Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

Bienvenue

Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

jeudi 24 décembre 2015

Chocolat de Noël

C'est un  extrait du film "Human" de Yann Arthus-Bertrand.

C'est un chocolat fin, une belle histoire.

Bonnes fêtes à vous.








mercredi 9 décembre 2015

Nazis come back (suite, hélas)




            Décidément bien  difficile de se détourner de l'actualité quand notre pays subit l'attaque terroriste la plus meurtrière en Europe depuis 30 ans, puis porte en tête un parti d'extrême droite avec un score là encore historique…

         Une des conséquences terribles et sans doute inévitable des monstruosités criminelles récentes est la crispation dûe à une peur légitime. Et la crispation, le repli, le raidissement, le fait de se braquer, viennent de très loin. Déjà quand nos parents commençaient à perdre pied devant nous galopins qui dépassions les bornes, les fessées, mises au coin, privations de desserts ou de sorties, punitions de toutes sortes trouvaient une nouvelle légitimité. Il fallait "serrer la vis", renforcer l'autorité, montrer de quel bois on se chauffait. Mater et punir, si ces attitudes avaient été critiquées, devenaient ou redevenaient des objectifs  admis, et vécus comme LA solution. Du même coup ceux qui prétendaient ne pas adhérer à "la manière forte" étaient taxés de démissionnaires, laxistes et ne récoltant que ce qu'ils méritaient.

           C'est un peu, à beaucoup plus grande échelle, ce qui se passe actuellement dans notre pays. L'état d'urgence, une nécessité dûe aux actes de terrorisme aveugle, devient pain béni pour ceux qui se gaussent maintenant d'avoir préconisé depuis longtemps des mesures du même ordre qui du coup deviennent de la lucidité préventive. Bouleversée par les victimes innocentes de l'ultra violence d'un groupe, la population baisse sa garde et la tête et regarde ses pieds comme fait une classe réprimandée. Le côté "père fouettard" du FN fait du coup moins peur, et en tout cas beaucoup moins peur que le terrorisme, ses positions autoritaires, sectaires et d'exclusion deviennent perçues comme une posture "paternelle"très sévère mais plutôt juste. Je me souviens avoir assisté enfant à une conversation du temps du général De Gaulle entre deux personnes dont l'une estimait que De Gaulle était un dictateur ayant pris le pouvoir par un coup d'état, ce à quoi son interlocuteur avait rétorqué qu'après tout il valait mieux un "dictateur propre" qu'une démocratie déliquescente…

        C'est sans doute l'état d'esprit de nos compatriotes qui  votent en ce moment FN. Beaucoup d'entre eux s'appauvrissent pendant que de grosses fortunes gonflent indéfiniment de façon jugée de plus en plus suspecte. Ce parti dont on oublie alors qu'il est "extrême" n'a que peu trempé dans les nombreuses  magouilles qui ont entâché les partis en charge du pouvoir depuis 40 ans. Il peut donc revendiquer une image relative de propreté. Reste le côté dictatorial, que  la  femme qui est à la  tête du parti (une femme,  dictateur, allons…) s'efforce d'adoucir en utilisant son père comme poubelle à idées nazies nauséabondes, comme repoussoir, au point d'aller jusqu'à l'exclure pour insister sur sa différence.  Et si le  père avait eu longtemps un cache-oeil qui lui donnait l'air effrayant du capitaine Crochet, c'est maintenant la petite fille qui occupe autant que sa mère les écrans avec  sa rassurante blondeur et son visage angélique.

          Mais le sac à dos de ce parti reste bourré de lignes de conduite plus dangereuses que les cahiers raturés d'une démocratie qui cherche sans cesse son  équilibre. La récupération des 3 couleurs par l'emblème du parti permet la confusion des genres quand la population hisse ses petits drapeaux aux fenêtres en signe d'attachement à sa nation en danger.  Pourtant l'exclusion, le  racisme, les postures martiales et guerrières sont bien au chaud dans ce sac à dos, quel qu'en soit le porteur. Sans surcharger ce billet de nombreux liens accessibles à tous par une simple recherche google, je signale celui ci au sujet de la vision du  monde du FN. 

         Et pour avoir fait de la  médecine pendant de longues années, être attentif à ce que "le remède ne soit pas pire que le mal" était pour moi une préoccupation majeure, qu'on aurait tort dans le cas  présent d'oublier dans une fuite en avant dont l'Histoire montre des précédents catastrophiques.


samedi 21 novembre 2015

Nazis come back



          Comme vous l'avez constaté, ce blog n'est pas là pour prétendre jouer les intellos sur des questions politiques et de société, c'est un blog "récréatif."

             Néanmoins hélas après le drame des attentats qui endeuillent tant de familles, bien difficile de ne pas réfléchir et lire  autour de cet évènement épouvantable. Aussi vais je pointer deux éléments que vous connaissez peut être, mais pas forcément, et qui éclairent un peu les atrocités jusqu'au-boutistes de ces terroristes fanatiques: comment en effet trouver une logique à des fous furieux capables de rafaler une foule de jeunes écoutant de la musique jusqu'à épuisement de leurs chargeurs puis de se faire eux mêmes exploser ?

