre cour…Quand j'eus l'occasion plus tard de me rendre souvent dans un autre village tout aussi "évidemment" chasseur, il m'avait fallu compenser ce manque, et faire ma propre expérience. Et puis, encore une fois, cette chasse "de village" comme on parlait de "rugby de village" représentait un lien social fort que ne devait négliger quiconque envisageait d'être adopté, en même temps un couple de perdreaux rôtis, un lièvre à la broche, un civet de lapin de garenne représentaient de réelles friandises que ne méprisaient pas des agriculteurs souvent modestes.
           Hier donc, à l'occasion d'une des probables dernières sorties cueillette de cette saison "cèpes" (comme j'en avais peur hélas des jours entiers de tramontane ont eu raison de la poussée) la vue d'un panneau  d'avertissement "chasse au grand gibier" m'a donné envie de ressortir une nouvelle sur le thème de la chasse, qui était si mes souvenirs sont exacts ma première tentative d'écriture, très (trop ?) classique de forme mais que je laisse en l'état…


jeudi 21 octobre 2010

Retraites

          Manifestations dans tout le pays ces temps-ci, la gravité du sujet n'excluant pas un peu d'humour, je donnerai une mention à ce slogan:




      En voyant ce que dit notre président, sans sourciller, il est en effet difficile de trouver cette déclaration à la (bonne) hauteur …

        Quant au fond du débat, vous trouverez ICI, et ensuite ICI une mise en scène d'après des arguments de Bernard Friot, sociologue, dont mes piètres qualités d'économiste ne me permettent pas de juger de la pertinence, mais qui ont le mérite de nous brosser les neurones et nous inciter à dépasser la rengaine habituelle "la durée de vie augmente, travailler plus longtemps est donc normal".


     

vendredi 15 octobre 2010

Clap/Basquiat

        Je ne connais pas l'origine du mot clap, ni s'il est spécifique d'une région (si vous en savez plus, n'hésitez pas !) En tout cas chez nous, quand ils sont plusieurs au même endroit, on parle d'un "clap" de cèpes, autant dire une merveille, de plus en plus rare, semble-t-il, eu la chance d'en trouver un hier (encore dans les Albères), qui mérite évidemment photo…




       Autre merveille qui n'a rien à voir, mais offrira certainement beaucoup à regarder, pour ceux qui pourront s'y rendre, une exposition prometteuse au Musée d'art moderne de Paris, des oeuvres de ce peintre hors normes qu'était Jean Michel Basquiat

mercredi 13 octobre 2010

I) Menu Idiot


Andouille ou Saucisson d'âne
*
Oie blanche
*
Nouilles aux truffes
*
Tarte aux noix ou Bêtises de Cambrai

NB: cruche de vin non comprise

dimanche 10 octobre 2010

Les Albères

       Probablement l'endroit de mes plus beaux souvenirs de cueillettes de cèpes… Une montagne qui a besoin de la douceur d'Octobre, du soleil, et des gros nuages, gonflés par les entrées maritimes, qui couvent sa hêtraie ( une des plus belle d'Europe,  maintenant par endroits saccagée par les séquences brutales de la nature, sécheresse excessive, tempêtes de vents, pluies brutales et torrentielles) pour révéler ses merveilles…
       Hier était un jour de brume dense, facile de se perdre, de franchir la crête de trop, se tromper de versant, s'engager dans un ravin… Il fallait rester en zones connues, par chance certaines me sont très familières… Mais ce n'était guère un temps à sortir l'appareil photo, allez, un petit exercice…


Simple, quand même, je vous ai mâché le travail… Allez, on s'approche



Au total, une fructueuse journée, avec quelques beaux exemplaires…que j'ai préféré ramasser plutôt que photographier, car les chercheurs étaient nombreux…



Hélas aujourd'hui c'est le déluge, donc pas de seconde journée, et demain, au boulot…mais si les pluies du Dimanche ne sont pas suivies de la maudite tramontane, la poussée actuelle pourrait bien faire date !


mercredi 6 octobre 2010

LOL

LOL pour qui ne serait pas familier d'internet, est l'abréviation anglaise pour "Lot Of Laugh" selon certains, de "Laughing Out Loud" selon d'autres , ce qu'on pourrait traduire par "mort de rire"…


Vive la Société Génér…(euse)…




       Apparemment, le ridicule ne tue ni les banques, ni les juristes. Il faut dire que ces derniers n'hésitaient déjà pas forcément à condamner un homme à 300 ans de prison…



        La phrase de l'année (du siècle ?) :

"Il n’est pas question d’aller réclamer de telles sommes à un homme seul. Nous sommes une banque responsable et qui n’a pas envie d’endetter un homme sur autant  d’années " 


 Bah… 4,9 milliards d'euros à rembourser, allez, en 60 ans, puisque vous allez bientôt travailler jusqu'à 70 …

vendredi 1 octobre 2010

Les bancs de la fac (11-15)



 11.

