Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

Bienvenue

Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

vendredi 26 février 2016

En revenant du "Revenant"




         Je me dis que je  peux bien me fendre d'un petit billet cinéma. Ce qui n'est pas si fréquent, compte tenu de la fréquence assez faible avec laquelle je me rends dans les salles.

        Les paysages sont magnifiques m'avait-on dit pour me persuader, en évoquant l'ancien "Jeremiah Johnson" et le un peu plus récent "Into the wild".  Et on ne peut que confirmer l'incroyable beauté des paysages de neige, des forêts oppressantes et des cours d'eau tumultueux dans lequel évolue le héros Hugh Glass (Di Caprio), victime  sanguinolente, véritablement déchiquetée par un grizzly dans une scène hallucinante de sauvagerie animale, laissée pour morte en plein territoire indien hostile par un trappeur félon chargé de veiller sur lui dans l'attente de secours.

      Il s'agit sinon d'un western classique dont l'argument est comme d'habitude la vengeance implacable de la victime du début qui triomphe des plus terribles obstacles jusqu'au duel final avec le traitre, évidemment victorieux malgré de nouvelles profondes blessures du corps du héros une nouvelle fois martyrisé.

      La recette est donc  connue, adaptée comme il se doit avec les ingrédients "à la mode" actuellement: référence aux Indiens victimes des trappeurs blancs trafiquants de peaux, au racisme à travers le meurtre du fils "sang mêlé" de Glass et le viol d'une indienne,  allusions chamaniques/religieuses à l'âme indienne inaltérable imprégnant la nature… et  ultra violence. 

         Quand Clint Eastwood abandonné en plein désert sous un soleil brûlant revenait à la vie dans un western spaghetti en étant plus deshydraté qu'une figue desséchée, Di Caprio réussit à cicatriser cent blessures infligées par un ours de 800 kilos en dormant dans la neige par -10° et en plongeant dans un fleuve qui charrie des glaçons pour  échapper aux Indiens. Soit.

       C'est plutôt la surenchère de violence qui est pénible. Car le tapis de neige est plus souvent rouge que blanc  immaculé. On échappe de peu à l'émasculation du trappeur violeur de l'indienne mais on gage qu'au prochain film les organes ruisselants de sang du coupable finiront bien par être exposés plein écran sous une lumière adéquate.

       Et on se prend à interroger le pourquoi d'une telle escalade de violence, le pourquoi de héros à ce point masochistes. Comme si on ne pouvait plus raconter une histoire sans exposer 10 mètres d'intestin ou quelques hémisphères cérébraux sur la prairie avec la netteté écoeurante qu'offre un scialytique sur un champ opératoire. 

        Interdit aux moins de 12 ans dit la  bande annonce.
      De toute façon j'ai 12 ans 1/2, j'ai vu le dernier Tarantino na na nèreu, et même que j'ai déjà vu le top, des videos de Daesh sur internet, alors…

vendredi 19 février 2016

Cuba libre ?





               Si on enlève le point d'interrogation, on obtient un cocktail qui avec le mojito, la caïpirinha et la pina collada associe dans nos esprits rendus alors un peu brumeux les fêtes antillaises, la joie de vivre, les orchestres de salsa et de rumba et ce pays attachant.

              Si on le laisse, le questionnement pourrait aussi bien concerner l'avenir de Cuba après les Castro que le devenir de cette île après la fin de l'embargo américain qui l'étouffait depuis des dizaines d'années.

           Ce n'est pas en douze petits jours que nous avons pu nous faire une idée des réponses. Nous avons essayé d'absorber le plus possible de sensations pendant ce petit voyage, et le moins qu'on puisse dire est qu'elles sont contrastées. Une fois n'est pas coutume, je vais proposer dans ce résumé succinct les adresses de quelques hôtes qui par leur gentillesse et les qualités des prestations offertes peuvent intéresser ceux qui projettent de visiter l'île. 

          Notre parcours est resté modeste, à la fois pour  ne pas avoir à passer trop de  temps sur les routes et parce que la météo (fort vent venu du Nord, en particulier du Canada) nous a obligés à zapper la côte atlantique. Nous sommes allés de La Havane à Vinales, puis de Vinales à Playa Giron, puis Trinidad, Cienfuegos et retour à La Havane.


La Havane (ou chefs d'oeuvre en péril !)