           • Nous avons affaire à des exécutants kamikazes, recrutés dans des milieux très divers, mais plus souvent défavorisés, non intégrés, et amenés "à petits pas"par des plus "initiés" dans un cheminement paranoïaque méticuleux prenant appui subtilement, individuellement,  sur les frustrations, échecs, humiliations, rancoeurs, révoltes les plus diverses, vécus par les "candidats", jusqu'à ce qu'ils puissent être utilisés à différents niveaux, au maximum  comme bombes humaines quand la radicalisation est une réussite totale. Dounia Bouzar  du centre de prévention des dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI) en parle très bien, dans une émission de France culture 

         La paranoïa croissante qui est nourrie est sous tendue, plus que par une religion musulmane la plupart du temps incomprise quand elle n'est pas juste ignorée, par des prophéties moyen-âgeuses millénaristes qui appellent au "nettoyage"du monde actuel et à l'émergence de l'apocalypse, genèse d'un autre monde qu'on pourrait assimiler au paradis, dans lequel les anciennes "victimes" du monde actuel deviennent des "élus", par le choix prétendu de Dieu. Accélérer l'arrivée de l'apocalypse par tous les moyens de créer du chaos et passer soi même dans cet autre monde pour y accueillir avec un peu d'avance les bons co-religionnaires procède alors de cette logique délirante.

         Sur ce millénarisme de Daech, voir ce lien.

        • Mais derrière les exécutants kamikazes, existent comme toujours les donneurs d'ordre. Et on s'aperçoit que la cruauté sanguinaire de Daech est, là aussi plus rigoureusement qu'on n'imagine, pensée dans une stratégie mûrement élaborée. Cette stratégie prendrait sa source dans un livre probablement collectif mais attribué à un certain Abou Bakr Naji , livre nommé avec à propos "administration de la sauvagerie"ou encore "gestion de la barbarie" Quelques extraits de ce livre dans les liens qui suivent permettent à la fois  de comprendre pourquoi les évènements récents s'inscrivent en droite ligne d'une stratégie à échelle mondiale après les décapitations/viols/tortures mis en scène et les saccages de sites historiques, pourquoi Daech tente absolument de s'ancrer au sol dans un "état islamique"représentant un nouveau califat, et pourquoi la peste Daech est un peu différente du choléra Al Qaïda. On comprend aussi que tous les musulmans qui ne soutiennent pas ouvertement Daech soient leurs ennemis au même titre que les "croisés" ou les juifs.


  lien 2


           Ce mélange d'utilisation de la modernité parfois la plus pointue en matière économique, financière, informatique etc... et d'une idéologie sous jacente absolument obscurantiste et parfaitement moyen âgeuse dresse le portrait d'une horde de Huns illuminés sachant manier les gadgets de James Bond. On ne peut que souhaiter que les pays civilisés cessent leurs doubles jeux et leurs conflits d'intérêt, remettent en question leur aveuglement devant les laissés pour compte de leurs sociétés, et débarrassent l'histoire de ce monstre sanglant.


jeudi 19 novembre 2015

Les plaisirs simples (4)





          Quelques jours avant la boucherie terroriste à Paris, nos forces de l'ordre étaient ici engagées dans des tâches autrement moins dangereuses, mais il faut croire tout aussi importantes, à savoir empêcher les pêcheurs à la ligne de concurrencer avec 2 ou 3 vers les filets des pêcheurs professionnels.

          Pour tenter d'initier mon petit Raphaël à la pêche, il me fallait trouver un endroit où les chances étaient un peu plus grandes de  toucher un poisson, sinon l'intérêt allait retomber dans les 10 minutes, j'avais donc choisi le  bassin  de sortie de l'étang du Barcares où les dorades qui tenteraient comme à leur habitude de rejoindre la mer en cette saison allaient buter contre le  barrage mis en place par lesdits professionnels et tourneraient en rond dans le bassin au lieu de simplement faire un passage lors de leur migration automnale. 

        Nous nous étions mis prudemment à 150m dudit barrage (lequel est une ineptie du point de vue écologique d'ailleurs) selon  ce que je pensais être la loi. En fait Mr et Mme Gendarme sont venus nous signifier (gentiment) que nous étions toujours en zone interdite d'après les plus récentes dispositions, même s'ils ne savaient pas exactement où l'interdiction cessait…. 
       Je comptais sur leur indulgence compte tenu de la présence d'un petit fils de 6 ans. Toutefois celui ci, déjà frimeur, répondit à Mr Gendarme que, oui, il allait souvent pêcher avec papi et que,  oui, on prenait souvent des poissons… Tsssss. J'en ai donc déduit lorsque Mme Gendarme a quand même relevé mes coordonnées à titre d'avertissement, qu'il serait bien capable si je déclinais une fausse identité de déclarer en riant et très fier de lui "Mais pourquoi tu donnes ce nom, c'est pas ton nom Papi !! "

        Je me suis donc piteusement résolu à décliner ma véritable identité, moi qui venais d'offrir à Raphaël sa première expérience de délinquant ! Nous avons rangé la ligne,  en laissant le  plomb  et l'hameçon accrochés dans une touffe d'algue pour  faire bonne mesure, et nous sommes repliés sur un endroit permis où évidemment la bredouille nous attendait…

          Les quelques poissons photographiés ci-dessus (et tous à la maille Mr Gendarme) n'ont pas été pris avec Raph,  hélas, mais un autre jour où j'étais seul, ailleurs, car cette petite aventure m'aura au moins fait explorer d'autres zones de l'étang, plus tranquilles et pas forcément moins poissonneuses… Plaisirs simples dites vous ? Pas sûr, même si le mot "sûr" semble  perdre son sens, il y a encore assez peu de  risques ici  de se faire canarder…et Raphaël s'il s'ennuye, peut même y faire du vélo ! 