Elle lui plaît, cette chambre, à Samir.  Propre, avec un balconnet, l'ombre d'un mûrier platane, et la mer qui affleure l'horizon des toits.  Il y a même une KITCHENETTE, a dit la propriétaire.

- Alors comme çà vous êtes étudiant en médecine ?

- Oui madame, a dit poliment Samir . 

- Et vous êtes français ?

   Où était donc cette liste d'annonces, maintenant ?
 ( il aurait juré l'avoir mise dans la poche droite de sa veste )



12.

Valérie triple son année.
C'est une rousse fulgurante.  Minijupe,  bottes  de  cuir,  veste fourrée.
Assidue, elle arrive dans l'amphithéâtre précédée par son parfum, et suivie par son chien.
Tamtam est la mascotte de la promotion.  Les étudiants le titillent, l'embrassent, le renversent sur le dos, lui massent le ventre avec une tendresse excessive.
Leurs doigts nichés dans son pelage frissonnent au contact de cette peau de rousse qui les intimide.



13.

Celui-là, un gamin presque blond, aux yeux presque bleus :

Très sage, pense la logeuse, à décolorer ses yeux dans les livres !

- Quel est votre nom ?

- Ben m'Barek Abdellatif, madame

Oh ! Trouver quelquechose à dire...

- Euh!...Vous êtes de la région ?



14.

L'interne a de la prestance.  Le col de sa blouse immaculée, relevé en une fausse négligence, éparpille les boucles brunes de sa nuque.  Il fait la visite en l'absence du patron, suivi par un aéropage d'étudiants et d'élèves infirmières.  Deux ou trois familles piétinent leur inquiétude à la sortie du corridor des chambres.  Comme ce professeur est jeune ! doivent-elles penser.  Après d'ultimes recommandations à la surveillante, l'interne se dirige vers son bureau d'un pas las, l'air distraitement préoccupé.  Il ne regarde personne, mais sait que cette femme, sur la droite, sera la première à l'aborder.

- Excusez-moi, risque-t-elle en se dandinant, vous êtes bien l'infirmier du service ?

Et notre interne, là, par terre, comme un sac de linge.
C'était un interne au coeur fragile...



15.

Leçon d'anatomie.  Cérémonie initiatique.  Tous en blanc autour de l'autel de marbre.  Secte des fouilleurs de cadavres.

- C'est quand même autre chose que de tripoter sa boîte de Lego !

Signé Philippe, qui chuchote à voix haute.

- Ce mec est beau, mais il est vraiment con, remarque une petite boulotte.

Elle et sa voisine secouent leurs mèches d'un air dégoûté...

dimanche 26 septembre 2010

Gouttes de lumière

 Lieu: bassin de la Parcigoule (Vallespir)
 Date: 25/9/2010
 Accès: route forestière dite "du Miracle",  ensuite une bonne heure de grimpette
 Poussée de cèpes: hélas absente, mais ce n'est pas la fin du monde, vu la beauté du paysage, et puisque…



…selon une tradition allemande médiévale, il n'y aurait aucun arc-en-ciel durant les 40 années précédant la fin du monde. Pouvoir en admirer un reste donc encourageant!... 

dimanche 19 septembre 2010

H) Menu Hirsute


Crêtes de coq poilées
*
Cheveux d'ange ou épis de maïs
*
Gorgonne zola
*
Tignasse de chocolat fumant ou Barbe à papa

jeudi 16 septembre 2010

Pour 22€, le caddie est plein…

Cette " Chronique d'une consultation ordinaire" (je n'en connais pas l'auteur) est parue dans le journal "Le généraliste". Certes un peu caricaturale (mais vraiment à peine…), elle offre hélas un miroir assez net de notre exercice médical dans le contexte actuel … Je ne résiste pas au plaisir de vous la proposer…

lundi 13 septembre 2010

Mantet

C'est tellement beau… On y retourne… Commentaires inutiles, n'est ce pas ?










Bon, une exception, tout de même, ci-dessus un exemplaire rarissime de cèpe virtuose (Boletus Acrobate…)