          Un choc, une ville délabrée comme mille quartiers St Jacques de chez nous, avec pourtant les fantômes de très nombreux palais et demeures magnifiques au style colonial et/ou art déco datant de l'époque de Battista et de l'argent de la maffia. Quelques bâtiments en restauration cotoient nombre d'autres à moitié en ruines, comme éventrés par une guerre et pourtant habités. Le Malecon (promenade en bord de mer) expose en particulier ces anciens chefs d'oeuvre ravagés.






        Peu de voitures pour une ville de cette importance à part les taxis, dont les fameuses voitures américaines aux couleurs vives que les cartes postales ont rendu célèbres. Multiples vélos-taxis, chevaux-taxis aux prix modestes. Des tranchées dans toutes les rues ou presque, un réseau de canalisations usé jusqu'à la corde.

      Les passants vous saluent souvent spontanément avec sympathie, les sollicitations existent (taxi, cigares) mais sont dénuées d'insistance et d'agressivité. La pauvreté évidente reste digne. 

        La musique est partout, jusque dans les minuscules échoppes ou les logements décatis. Dans les rues commerçantes infestées de touristes, les jeunes cubaines semblent friandes d'une mode latino vulgaire, brillants de pacotille, talons exagérément hauts, faux ongles de 3cms aux couleurs flashies… 

        Mais ni les garçons ni les filles n'allument les touristes de façon intempestive. Il faut dire que nous étions 2 couples et que nous n'étions plus dehors aux heures des salsas imbibées de rhum (ici nommé el ron). Sans être naïfs (David notre hôte nous avait quand même conseillé la prudence de nuit), nous nous sentions bien plus en sécurité que dans beaucoup de grandes villes. David confirma que l'impression était juste, l'attribuant à un mélange d'éducation enseignée très tôt à l'école (l'école, préoccupation prioritaire du régime) et de peur du gendarme peut être caché sous l'habit du proche voisin.
      Je ne vais pas raconter notre programme, mais disons qu'on ne se lasse pas de marcher le nez en l'air dans la vieille Havane, même s'il faut par instants le boucher…

David et Lydia Diaz 361 calle San Miquel -Centro Habana 
diazdavidlidia@yahoo.es
NB: parle très bien français, super aimable, chambres top et p'tit dej complet

Chez David Diaz


Vinales (où même les non fumeurs se mettraient au cigare…)

…Tant les plants de tabac de cette vallée montagneuse ont un minois appétissant et écologique. Nous avons eu droit à la confection d'un "puro" de A à Z lors d'une promenade à cheval dans une plantation. Bon d'accord, on essaye de vous vendre des cigares à la fin, et le prix est plutôt élevé, mais là encore il suffit de décliner l'invitation, et le visage de votre interlocuteur ne copie pas pour autant dans la seconde suivante celui d'un restaurateur méditerranéen qui n'a pas pu vous fourguer un repas complet !

     Les mogotes calcaires truffées de grottes souterraines donnent un cachet particulier à cette belle région naturelle.



Si vous allez comme nous chez Yamirka y Ariel, hôtes parfaits, vous dégusterez la meilleure langouste que nous ayons mangée à Cuba, pour un prix à peine supérieur à un plat de poulet…



Casa Yamirka y Ariel
calle Raphaël Trejo n°4
Vinales
ariel.negrin@nauta.cu

Playa Giron

              Les amis qui nous accompagnaient sont de grands amoureux de mer, plage et bateaux. Il nous fallait donc rejoindre une côte, et le vent nous barrant la côte Nord, nous avons opté pour le sud, direction playa Giron non loin de la baie des cochons, lieu du fameux débarquement de mercenaires jugulé par les troupes du héros national (musée commémorant l'évènement). Là aussi nous avons trouvé des hôtes très sympathiques, disponibles, qui ont senti notre envie de faire du sport puisqu'il nous ont confié d'antiques bicyclettes qui nous ont permis de faire les 20kms aller-retour nécessaires pour aller nager dans caletta buena, un ensemble de piscines naturelles pour touristes que nous avons eu au 1/3 de son prix pour admirer les poissons dans ces aquariums naturels.


            Encore de très bonnes langoustes, sans toutefois la sauce divine de Yamirka. Tout petit bémol, puisque quelques effluves campagnardes selon le vent nous ont rappelé que la baie des cochons n'était pas forcément un nom donné au hasard…

          Je jure qu'il n'y a pas de rancune dans le fait que je n'indique pas les coordonnées de notre hôte, j'ai tout simplement perdu le papier qui les contenait !