Tu as eu peur, Raphaël,  en voyant les gendarmes ?

-   Ben non, on n'était pas en voiture, alors…

lundi 2 novembre 2015

Black is beautitul (of course)



Haka coucou

            Finie, terminée en apothéose cette coupe du monde, avec un match superbe, une finale avec 5 essais. Le premier, de Milner Skudder, était de toute beauté avec circulation de balle impeccable entre avants et arrières, des gestes rapides et millimétrés dont le spectateur est friand. Plus encore que la course impressionnante de Nonu sur le second, c'est la magnifique passe de handball de Sonny Bill Williams en déséquilibre total qui ensuite retiendra son attention. Très belle réaction australienne avec là aussi deux essais superbes, puis le drop wilkinsonien de Carter à l'instant même où les kangourous se remettaient à croire en leurs chances… Un régal…

           Victoire attendue d'une équipe clairement au dessus du lot, faite de joueurs qui ont appris à se faire des passes en même temps qu'ils apprenaient à marcher, dans un pays imprégné de rugby de 5 à 95 ans, lequel pays possède pourtant moitié moins de licenciés que la France. Le rugby y est une culture, c'est un lieu commun de le rappeler.

        Une stat m'a surpris récemment, qui dit le rugby maintenant plus populaire dans notre pays que le football, et pas seulement dans ses bastions traditionnels au Sud de la Loire. Un élément positif pour recréer une EDF compétitive après la correction reçue face aux vainqueurs ? Le chantier est lourd, les intérêts divergents, les lobbies sournois dans un monde au moins aussi "politique" que le reste de la société. Guy Noves a pris la barre et le pays attend de lui des miracles. Dans sa première apparition sur Antenne 2 comme sélectionneur, il a pris la précaution de se situer en homme de terrain, et de préciser qu'il fera ce qu'il peut dans le cadre où on lui permettra de s'exprimer. Mais s'il est connu pour son amour du "beau jeu" et pour ses talents de formateur, on sait aussi qu'il est loin d'être un politicien naïf, et sa manière de ne critiquer personne et de ne rien dévoiler pour l'instant de ses projets montre qu'il n'est pas maladroit pour manier la langue de bois. 

        N'empêche, il pourra difficilement faire plus mal que son prédecesseur obsédé par la mêlée et la force physique, et on voit mal Noves se contenter de lignes arrières incapables de négocier des ballons d'attaque. Le "french flair" pendant cette coupe du monde, on l'a vu parfois au Japon, parfois en Australie, parfois en Argentine, et bien sûr en Nouvelle Zélande. Si Guy Noves arrive à le rapatrier, il lui sera de toute façon beaucoup pardonné.

      Ci joint, un remarquable entretien avec André Boniface qui à son époque ratait de temps en temps des matchs, mais si souvent nous enchantait.


mardi 13 octobre 2015

Coupe du monde: que retenir après les poules ?





•   …  Que le coq n'a pas de quoi faire le fier (bon, ok, je sors…)

•     Que les "petites équipes" sont en progrès, sans avoir encore un effectif leur permettant de rivaliser sur un match entier. Mais la  victoire du Japon  sur les tracteurs sud af était superbe, ces derniers avaient manifestement la grosse tête en plus de leurs gros  bras. Un pack qui tient la  route, des lignes arrières vives, adroites et non stéréotypées, quel match plaisant.

     Tout comme était plaisante la solidarité de tous les instants de l'équipe georgienne.

     N'empêche à la  sortie on retrouve à peu près toujours les mêmes, l'Angleterre s'est pris les pieds dans le gazon, elle sera remplacée par l'Ecosse, un peu moins huppée sans qu'il y ait un monde d'écart.

   PSA se retrouve habillé pour l'hiver, après la défaite devant l'Irlande, dont le jeu très complet va augmenter la cote auprès des bookmakers.  Il a  l'habitude, de  toute façon être sélectionneur  en France fait de vous la tête de  turc obligatoire. Je suis curieux de savoir ce qui attend Noves après l'état de grâce que lui vaudra sa réputation toulousaine.

       Conjugués à tous les  modes, on aura droit à tous les gri-gris habituels pour conjurer le  sort: on est la bête noire des "tout noirs", sur un match on peut battre n'importe qui, etc…

       Personnellement ce qui me désole est l'indigence des lignes arrières, qui  donnent toujours  l'impression de vouloir  réciter une leçon en hésitant et/ou en ayant peur de se faire taper sur les doigts. Quand ils choisissent enfin une  option, le ballon est déjà perdu. Et je pense toujours que Lagisquet (dont on ne parle pas) qui les entraine avait la responsabilité des arrières de Biarritz quand le jeu de cette équipe est devenu prévisible et ennuyeux…

      Ah! ces rucks, j'ai beau scruter ces pelotes de bras qui enserrent le ballon dans leurs poutrelles, je n'arrive toujours pas à bien voir pourquoi ce  bras avait  raison tandis que cet autre était pénalisable… J'ai pourtant l'impression que l'excellence dans cet exercice du ruck sera la première qualité du futur champion.

