Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

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Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

samedi 30 novembre 2013

Impair et passe



         Pour ou contre la pénalisation des clients de prostituées ? Encore une occasion de marcher sur des oeufs en espérant éviter l'omelette…

         Bon, Marcel repère une accorte demoiselle qui semble avoir une raison précise de se geler dans ses escarpins au coin de la rue. Il l'aborde et ils partent ensemble. Un policier les suit, les attend. On ne la lui  fait pas, le chef de la police d'Oslo explique que c'est très facile d'être contractuel pour les PV sexuels.  Donc il dresse une contravention à Marcel qui ressort d'un appartement où la demoiselle, Eva, se rhabille. Marcel n'a pas su prouver qu'il venait juste réparer la chaudière. Marcel a commis un impair, et rentre chez lui en se demandant comment il pourra payer cette passe exorbitante en ces temps de crise, l'équivalent d'un salaire mensuel de professeur certifié stagiaire.

         Eva devra chercher une autre adresse pour exercer, ou tenter de soudoyer le policier pour éviter que ce genre de mésaventure, très mauvaise pour son commerce, ne se reproduise. Si ça devient trop compliqué, elle va fermer boutique, et postuler pour un emploi au supermarché local… Nan, j'rigole, elle va faire quoi, Eva ? Ben, j'sais pas, faut demander à son mac. Parce qu'elle a un mac, Eva ? Enfin, je veux dire, elle doit être et, si elle n'y est pas, va devoir être dans un réseau, quoi, elles seront une vingtaine, dans le même cas, et le chef du réseau, on le situe pas, il est même pas dans le pays, et la clandestinité, lui connait bien  par contre, pour lui et pour elles, donc c'est pas un problème, qu'Eva soit clandestine ou pas, du moment qu'elle bosse bien, hein…Les macs c'est bien pour protéger les filles, non ? Il va lui dire tu restes là, chérie, j'ai un gros carnet de contacts, et je vais mettre des annonces sur internet avec différentes couvertures (en qqs semaines les michetons seront au courant des intermédiaires à contacter) tu n'as rien d'autre à faire qu'attendre que untel (et seulement lui) te contacte pour les rendez vous, maintenant tu s'occupes de rien, je s'occupe de tout…

       Bon, Marcel lui a été échaudé, il cherchait juste une consolante et de la chaleur par ce temps d'hiver, et maintenant au lieu de changer comme prévu le canapé du salon, va devoir payer 1500 euros, on peut payer en 3 fois comme chez Conforama monsieur l'agent ? Ouais, il va laisser tomber, Marcel, c'est trop cher, toute façon, il est pas accroc, les sites pornos ça suffit largement et c'est gratuit le "in vitro", d'ailleurs les types qui ont les femmes "in vivo" dans les films, ils finissent l'épisode manuellement aussi la plupart du temps, alors…

         De temps en temps, Marcel est vraiment un adepte, dans ce cas il va se débrouiller, son carnet de contacts à lui n'est pas mal non plus, en peu de temps il aura compris les quelques étapes intermédiaires devenues nécessaires pour éviter les embrouilles. Et vogue petit navire…

         10% des Eva seraient dans le petit commerce, l'autogestion modeste, quoi… C'est parmi elles qu'on trouve sans doute les rares femmes qui prétendent avoir choisi, comme on dit en Afrique, de "faire boutique son cul, et gèrent en toute indépendance. Elles vont souffrir comme tous les petits commerces face aux supermarchés, je ne connais pas le pourcentage des Marcel qui visitent inconditionnellementt ces petites échoppes mais ça doit pas atteindre un pourcentage bien supérieur. Insuffisant pour renflouer les caisses de l'état à coups de 1500 euros, en tout cas.

         Les réseaux eux, rigolent et même doivent se frotter les mains, comme Carrefour chaque fois qu'un épicier local court à la ruine sous les taxes. A moi les nouveaux clients, et même les nouvelles "franchises".

         Je vous passe les détails.