Trinidad

            La déception de notre voyage. Ce lieu dont tout le monde disait qu'il méritait 3 jours de séjour possède certes de magnifiques demeures coloniales, souvent en bien meilleur état qu'à La Havane, mais on fait assez vite le tour du centre historique, et les touristes sont vraiment en force ! De plus, l'hôte que nous avions prévu nous a conduit à une autre adresse où entre les coqs, les chiens et les camions, l'absence de vitres dans notre logement par ailleurs très propre nous a offert une nuit d'insomnie peu propice à l'indulgence.
           Mais la langouste était énorme, toujours à prix doux, même si la tendreté diminue quand même avec la taille…









 Cienfuegos

           La bonne surprise. Un endroit que nous avions refusé de parcourir en taxi avec supplément comme le proposait le chauffeur qui nous avait conduit de Playa Giron à Trinidad, et qui, peut être à condition de pousser comme nous l'avons fait jusqu'à Punta Gorda, la partie "maritime", s'est révélé très agréable.

Un palais de la maffia américaine





            La pointe donc, est charmante, et la Pina collada qu'on y sert au soleil couchant est une merveille… La partie nommé le prado à 2kms à peine est agencée autour d'une très belle place entourée d'échoppes proposant les oeuvres d'artistes locaux.
          Une adresse à retenir encore ici:

El coqui y Yanita
Calle 37#1407 e/.14 y 16 Punta gorda, Cienfuegos
yanit-acepero@gmail.com

Playa Rancho Luna

          Magnifique plage à 20kms de Cienfuegos, où nous avons trouvé un logement pour notre dernière nuit avant retour à La Havane, chez un marocain très sympa, ayant fait ses études de médecine en Belgique, puis travaillé au Canada en laboratoire sur le déficit en HDL cholestérol, puis, apparemment par burn out ou du moins état dépressif, s'est installé ici face à la mer.





Casa Larabi
Playa Rancho Luna Cienfuegos
lkrimbou@gmail.com




Kitsch, non ?


Retour à La Havane

D'où bien sûr je ne pouvais pas partir sans avoir visité la Finca La Vigia d'Hemingway (les photos trainent partout, vous n'aurez droit qu'à une !)



              Contrastes je vous disais au début, des gens très pauvres avec des salaires très bas (un médecin gagnerait l'équivalent de 60 euros/ mois, un ouvrier de la manufacture de tabac 30€/mois ) et à ce qu'on nous a dit des denrées alimentaires trop chères. Le fait de posséder de 100 à 1000 fois les ressources des locaux nous rend ridicules à dire que payer 12,5€ pour un repas comprenant une soupe, une belle langouste accompagnée de riz et légumes, des fruits en dessert ne nous semblait pas exhorbitant, mais il n'y avait guère de cubains dans nos casas particulares (dont les repas sont en général bien meilleurs qu'au restaurant !) 

       Fidel a donné des terres à ceux qui n'avaient rien, a pratiquement éradiqué l'analphabétisme, les cubains ne payent quasiment rien pour se loger ni pour se soigner ni pour étudier. Nous n'avons en aucun cas pu juger de leurs possibilités de s'exprimer librement. Ils ne peuvent sortir de leur pays comme ils veulent, on nous a toutefois dit que les impossibilités à sortir proviennent souvent des pays de destination qui n'accordent pas leur visa aux cubains. David notre hôte de La Havane avec qui nous discutions en compagnie d'un groupe de jeunes français répondit quand ils l'interrogèrent sur la "dictature"par un joli jeu de mot: "ce n'est pas une dicta-dure, c'est une dicta-molle", sans doute pour dire que si la répression existe, elle est plutôt dans les têtes d'un peuple habitué à marcher droit que maintenant dans des contraintes brutales. Au long de nos trajets nous avons souvent vu des panneaux qu'on peut certes qualifier de propagandes, soulignant les mérites de la révolution et de ses guides, mais souvent empreints de valeurs humaines, de solidarité et même parfois… de poésie.

          Ce qui nous fait dire que les grandes valeurs de base du communisme ont ici sans doute été dévoyées comme souvent par le pouvoir absolu d'un homme, mais cherchaient aussi sincèrement à dessiner les contours d'un homme nouveau, et qu'elles se sont crispées jusqu'au dessèchement sous l'emprise d'un étau économique sans pitié imposé comme ailleurs si souvent par les grandes puissances capitalistes.

           A la question "qu'attendent le plus les cubains de la fin de l'embargo ?" notre hôte a répondu "je ne sais pas, TOUT, je n'ai connu QUE l'embargo"…