     Mais si quelques éclairs, comme le deuxième essai superbe de l'ouvreur australien contre l'Angleterre, illuminent le jeu, le spectateur ne s'en plaindra pas.

samedi 5 septembre 2015

Visa pour ?





           Après cet été étouffant, ne comptez pas respirer un bol d'air frais en vous rendant au festival annuel du photojournalisme,  d'année en année plus reconnu dans le monde, toujours aussi exigeant en qualité par les yeux de l'équipe de Jean François Leroy et les mains des techniciens chargés des somptueux tirages papier qui habillent les murs de nos bâtiments historiques.

            Si les thèmes ne changent guère (conflits, exodes, épidémies, catastrophes naturelles, misère) un accent particulier est mis sur la détresse des migrants, la grande question toujours sans réponses satisfaisantes qui secoue actuellement l'Europe. Ces gens qui par milliers ne savent où se rendre, se "contentant" de fuir terrorisés leurs pays mis à feu et à sang par la sauvagerie et la cruauté sadique de crimes inimaginables souvent commis au nom d'un Dieu prétexte.

           Si une photo devait illustrer pour moi cette session 2015, mis à part bien sûr ce cliché terrible du petit syrien mort sur la plage, que l'actualité a glissé au moment de Visa comme un colis piégé, ce serait cette photo de Bülent Kiliç  où se lit toute la détresse du monde présent et à venir.

                         


         Tous les reportages ont comme d'habitude une valeur informative précieuse. M'ont marqué tout particulièrement:

- celui de Daniel Berehulak  sur l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'ouest, comme un retour vers les grandes pandémies de peste du Moyen Age

- celui de Pascal Maitre  sur le fleuve Congo, monstre nourricier et Minotaure de l'Afrique

- celui d'Alfred Yaghobzadeh  sur ces femmes yézidies devenues combattantes pour tenter d'échapper au martyre que leur font vivre les brutes sanguinaires de Daech.

          Amusant et triste aussi ce petit trajet à l'intérieur d'Hara Kiri, l'ancêtre de Charlie Hebdo décimé par les sauvages, qui éclairait de son  humour ravageur nos années d'étudiants (Arnaud Baumann et Xavier Lambours), émouvants les clichés de Nancy Borowicz qui rend hommage à ses parents soignés ensemble pour un cancer et décédés à un an d'intervalle.

         Pour respirer un peu, vous pouvez voir le superbe voyage que propose Juan Manuel Castro Prieto à travers le Pérou, et le surprenant reportage de Stephanie Sinclair sur les Kumaris, poupées sacrées et choyées passant hélas leur enfance dans une bonbonnière saturée de protocoles rigides, petites déesses vivantes du Nepal… 



jeudi 30 juillet 2015

Sur le pont…



… d'Avignon, on y danse peut être encore, mais tard dans la nuit alors, ou au lever du jour, vu la chaleur écrasante cette année. L'absence hélas définitive de notre amie H, la fournaise, des pré-choix perturbés par nombre de contraintes pour nos hôtes cette fois très occupés en ce mois de Juillet ont fait que nous n'étions pas franchement au taquet cette fois sur les spectacles, 1300 à voir par jour messieurs dames s'il vous plait...



              Nous avons même consacré une journée aux rencontres de la photographie d'Arles, une bien jolie petite ville, que vous pouvez voir jusqu'au 20 septembre : vite fait, ne ratez pas notamment si vous vous y rendez:

Martin Gusinde: photographe anthropologue témoin privilégié de la vie des sociétés anciennes de la Terre de feu (les "indiens" de cette région où il était missionnaire dans les années 20)

- Une exposition étonnante de huit photographes japonais.

- Un reportage sur les paradis fiscaux qui déconstruit les images "sable et cocotiers"et fait ressortir l'invraisemblable puissance de ces monstrueuses richesses "offshore" et occultes.

- Une rétrospective, pour les spécialistes, du travail de Stephen Shore, qui ne  m'a pas ébloui personnellement, mais ce photographe aurait influencé plusieurs générations de ses collègues (d'où le "pour les initiés").

              Pour revenir au théâtre, vous pourrez peut être voir entre autres, comme nous avec plaisir,  en d'autres lieux:

 - "Amok" récit halluciné d'une folle passion d'après le texte magnifique de Stefan Sweig, mise en scène Caroline Darnay, parfaitement porté par Alexis Moncorgé qui n'est autre que le petit fils de Gabin.




- "Cuando vuelva a  casa voy a ser otro" de Mariano Pensotti (spectacle IN): un thème très intéressant de va et vient entre passé et présent, à partir d'une histoire vraie d'objets personnels retrouvés 40 ans après, souvent révolus mais pourtant porteurs de mythes familiaux ou personnels continuant d'influencer longtemps après l'individu. L'ensemble est un peu brouillon et pas toujours simple à suivre, mais reste digne d'intérêt.

- deux pièces d'Alexis Michalik : - "Le cercle des illusionnistes" retraçant le fil  menant de Houdin  à Melies .
                                                     - "Le porteur d'histoire''  un récit à tiroirs, une promenade entre réel et imaginaire où on demande au spectateur de se laisser aller à accepter de mélanger les deux.

