Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

Bienvenue

Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

dimanche 30 janvier 2011

Les bancs de la fac (26-30)


26.

          Lundi au Vendredi, restau U:

steack haché
frites
boule vanille
5 F

          Samedi soir, restaurant:

steack
frites
boule deux parfums
40 F


           Non mais, on n'est pas des bêtes ...

27.

Valérie ne comprend pas la biochimie.  Elle en serait complexée, pour un peu.  D'autant qu'autour d'elle, sur deux rangées, trois rangées, absolument tous les garçons trouvent les cours très simples, et prétendent le lui prouver.

Dès ce soir, si elle veut.

Tamtam le chien, quant à lui, grogne sourdement.

28.

Luc T admire avec les autres le corps d'athlète qui leur fait face.  Chacun à leur tour, les étudiants plongent leurs doigts dans l'aisselle gauche de l'homme, comme l'a fait avant eux le chef de clinique.  Ils cueillent dans ce nid, avec mille précautions respectueuses, un petit oeuf lisse et ferme, puis reprennent leur distance.  Le colosse accepte les remerciements du chef pour cette pitrerie qui le rend perplexe.  Peu après le chef isole sa troupe dans un couloir:

- Espoir français du décathlon... C'est un ganglion de lymphome malin...  Pas plus de quatre mois...

Luc T hume la sueur vénéneuse qui imprègne la pulpe de ses doigts.
Luc T: homosexuel, quatrième année de médecine.

29.

- Je recommence: en échange de ton ticket de restau U, tu as droit à un oeuf, un sandwich, un yaourt, une pomme, seu-le-ment-pen-dant-la-du-rée-de-la grève.

- Encore un repas froid ?

- Max ! essaye, toi, j'abandonne, la dépolitisation des masses me scie !

 30.

Chers parents,

               Joie d'apprendre votre visite.  Le temps me dure de vous montrer ma  chambre, la fac, enfin tout mon petit monde.  Juste un problème de  date.  Je sors d'une période de révision intense, et tout est dans le plus grand désordre.  Ensuite, Jacques et Christian viennent me voir ce week-end, et le suivant ce sera au tour de Bernard.  Ce sont les seuls dimanches de l'année où nous pouvons nous voir, car eux aussi sont surchargés de travail...
                Je sais, j'ai déjà repoussé votre voyage le mois dernier, et croyez-moi je suis désolé.  Voilà ma proposition: le mois prochain, je vous écris pour convenir d'une date. A moins d'un partiel de physio ( ce prof est tellement bizarre !) j'aurai tout mon temps pour me préparer à vous accueillir.  J'ai dégotté un petit restau qui plaira à papa... et qui n'est pas dans mes moyens actuellement.  Veine, le mois prochain, le nouveau parc zoologique sera ouvert, bonne idée de balade.  OK?

Vous espère en forme et vous embrasse tendrement.

Jérôme

jeudi 27 janvier 2011

Passé


        Juste une chouette balade au début du siècle précédent…


                                    Perpignan autrefois (galerie de Gaston Fournier)

dimanche 23 janvier 2011

Dis moi, Céline…

Extrait de "Voyage au bout de la nuit"

          Plus je réfléchis à la question de savoir s'il fallait ou non fêter au niveau national le cinquantième anniversaire de la mort de Céline, plus je suis mal à l'aise… Le "Voyage au bout de la nuit" fut probablement le livre qui m'a le plus marqué, encore aujourd'hui en lire 3 pages au hasard me rend incapable moi même d'écrire 3 lignes ensuite… Trop de puissance, trop d'expressions bouleversantes, une galopade effrénée de mots qui nous entraine dans un torrent d'images hallucinées et en même temps hyper-réalistes, avec une simplicité confondante de langage parlé… 

          Hélas ce médecin des pauvres, auteur d'un texte inoubliable, était aussi capable de charretées d'injures antisémites, au moment même où le plus horrible génocide qu'a probablement connu notre planète ravageait le monde… Je hais le Céline de "Bagatelles pour un massacre" et de nombre d'autres imprécations de Mr Destouches…

         Et j'ai envie de dire: à quoi servent ces "célébrations nationales", et pourquoi célébrer un auteur post mortem ? Ce n'est pas l'auteur qu'on veut célébrer, c'est une oeuvre, ou même une partie de celle ci… Si la question se pose, c'est parce qu'on ne dissocie pas l'auteur et l'oeuvre, et parce qu'on reste empêtrés dans le symbolisme de cérémonies surannées… Une oeuvre, ou une partie d'une oeuvre, toute admirable qu'elle soit, se retrouve souvent entachée des crimes ou turpitudes ou névroses de l'auteur…

         Je me souviens d'une époque où 2 courants de critiques littéraires s'affrontaient sans cesse: le premier essayait d'appréhender une oeuvre "à travers" la vie et le caractère de l'auteur, le second s'intéressait au texte et au texte seul… Discussions sans fin, qu'on retrouvait aussi autour des prises de position politiques, des articles de journaux… Sais tu pourquoi untel a écrit ça ? Sais tu qu'il est ceci ou cela ? Où est son intérêt d'écrire ceci ?

