Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

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Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

jeudi 21 juin 2018

L'équipe et les coupes


Cette image est bien plus belle…

        Tout le monde sait qu’une équipe est bien plus qu’une somme d’individualités, aussi brillantes soient elles. Il faut que le courant passe entre ses membres, comme la cuisine a besoin de liants pour révéler les saveurs d’un plat. 

        Si vous avez suivi les rugbymen de moins de 20 ans, si vous vous êtes régalés à retrouver le french flair perdu par leurs ainés et avez admiré la solidarité inépuisable de leur défense, vous avez eu devant les yeux l’exemple d’une véritable équipe de copains. Leur pépite de demi d’ouverture (Carbonel) l’a exprimé les larmes aux yeux après leur victoire en coupe du monde: « on se connait tous depuis 4 ans (ce qui mine de rien représente 20% de leur jeunesse…), et ce tournoi va faire de nous des amis pour la vie » a-t-il déclaré avec émotion. Le secret se trouve probablement dans cette  dimension affective qui permet, à talent égal, de sublimer des joueurs qui vont tout donner pour « leur » équipe même s’ils ne sont pas choisis par leur sélectionneur pour disputer tel ou tel match d’une compétition. Si ce n’est moi, c’est donc mon frère…

      Cette solidarité sans faille, sans inimitiés, sans jalousie, fait partie des valeurs majeures que nourrit le rugby, où chaque joueur doit savoir depuis les poussins qu’on n’est rien sans les autres et que même 8 mastodontes peuvent exploser en face s’ils ne poussent pas exactement ensemble dans la mêlée. Cette valeur est constamment mise à l’épreuve au gré des changements de clubs, des entraineurs rencontrés et de leurs projets de jeu, des salaires versés, des blessures. Et les moins de 20 ans n’ont pas eu encore trop l’occasion de rencontrer ces risques en pleine lumière. 

      C’est aussi pourquoi cette valeur l’est beaucoup plus (mise à l’épreuve) dans un football professionnel aux salaires stratosphériques, où les exploits individuels sont portés aux nues par les médias. Les jeunes fans de rugby sont fiers de porter le maillot des All Blacks, pas de Brauden Barrett ou Kieran Read, ceux du foot portent le maillot de Messi ou Ronaldo.

       Je suis persuadé que Didier Deschamp a bien conscience de marcher sur les oeufs des susceptibilités chaque fois qu’il sélectionne ou refuse un joueur. Que c’est aussi pour ça qu’il a préféré d’emblée ne pas mettre dans son panier un talent reconnu comme Benzema soupçonné à tort ou à raison de porter un ver dans son fruit après une polémique durable. Mais ce sera chaque jour qu’il lui faudra vérifier chaque fruit un par un pour déceler d’autres parasites cachés. 

       Les journalistes bien sûr ne gâchent aucune occasion d’essayer d’en faire éclore quelques uns: et Griezmann n’était pas content de sortir, et Pogba répète qu’il est le patron, et Mbappé est plutôt décevant, etc… Tous les joueurs du groupe français sont de très haut niveau, aucun doute là dessus. Mais la coupe du monde ne sera pas la récompense d’un groupe. Et s’il reste un doute quant à notre capacité à aller chercher le graal, elle reste surtout pour moi dans la capacité de ces egos monstrueux à se fondre dans une véritable équipe. 
        On peut essayer de se rassurer en voyant ici certains liens qui unissent les joueurs de DD

… que celle-ci, non ?






mardi 5 juin 2018

Syndrome méditerranéen ?

N'exagérons pas…


         Un petit retour sur mon parcours professionnel m’est permis à l’occasion de cet article de France info, même s’il devient je trouve extrêmement difficile de donner un point de vue sans être assailli de critiques à la moindre virgule mal placée, au moindre mot  qui n’est pas parfaitement choisi dans une phrase.

       Inclure le « syndrome méditerranéen » dans un article stigmatisant les préjugés racistes supposés des médecins est ni plus ni moins faire un amalgame dont semblent malheureusement friands les journalistes. 

       Un syndrome est un ensemble de symptômes que le médecin cherche à regrouper pour faciliter sa démarche diagnostique. En plus des symptômes eux mêmes (douleur, difficultés à respirer, fatigue, boiterie, etc…), l’expression de ces symptômes représente ou bien  une aide ou bien un piège pour le thérapeute. 
     Le médecin débutant, peu expérimenté, aura tendance à se préoccuper en priorité des expressions les plus bruyantes. Celui qui hurle est censé souffrir plus que celui qui crispe son visage sans mot dire. Si l’expression du symptôme par le malade est proportionnelle à la gravité du problème, ce peut être une aide. « Il a trop mal pour ne pas avoir une fracture » Pourtant combien de radios ont-elles été prescrites pour de simples contusions ? Elles n’étaient pas pour autant inutiles, justement dans le but d’éviter l’erreur de diagnostic. 
       A l’inverse, le piège est parfois tendu quand la personne est « dure au mal » au point d’exprimer comme à regrets sa douleur comme un peu plus qu’une simple gêne. Je me souviens d’une ménagère corpulente venue me voir pour une douleur au poignet depuis une « petite » chute. La palpation de la main et du bras n’entrainait pas de réaction nette, son poignet était vaguement enflé, elle est repartie avec sa prescription de radio en portant un cabas de 2 ou 3 kilos, est revenue seulement 3 jours après avec une image de fracture nette…Je pourrais multiplier les exemples bien sûr.

      La hantise de nous faire piéger par les distorsions d’expression nous accompagnait en permanence. Et en acquérant de l’expérience, le contour du « syndrome méditerranéen » s’est progressivement dessiné, comme étant une présentation théâtrale des symptômes, pas forcément signe  de gravité. Je n’ai pas dit « pas signe de gravité », j’ai dit « pas forcément ». Rester très attentif était néanmoins obligatoire, le sentiment d’urgence créé par une dose d’ « hystérie », et si générateur d’angoisse, s’atténuait simplement. Autre souvenir quand jeune interne j'avais dû examiner à l'hôpital une mamma gitane qui se plaignait de toutes les zones de son corps, et j'avais cru malin de déclarer "avoir mal partout, c'est n'avoir mal nulle part" selon le précepte d'un patron qui avait voulu maladroitement nous donner confiance. Toute la famille me cherchait ensuite dans les services pour me faire ravaler ma réflexion "raciste" j'avais calmé le jeu en exposant la  batterie d'examens que j'avais malgré tout prévue pour elle…

      Mais pourquoi méditerranéen alors ? Peut être employer l’adjectif « latin » aurait été plus consensuel, car peu de gens nieraient que le mode d’expression des latins dans la joie, la peine ou la souffrance soit plus spectaculaire, bruyant et coloré que celui des anglosaxons par exemple. Mais employer le mot latin ou méditerranéen n’a rien à voir avec une stigmatisation raciste, il faudrait voir à ne pas tout mélanger. La mort de la jeune africaine citée dans l’article est une tragédie, une gravissime erreur médicale. Le racisme s’insinuerait clairement si cette personne n’avait pas eu les soins requis du fait de ses origines. 

       Mais si ses origines ont fait conclure à un syndrome méditerranéen et qu’on ne soit pas allé au delà de cette conclusion, c’est une très lourde négligence, le piège du faux ami que sait être la fréquentation de ce syndrome s’est refermé sur une erreur de diagnostic, qui n’a pas besoin du racisme pour être dramatique.