- "Les deux frères et les lions"de Hédi de Tillette de Clermont-Tonnerre (j'adore ce genre de patronyme !)  ou comment deux petits voyous "cockney" deviennent milliardaires et finissent par faire abolir pour de mauvaises raisons le féodal droit normand  en vigueur sur une île dont ils se sont rendus propriétaires.



- "Ensemble" de et par Fabio Marra avec notamment Catherine Arditi, histoire pudique et parfaitement réaliste des ambiguités d'une relation fusionnelle entre une mère et son fils handicapé et des conséquences sur le cercle familial. Une situation rencontrée plusieurs fois dans l'exercice de mon métier que j'ai trouvée rendue à la perfection.



A l'année prochaine !


samedi 27 juin 2015

Mea culpa




           Signer une pétition hâtivement ne devrait plus être une erreur qu'on commet à mon âge, et qui plus est quand on est "dans la partie". C'est bien pourtant ce que j'ai fait il y a quelques jours, en me faisant piéger par celle que proposait le professeur Henri Joyeux.
         
         J'aurais beau jeu de prétendre avoir été influencé par le fait que ce chirurgien et cancérologue avait été mon professeur à la faculté, à qui j'avais eu l'occasion de "passer les instruments" en étant étudiant en stage au bloc opératoire lors de quelques interventions marathons qu'il réalisait avec un talent certain (ex: lobectomies du foie). J'avais eu l'occasion pourtant de déjà me méfier de ses théories sur le cancer qui à peu près toutes sont centrées sur l'alimentation, thème certes très porteur et probablement rémunérateur, mais non à ce point prioritaire, qui lui a permis de signer nombre de livres sur le sujet avec un côté systématique assez douteux. 

           J'ai réagi aussi de façon épidermique car depuis quelques années quand j'étais encore en activité, je déplorais effectivement à maintes reprises de prescrire un vaccin simplissime nommé DT polio, et de de voir revenir les patients pour cause de rupture de stock à répétition avec un vaccin plus sophistiqué et bien sûr beaucoup plus cher. Le lien menant à la signature de la pétition était simplement intitulé "Vaccin DT Polio, l'appel urgent": l'appât était en place.

           Mais bien sûr j'aurais dû être bien plus attentif aux arguments fallacieux qui suivaient au lieu de me contenter en les survolant d'un "ouais, bon, c'est pas encore fini ces histoires" quand l'éminent professeur remettait sur le tapis l'histoire de la sclérose en plaque et du vaccin contre l'hépatite B (dont je rappelle qu'aucun lien n'a été prouvé) ou celle de l'aluminium dans les vaccins responsable de (presque) tous les maux dans des attaques bien mal étayées.

           La substitution d'un vaccin par d'autres m'ayant souvent révolté, surtout pour des raisons économiques, j'ai cru que cette pétition me donnait l'occasion d'exprimer à postériori mon mécontentement, sans voir que j'étais manipulé pour grossir les rangs des "anti-vaccins", ce que mon parcours me conduit à refuser farouchement. Même si sporadiquement un vaccin peut avoir des effets délétères, en comparant avec les bénéfices il n'y a pas photo. Je me suis rendu compte de la dérive en voyant le "buzz" provoqué sur Internet, et en recevant ensuite à maintes reprises des mails non sollicités de "l'institut de médecine naturelle"du même H Joyeux.


        De nombreuses réactions mesurées et argumentées m'ont depuis prouvé que j'avais été "récupéré"pour un objectif sans doute moins noble que ma naïveté avait laissé dans l'ombre. J'ai beaucoup apprécié en particulier celle ci, du Dr Pillot, pédiatre, que je propose ensuite à qui veut la lire.

dimanche 14 juin 2015

Caramba, encore raté…



         Je n'ai pas d'explication rationnelle à l'avalanche d'échecs en finale que subit Clermont depuis des lustres. Dans les années 2000, il y avait à l'évidence un problème d'intelligence de jeu, qui semblait pourtant avoir disparu.

         Un match cadenassé cette fois, avec comme de plus en plus souvent prédominance de défenses féroces sur les attaques. Pas le moindre essai à déguster.

        Les absences de Cudmore, la poutre de soutien du pack, de Bonnaire, si adroit et intelligent, de Fofana, Davies, Nakaitaci à l'arrière ont quand même sans doute amputé le rendement de l'équipe. Bardy une fois de plus a coûté un carton jaune. Lopez n'a décidément pas une vision du jeu lui donnant l'envergure d'un patron de l'attaque à mon avis. Nalaga et Rougerie m'ont semblé l'ombre des grands joueurs qu'ils étaient. Stanley et Abendanon ont fait de leur mieux mais étaient attendus de pied ferme. Domingo et Zirakashvili, piliers pourtant expérimentés et redoutés, ont peiné comme des forçats. En face le Stade français, calme et déterminé, semblait décidé à laisser les jaunes s'enferrer dans des attaques un peu brouillonnes pour placer des contres en réussissant souvent à arracher le ballon ou en obtenant des pénaliés. L'équipe est arrivée au top de sa forme et de son organisation au moment des phases finales, comme savait si bien le faire Toulouse certaines fois.