          Savoir que Genet était voleur, que Kant pensait son oeuvre en faisant des aller-retours en automate obsessionnel dans son jardin, qu'Aragon a été Stalinien pur et dur, que Picasso pouvait être féroce et avare, que Bukowski était alcoolique, que Michaud ou Baudelaire se droguaient, que Rimbaud vendait des armes, etc… n'enlève rien au génie de leurs créations.

         C'est le "Voyage" qu'on doit célébrer, si on veut célébrer, pas l'atrabilaire délirant de Meudon.… Ces dépôts de gerbe par la République sur des tombes d'écrivains connus ou de soldats inconnus  sont désolants d'inutilité pompeuse… Lisez ou relisez "Le Voyage", ce sera plus profitable et moins suspect qu'aller sur la tombe du Dr Destouches…

dimanche 16 janvier 2011

Paris

            Je n'étais pas allé à Paris depuis au moins 3 ans. Le prétexte ici était l'expo Basquiat dont je vous ai parlé. Très beau choix de tableaux, qui permet de mieux comprendre l'engouement pour ce jeune artiste issu de l'art de la rue. Graffiti, certes, thèmes et symbolisme assez enfantins en général (noir, esclavage,  rois nègres, New York, boxe, jazz, homme condamné à mourir), mais aussi spontanéité éclatante, talent évident de peintre dans l'équilibre remarquable aussi bien des couleurs que des motifs représentés…
             Paris… J'adore marcher dans cette ville, et quand on arpente ses rues on rentre parfois aussi fatigué qu'après une randonnée en montagne… Par chance il faisait doux en plein mois de Janvier, peu de vent, presque pas de pluie, et l'épreuve habituelle qui consiste à grelotter dans la rue, plonger dans le four surpeuplé des rames de métro, en ressortir moite pour affronter les rafales glacées des couloirs interminables puis de nouveau la pluie transfixiante à l'"air libre", a épargné parisiens et touristes… Peut être est ce pour cette simple raison que j'ai trouvé cette fois la foule, en apparence plus cosmopolite d'année en année, un peu moins effrayante d'indifférence mécanique et de douleurs silencieuses… Un temps clément, la perspective peut être aussi de dénicher l'affaire du siècle dans les avalanches de soldes …Plus de sourires, plus de paroles, même si en général destinés aux téléphones portables collés sur tant d'oreilles comme autant de coquillages métalliques… Même s'ils ne vous parlent pas ou ne vous sourient pas, à vous, les gens vous prouvent au moins qu'ils savent encore le faire… Bénéfice inattendu de cette téléphonite généralisée…
         J'adore marcher dans Paris, donc, je me fiche éperdûment du shopping personnellement, mais l'esthétique de ses bâtiments splendides truffés de références historiques tous les 50 mètres reste exceptionnelle, et puis c'est en marchant le nez en l'air que j'ai parfois l'impression de "prendre le pouls" du pays… La France ne va pas très bien depuis quelques années, et j'avais peur de voir fleurir partout les campements de cartons des SDF que "la crise" avait dû multiplier… Je n'en ai pas vu énormément, en tout cas moins qu'à Manhattan New York, où chaque angle de rue ou presque est squatté par un malheureux dont tous les biens tiennent dans un chariot de supermarché… Je n'en tire aucune conclusion bien sûr, la police ayant probablement travaillé dur pour éloigner du grand centre le spectacle de la misère… Comme elle a dû oeuvrer pour supprimer la mendicité aux feux rouges, qu'on rencontre encore assez souvent en province… Quelques années auparavant, c'était simple, chaque feu de croisement réclamait sa pièce… L'euro n'était pas encore notre monnaie, et j'avais écrit à ce sujet cette nouvelle, déjà parue en revue (Le Matricule des Anges, une excellente revue par ailleurs)…

jeudi 6 janvier 2011

L) Menu Libre


Evadé de poireaux
*
Marcassin sans frontières
*
Salade dérive
*
Ile flottante

dimanche 2 janvier 2011

Le fils à Jo



           Bonne surprise que ce premier film de Philippe Guillard surnommé "La Guille" dans le milieu des commentateurs sportifs… Intrigué, j'étais un peu sceptique à l'idée d'aller voir un film parfois maladroitement présenté comme ayant pour thème le rugby… En fait cette histoire bien ficelée exprime surtout ce qu'on nomme l"'esprit rugby" , camaraderie, solidarité, transmission, communauté villageoise… Gerard Lanvin y campe comme souvent un personnage de grand loup solitaire viril et tendre pudiquement replié sur une blessure ancienne, Vincent Moscato, ex "Rapetou" et tête brûlée de service d'une première ligne béglaise crainte en son temps par toutes les équipes, compose lui un idiot du village parfois subtil, et très attendrissant, avec son corps massif engoncé dans un éternel veston trop étroit… 
           La Guille évoque les rapports père-fils, l'amitié, la difficulté à échapper à son milieu d'origine, suggère toute l'importance des femmes dans un monde de prime abord essentiellement masculin. Le tout avec une grande délicatesse et un humour souvent judicieux. Vous passerez un très agréable moment.