         Mais peut être  dans ma courte analyse ai-je aussi commis un impair ?









mercredi 27 novembre 2013

W) Menu Waterproof


Etanche deux fois

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Fricassée d'homme grenouille

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Plonge de porc et grands fonds d'artichauts

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Gâteaux secs à l'abysse

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Epave au chocolat

jeudi 14 novembre 2013

Jours de Gala



            J'aurais pu vous parler de Canada de Richard Ford au thème pour le moins original, vous auriez pû apprécier les conséquences d'avoir des parents braqueurs de banque, ou bien de Au revoir là haut de Pierre Lemaitre.  

           Le premier est devenu depuis ma lecture prix Femina étranger, et l'autre, également après ma lecture (cette année je devais avoir le nez fin lol !) … un prix Goncourt de bonne tenue sans être à mon avis éblouissant, mises à part quelques pages somptueuses sur la boucherie des combats de 14/18, un roman qui a  le mérite de montrer les moyens tordus employés pour s'enrichir de la guerre.

           Mais je préfère vous parler de Gala, la muse redoutable, de Dominique Bona. 



              Non que Gala soit un personnage fascinant, encore qu'avoir été le grand amour d'Eluard, la maitresse de Max Ernst et l'idole indéboulonnable de Dali n'est pas à la portée de la première Nabilla (ve)nue. Mais parce qu'avec ce personnage un peu énigmatique, au corps prétendûment de proportions parfaites, au visage selon moi banal, peu expressif, aux petits yeux noirs de rongeur, on se promène dans l'extraordinaire pépinière d'artistes de l'après guerre de 14, où poètes et peintres devenus ensuite célèbres se connaissent, se cotoyent parfois de façon intime, alors que leur renommée est encore inexistante ou seulement balbutiante. 

                On les voit vraiment vivre et tâtonner pour construire leurs personnalités devenues celles d'artistes majeurs du siècle. Eluard, Breton, Soupault, Péret, Crevel, Tzara, Aragon, Ernst, Picasso, Dali, excusez du peu. Gala circule dans ce milieu, où les cerveaux sont en surchauffe avec les guerres et la révolution russe, elle est rarement appréciée par ces cercles d'intellectuels illuminés par le surréalisme et la politique, on s'en méfie sans bien expliquer pourquoi, son air un peu hautain et peu communicatif sans doute. "La russe" y est un peu méprisée tout en étant presque crainte. 
                 Après le faste de Dali à son zenith, beaucoup de journalistes évoqueront son appât du gain, alors qu'elle accompagne docilement des années Eluard dans un modeste appartement parisien, qu'au début de sa vie Dalinienne elle sera confinée longtemps dans une presque cabane de pêcheurs à Port LLigat, à vivre d'amour et d'eau fraiche. Certes quand Dali atteint une cote astronomique, elle devient une femme d'affaires redoutable. 
               D'autres insisteront sur son goût pour le sexe, alors qu'à l'évidence les fantasmes plus ou moins clairs d'Eluard ne sont pas pour rien dans son aventure avec Max Ernst, et que dire du voyeurisme et de l'"impuissance" revendiqués par Dali ? Elle était cultivée, grande lectrice depuis son enfance, encourageant sans cesse la poésie d'Eluard, la peinture de Ernst puis de Dali, sans jamais avoir manifesté pour autant de prétentions intellectuelles personnelles.

                   Elle n'a rien de très sympathique, ne serait ce qu'à voir le peu d'intérêt allant jusqu'au rejet sans pitié qu'elle montra vis à vis de sa fille, mais elle semblait surtout, et d'étonnante manière, inconditionnelle de l'homme avec qui elle vivait pourvu que celui-ci la porte aux nues et le montre. Ce qui pourrait selon moi la préserver d'être "récupérée"en porte drapeau d'un féminisme de combat. A la fin du livre, on  en sait plus sur Eluard, Breton, Aragon et Salvador Dali que sur Gala. Mais c'est bien sans doute le génie d'une muse de faire briller, même dans sa propre biographie, ceux qui l'accompagnent en restant elle même dans l'ombre.