        Clermont maudit, looser, chat noir, les moqueries à peine voilées vont fuser de toutes parts.  Les plus gentils parmi les amateurs de rugby s'apitoieront sur le sort qui s'acharne sur des jaunes tellement "méritants". En tout cas ce double échec de 2015 laissera cette fois  je le crains une blessure profonde dans le mental d'une équipe qui comme bien d'autres devra de plus renouveler ses cadres.









vendredi 22 mai 2015

Le nez en l'air




            Quelques jours sympas entre Dubrovnik (Croatie) et Kotor (Montenegro). Beau temps, ambiance méditerranéenne, un peu différente de la notre, avec des rappels de l'Esterel, de l'Italie, de la Grèce ou des lacs italiens.

Dubrovnik depuis les hauteurs


Vieille ville de Dubrovnik: artère principale

Dubrovnik: le fort





Cavtat au Sud




            Des villes fortifiées, une histoire embrouillée, les Balkans ne sont pas simples à comprendre. Les bouches de Kotor forment un "fjord" impressionnant avec ses falaises plongeant dans la mer. Ne pas penser aux tremblements de terre dans ce type de décor…Des sites probablement saturés de monde en été, la période choisie nous a évité la grande foule. Quelques photos suivent.

Baie de Kotor depuis notre location
Les remparts dans la  montagne




Perast

Un caillou sort de l'eau, et hop, une chapelle s'y construit…

              Les gens sont en général accueillants, bien disposés, c'est à peine le début de la saison touristique. Hormis les monuments historiques, l'architecture est un peu décevante. Une impression de sécurité se dégage, appréciable actuellement. Ma quête de "risotto noir"à l'encre de seiche, spécialité locale, ne m'a pas laissé d'impérissable souvenir. Calamars grillés toujours bien réussis, mais pas moyen d'éviter l'accompagnement certes correct mais systématique par des blettes et pommes de terre... Petits vins fruités, un peu moins lourds en alcool que chez nous. Quelques fraises et cerises parfumées…En résumé, ce qu'il faut pour une escapade de printemps réussie.







dimanche 3 mai 2015

Rocco et ses frères

Triple champion d'Europe !

           Le président de Toulon avait osé la référence à un acteur spécialisé en évoquant la "libido" de l'équipe de l'ASM, soit son "désir" de gagner enfin un grand titre: "Clermont Siffredi nous attend" s'était-il permis en exprimant des craintes. 

           En fait c'est une fois de plus Clermont Poulidor qui s'est manifesté.

             Quand on voit la passe au pied stupide de Camille Lopez sur l'aile à la dernière seconde rendant définitivement le ballon à l'opposant, alors que la ligne d'attaque était encore bien formée, on peut regretter que Brocke James, ouvreur particulièrement subtil, auteur de matches de classe aux tours précédents, ait dû encore déclarer forfait.

           Mais c'est bien dans l'engagement, la densité physique impressionnante dans les rucks et contre rucks que Toulon a construit sa victoire. Et le nombre de plaquages ratés par les clermontois reste très étonnant. L'essai de mutant de Drew Mitchell échappant à six adversaires en est une illustration, qui répondait à un pourtant bijou d'intelligence d'Abendanon mettant dans le vent la défense toulonnaise d'un simple petit coup de pied par dessus.

          Deux très grosses équipes s'affrontaient. Nombre d'internationaux toulonnais vont être atteints par les limites de l'âge, mais vont rester dans l'histoire du rugby avec ce triplé fantastique. Le moins qu'on puisse reconnaitre est que l'amalgame de stars des 4 coins du monde a été particulièrement réussi. 

        Savoir si le rugby français en tirera profit est une autre histoire, perso j'en doute encore un peu, mais c'est comme avec Rocco, il vaut mieux se taire que passer pour un jaloux…

lundi 27 avril 2015

L'ego timide de la morille


            
                  Que les morilles n'aient pas un "ego surdimensionné"(une belle expression récemment acquise, lol)  et ne montrent aucune tendance à l'exhibitionnisme, tout chercheur de champignons le sait, qui doit aiguiser ses yeux plus que ses mollets pour les découvrir dans des zones broussailleuses où leur tendance au camouflage se manifeste volontiers sous les fatras de feuilles et les buissons.



                      Un peu plus ennuyeux est quand les poussées elles-mêmes sont timides, comme cette année, alors que vous avez réussi à réserver un gîte communal en essayant d'avoir le bon timing. Cinq jours entiers pour explorer, élargir vos zones de recherche, au lieu de vous précipiter en quelques heures sur les places que vous connaissez depuis longtemps en espérant que d'autres ne les aient pas ratissées avant vous. Mais quand ces dames sortent au compte gouttes, même sur vos meilleurs coins, vous ne savez pas en explorant plus loin si la zone n'est pas favorable ou bien si ce n'est tout simplement pas une bonne année.


                             Car ne vous y trompez pas, on peut vous donner le nom d'un village ou même d'un bois,  et même si la période semble idéale, ce ne sera jamais l'assurance que vous allez faire cueillette. A moins d'être un vrai spécialiste des sols et des arbres, difficile d'expliquer pourquoi les poupées pointent leur nez sur ces 50 m2 là et non sur le reste d'un hectare de forêt apparemment semblable en tous points au berceau qu'elles ont choisi. 


