Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

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Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

lundi 27 avril 2015

L'ego timide de la morille


            
                  Que les morilles n'aient pas un "ego surdimensionné"(une belle expression récemment acquise, lol)  et ne montrent aucune tendance à l'exhibitionnisme, tout chercheur de champignons le sait, qui doit aiguiser ses yeux plus que ses mollets pour les découvrir dans des zones broussailleuses où leur tendance au camouflage se manifeste volontiers sous les fatras de feuilles et les buissons.



                      Un peu plus ennuyeux est quand les poussées elles-mêmes sont timides, comme cette année, alors que vous avez réussi à réserver un gîte communal en essayant d'avoir le bon timing. Cinq jours entiers pour explorer, élargir vos zones de recherche, au lieu de vous précipiter en quelques heures sur les places que vous connaissez depuis longtemps en espérant que d'autres ne les aient pas ratissées avant vous. Mais quand ces dames sortent au compte gouttes, même sur vos meilleurs coins, vous ne savez pas en explorant plus loin si la zone n'est pas favorable ou bien si ce n'est tout simplement pas une bonne année.


                             Car ne vous y trompez pas, on peut vous donner le nom d'un village ou même d'un bois,  et même si la période semble idéale, ce ne sera jamais l'assurance que vous allez faire cueillette. A moins d'être un vrai spécialiste des sols et des arbres, difficile d'expliquer pourquoi les poupées pointent leur nez sur ces 50 m2 là et non sur le reste d'un hectare de forêt apparemment semblable en tous points au berceau qu'elles ont choisi. 


                           Mais pas de découragement, ce caractère réservé mais facétieux des morilles peut à l'inverse réserver des surprises de dernière minute. Ainsi mon dernier jour m'a-t-il gratifié d'un cadeau inattendu. Après avoir sillonné en tous sens une pente boisée en pure perte, je repère une morille isolée comme l'ont toujours été cette année celles que j'ai dénichées. Mais cette fois cette sentinelle dressée (un peu comme font les marmottes…) veillait sur sa  troupe d'une dizaine de copines d'un bon calibre disséminées sous les feuilles et branches d'aubépine à l'ombre squelettique d'un arbre mort sur pied.


                       Ironie comme souvent, ce "clap"inespéré siégeait dans une zone que je ne pensais même plus à sonder tellement elle était proche du village. Alors que j'avais pris la peine de faire quelques clichés d'exemplaires si rares que je prenais de temps en temps quelques minutes pour sortir l'appareil, mon couteau a grillé la politesse à l'objectif, trop heureux de recueillir ce petit trésor. 

                    Le clap a moins d'allure sur une assiette, mais la photo c'est le prix à payer pour pouvoir frimer un peu, quoi, enfin au moins redimensionner timidement un ego qui faisait profil bas…


PS: (pour petit Raphaël, que les copains du blog connaissent)

On rencontre aussi des animaux préhistoriques étranges dans la nature, c'est pourquoi j'espère que dès l'an prochain tu voudras venir avec moi. Le spécialiste que tu es saura-t-il reconnaitre celui-ci ?












mardi 7 avril 2015

L'apprentissage du crime




         Ecouter ou lire les actualités exige de plus en plus une résistance mentale à toute épreuve: ici on abat 150 étudiants après leur avoir demandé d'annoncer leur mort imminente à leurs parents, là on filme des enfants en train de décapiter des otages, un peu plus loin on vend des femmes esclaves par paquets de 20, ailleurs un jeune homme choisit le suicide en avion pour être accompagné dans la mort par 150 passagers, il n'y a plus de limites à l'abominable…    

       Dans le même temps, nos enfants voient leurs parents de plus en plus sensibles à l'écologie, et des enseignants de primaire qui montrent du doigt la chasse quand ce n'est pas la pêche. Il m'arrive du coup de trouver cette tendance excessivement bisounours.

          J'ai parlé dans un ou deux billets de mon petit Raphaël de 6 ans, que je vais bientôt initier à la pêche si toutefois la tramontane accepte enfin de se mettre en veilleuse. Je me demande encore comment je vais gérer la capture éventuelle d'un poisson. 

        Il ne voudra pas qu'on tue notre prise, j'en suis presque sûr, et si je ne prends pas la peine de m'expliquer,  il y a de grandes chances qu'il pleure si on la relâche. J'imagine que la meilleure conclusion pour lui serait qu'on la garde dans un bocal pour la rapporter chez lui. A bien analyser cet "amour" des animaux, incluant les êtres aquatiques, on peut s'apercevoir qu'il n'intègre déjà pas forcément la notion de liberté.

        Pour admettre la cruauté de proposer la captivité à un être libre, même quand on envisage (ce qui n'est probablement même pas encore son cas) d'aménager cette captivité avec tout le confort possible,  son cerveau d'enfant aura sans doute besoin de longues justifcations, ou bien se résoudra à la prendre en compte après quelques expériences ratées devenues culpabilisantes (le poisson, ventre en l'air dans son bocal, dès le lendemain).

         La liberté, l'indépendance, la différence, vécues comme des éléments de supériorité intolérables, annonces de victoires à venir sur le gêolier "amoureux", ces errements germent-ils dans nos têtes dès le plus jeune âge ?... Mes souvenirs d'enfance font remonter à la surface des sentiments de frustration ressentis face aux petits animaux "sauvages": ce lièvre aussi doux qu'une peluche qui détale quand on rêve de le caresser, cet oiseau si "mignon" qui gazouille cordialement mais s'enfuit au moindre geste, ce corbeau qui nous nargue de son croassement lugubre qu'on voudrait faire cesser, cette truite constellée de points d'or qui file sous une pierre comme une flèche à la plus petite ombre projetée… "Obliger" cet animal libre à nous faire allégeance, à se soumettre et/ou à nous aimer… Tu restes là, avec moi, pour toujours, arrête de me défier, décrètent alors la cartouche ou l'hameçon…Quand la gourmandise se met de la partie, comme dans cette nouvelle, la situation se complique encore…