                           Mais pas de découragement, ce caractère réservé mais facétieux des morilles peut à l'inverse réserver des surprises de dernière minute. Ainsi mon dernier jour m'a-t-il gratifié d'un cadeau inattendu. Après avoir sillonné en tous sens une pente boisée en pure perte, je repère une morille isolée comme l'ont toujours été cette année celles que j'ai dénichées. Mais cette fois cette sentinelle dressée (un peu comme font les marmottes…) veillait sur sa  troupe d'une dizaine de copines d'un bon calibre disséminées sous les feuilles et branches d'aubépine à l'ombre squelettique d'un arbre mort sur pied.


                       Ironie comme souvent, ce "clap"inespéré siégeait dans une zone que je ne pensais même plus à sonder tellement elle était proche du village. Alors que j'avais pris la peine de faire quelques clichés d'exemplaires si rares que je prenais de temps en temps quelques minutes pour sortir l'appareil, mon couteau a grillé la politesse à l'objectif, trop heureux de recueillir ce petit trésor. 

                    Le clap a moins d'allure sur une assiette, mais la photo c'est le prix à payer pour pouvoir frimer un peu, quoi, enfin au moins redimensionner timidement un ego qui faisait profil bas…


PS: (pour petit Raphaël, que les copains du blog connaissent)

On rencontre aussi des animaux préhistoriques étranges dans la nature, c'est pourquoi j'espère que dès l'an prochain tu voudras venir avec moi. Le spécialiste que tu es saura-t-il reconnaitre celui-ci ?












mardi 7 avril 2015

L'apprentissage du crime




         Ecouter ou lire les actualités exige de plus en plus une résistance mentale à toute épreuve: ici on abat 150 étudiants après leur avoir demandé d'annoncer leur mort imminente à leurs parents, là on filme des enfants en train de décapiter des otages, un peu plus loin on vend des femmes esclaves par paquets de 20, ailleurs un jeune homme choisit le suicide en avion pour être accompagné dans la mort par 150 passagers, il n'y a plus de limites à l'abominable…    

       Dans le même temps, nos enfants voient leurs parents de plus en plus sensibles à l'écologie, et des enseignants de primaire qui montrent du doigt la chasse quand ce n'est pas la pêche. Il m'arrive du coup de trouver cette tendance excessivement bisounours.

          J'ai parlé dans un ou deux billets de mon petit Raphaël de 6 ans, que je vais bientôt initier à la pêche si toutefois la tramontane accepte enfin de se mettre en veilleuse. Je me demande encore comment je vais gérer la capture éventuelle d'un poisson. 

        Il ne voudra pas qu'on tue notre prise, j'en suis presque sûr, et si je ne prends pas la peine de m'expliquer,  il y a de grandes chances qu'il pleure si on la relâche. J'imagine que la meilleure conclusion pour lui serait qu'on la garde dans un bocal pour la rapporter chez lui. A bien analyser cet "amour" des animaux, incluant les êtres aquatiques, on peut s'apercevoir qu'il n'intègre déjà pas forcément la notion de liberté.

        Pour admettre la cruauté de proposer la captivité à un être libre, même quand on envisage (ce qui n'est probablement même pas encore son cas) d'aménager cette captivité avec tout le confort possible,  son cerveau d'enfant aura sans doute besoin de longues justifcations, ou bien se résoudra à la prendre en compte après quelques expériences ratées devenues culpabilisantes (le poisson, ventre en l'air dans son bocal, dès le lendemain).

         La liberté, l'indépendance, la différence, vécues comme des éléments de supériorité intolérables, annonces de victoires à venir sur le gêolier "amoureux", ces errements germent-ils dans nos têtes dès le plus jeune âge ?... Mes souvenirs d'enfance font remonter à la surface des sentiments de frustration ressentis face aux petits animaux "sauvages": ce lièvre aussi doux qu'une peluche qui détale quand on rêve de le caresser, cet oiseau si "mignon" qui gazouille cordialement mais s'enfuit au moindre geste, ce corbeau qui nous nargue de son croassement lugubre qu'on voudrait faire cesser, cette truite constellée de points d'or qui file sous une pierre comme une flèche à la plus petite ombre projetée… "Obliger" cet animal libre à nous faire allégeance, à se soumettre et/ou à nous aimer… Tu restes là, avec moi, pour toujours, arrête de me défier, décrètent alors la cartouche ou l'hameçon…Quand la gourmandise se met de la partie, comme dans cette nouvelle, la situation se complique encore…

mercredi 4 mars 2015

Pavés (suite)

Tableau de Carel Fabritius, 1654



             Impression mitigée après lecture de l'énorme ouvrage de Donna Tartt Le chardonneret. Je suis allé au bout des  1100 pages de l'édition "pocket", ce qui signifie que l'intérêt a persisté tout au long de ce voyage au long cours. L'expression n'est pas vaine quand on sait que cette petite femme de 50 ans a mis 10 ans pour l'écrire, durée à peu près équivalente au temps mis pour composer ses 2 précédents romans (Le maitre de illusions et Le petit copain). Le premier livre l'avait d'emblée rendue sinon célèbre du moins connue, mais Le chardonneret a décroché le  jackpot du prix Pulitzer en 2014.

                Alors pourquoi mitigée ? Bien des choses sont réussies et parfois admirables dans ce livre. 

               Le sujet est original, un jeune ado de 13 ans est victime avec sa mère divorcée d'une explosion qui détruit en partie le musée Metropolitan de New York. Sa mère y perd la vie et lui s'en sort en emportant sur la demande d'un vieil antiquaire lui aussi victime (touché à mort) un petit tableau, une des rares merveilles conservées d'un maitre hollandais du XVIIè,  Carel Fabritius , ± élève de Rembrandt et inspirateur de Vermeer. Entre l'âge de 13 ans et l'âge de 27 ans, il fera tout pour garder cette oeuvre secrète, qui l'obsède, rappelle sa mère adorée, mais fait aussi de lui un voleur lourdement condamnable, dans sa vie cahotique qui le conduit dans une famille d'accueil de la grande bourgeoisie de Manhattan, puis chez son  père alcoolique ± repenti à Las Vegas quand celui-ci finit par se manifester, puis retour à New York à la mort du père, où il retrouve Hobie l'associé du vieil  homme décédé dans le premier drame du musée, grâce à une bague confiée juste avant de mourir, et ce restaurateur de meubles et d'oeuvres d'art deviendra une sorte de père respectable de substitution. 

             La charge  symbolique du tableau (un petit oiseau, une patte liée à son perchoir, donc prisonnier, fait front et vous fixe) est le fil rouge de l'histoire d'un  passage à l'âge adulte, depuis la candeur  enfantine jusqu'aux noirceurs adultes, en conservant cahin caha une âme d'enfant.

                Des liens  particuliers se tissent à ces différentes étapes, les plus importants étant celui avec Boris à Las Vegas, une sorte d'Huckleberry Finn d'origine slave, à la fois candide, sans scrupules et sans peur, et celui avec Pippa, une fille rousse qui accompagnait le vieil homme victime de l'attentat (ou pas ? ce n'est pas le propos) au musée, dont il est tombé amoureux au premier regard, qu'il retrouve chez Hobie, et pour qui il gardera un amour platonique non partagé digne des Hauts de Hurlevent. Moins signifiants mais réels, les liens conservés avec les Barbour, sa famille d'accueil de la haute bourgeoisie New Yorkaise, parents d'un premier ami d'école; il va même se marier vers la fin  avec une  des soeurs sans amour des 2 côtés, en caricature douce des mariages intéressés de la haute société.

                Les références à la littérature sont multiples et ambitieuses (de Dostoïevski à Dickens, ou à Truman Capote, etc…), les milieux sociaux sont décortiqués dans les plus petits détails, comme les réflexions sur  l'art, les effets des  drogues (très présentes et bizarrement familières au héros, presque une routine), le monde tortueux des restaurateurs d'art, sont passés au crible, Amsterdam interlope, Manhattan grand bourgeois, Las Vegas gigantesque artifice sont sondées de façon incisive et l'écriture est parfaitement fluide même dans une effarante complexité de miniaturiste.

               Alors quoi, donc ? Eh bien malgré cette impressionnante écriture proustienne, sans pour moi l'ennui que génère celui ci (pardon, monsieur Marcel…), un truc cloche quand  on arrive à prendre un peu de recul pour s'asseoir un peu sur la berge de cette Amazone de mots. Quand on est dans le courant, on ne s'en aperçoit même pas, on se  laisse emporter. Si on arrive à se poser, on trouve que la faille est curieusement d'ordre émotionnel. Hormis l'extraordinaire scène de l'explosion, beaucoup de sentiments transmis ont quelquechose d'artificiel, malgré des précisions qui seraient pain béni pour un  cinéaste (arrière pensée de l'auteure ?). Quand le héros souffre, et c'est terriblement souvent, on ne souffre pas avec lui, en fait, quand il se drogue, ses éléphants roses semblent autant de clichés (certes, je ne me suis jamais défoncé), quand il est amoureux transi, on ne le "sent" pas bien (et certes, cette fois, j'ai déjà été amoureux transi). Et puis, on le suit entre 13 et 27 ans, âge bourgeonnant s'il en est, et quasiment rien question sexe, ou alors des allusions à peine dessinées, au point qu'on se demande pour le coup (honte à moi !) ce qu'il en est de l'auteure (50 ans, et célibataire je crois) de ce point de vue. La réalité des émotions perçues, pour fouillées, développées, ciselées, qu'elles soient, n'est pas souvent parvenue jusqu'à moi.

           Donna Tartt dans une interview prétend qu'elle se souvient exactement de chaque mot de cet énorme livre. Cela irait jusqu'à m'inquiéter, si je devais la rencontrer… Malgré l'évident respect que j'ai pour ce travail de titan, et encore une fois l'intérêt de ce roman touffu mâtiné de thriller (surtout la dernière partie, là encore un peu cliché), je garde la réserve que j'ai souvent devant les films américains, images et mise en scène superbes, mais sentiments souvent plaqués, fabriqués, pas toujours crédibles ou bien convenus.

           PS: je ne signale pas sur ce blog toutes mes lectures, un mot pourtant à propos d'un autre livre lu récemment,  Le problème Spinoza, mine de rien un élégant cours vulgarisateur de philosophie et de psychanalyse par Irvin Yalom: un haut dignitaire nazi au nom juif (Rosenberg), théoricien antisémite  de la solution finale, est curieusement fasciné par le philosophe juif "excommunié" en son temps par sa communauté à Amsterdam. Etonnant, non ? Etonnant, je ne sais pas, Yalom avance quelques explications, mais passionnant, ça oui.