Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

Bienvenue

Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

samedi 26 mars 2011

Guerres


Après la Tunisie et l'Egypte,  la Lybie est en pole position, suivie par le Yemen, la Syrie, la Jordanie… Guerre civile, guerre tout court, l'activité favorite des hommes est en pleine recrudescence, la cruauté, les larmes et l'absurdité vont refleurir dans tout le Moyen Orient… Le moment, hélas, de ressortir en protestation dérisoire cette petite nouvelle brutalement redevenue d'actualité…

dimanche 20 mars 2011

Stress




          Je n'ai pas eu personnellement à prescrire plus d'anxiolytiques ces deux dernières semaines, pourtant le niveau de stress dans le monde m'a semblé grimper lui aussi une échelle de Richter: les tremblements de terre majeurs au Japon, ce tsunami monstrueux, la menace de catastrophe nucléaire ont procuré des centaines d'images et de videos d'apocalypse… Les Japonais ont souvent montré devant ces horreurs le visage impénétrable et digne pour lequel ils sont unaniment respectés et admirés… "Ne pas ajouter du malheur au malheur" est une de leurs devises… Respect… 
          Ceci dit dès Jeudi, et nous sommes aujourd'hui Dimanche, alors que la situation au Japon n'a pas fondamentalement changé ( les répliques se poursuivent, on se contente d'arroser avec les moyens du bord le combustible nucléaire pour retarder au maximum ses réactions exponentielles en chaine ), dès Jeudi, donc, le Japon laminé et possiblement Tchernobylisé a cédé la première page sur France info à la Lybie, et nous Français avons découvert… que nous étions en guerre, rien de moins !… Oh! pas contre la Lybie, et pas tout seuls, contre un dictateur lybien pourtant reçu en grande pompe à l'Elysée en decembre 2007…  Qu'est ce qu'il y a en Lybie ? eh! bien un désert, qui couvre 90% du territoire,  mais aussi comme par hasard du gaz et surtout du pétrole…Je vous laisse deviner si c'est vraiment pour sauver les chevriers et les paysans pauvres des 1% de terres arables de la cruauté de leur dirigeant qu'on se lance dans cette guerre…
          Bref, le drame japonais glisse au second plan… Dans l'histoire des hommes, après tout, les guerres ont largement supplanté les catastrophes naturelles pour ce qui est des pertes humaines et destructions matérielles… Il persiste donc une certaine logique… Le stress en se rapprochant de la Méditerranée pourra au moins s'exprimer bruyamment par des cris et des lamentations comme en sont coutumiers les latins, au lieu d'être cadenassé derrière les visages lisses de ces malheureux asiatiques…
       Aussi se révéler dans les machoires crispées, les regards noirs, les bourrades viriles, et une Marseillaise guerillère chantée par TOUS à pleine gorge comme l'a si bien fait le XV de France comme exutoire à la semaine de stress intense qui a suivi sa défaite qualifiée d'"historique" en Italie…
              Car il est vrai que même quand vous perdez des êtres chers, ou quand un tsunami ravage un pays, votre rage de dents fait toujours aussi mal…

Joie et soulagement…La paix, la fin d'alerte nucléaire… ou peut être un essai…


samedi 12 mars 2011

Les bancs de la fac (31-35)

31.

            Il pense à l'été dernier, revoit son père en colère:

" Puisque c'est comme çà ! Deux mois chez Ducommun, électroménager ! Une faveur, estime-toi heureux, le père Ducommun ne prend jamais d'étudiant ..."

Il est minuit, veille du Jour J. N'a pas encore ouvert le classeur de biophysique, non plus celui de biologie.

Dans le noir, l'examen fonce sur lui à la vitesse d'un platane en pleine ligne droite.

32.

C'était une fillette d'environ six ans.  Brune, des traits fins, mais la tête rasée.

Elle riait, sautait sur le lit, voulait jouer avec eux, mais la tête  rasée.

Elle avait les yeux bleus, n'avait peur de rien…

Mais la tête rasée.



33.

       Les jours passaient, monotones, il essayait de travailler régulièrement.  Pas question de se laisser distancer dès le début.  Le programme n'avait rien à voir avec la médecine: mathématiques, physique et chimie.  Son voisin prétendait que c'était normal, que la bourgeoisie cherchait à reconnaître ses enfants.

34.

- Dites moi, pensez-vous que le docteur Schweitzer puisse être considéré comme le véritable ancêtre de la médecine humanitaire ?

- Question délicate.  Ce qu'on peut affirmer en revanche, c'est que dès la première année, il s'asseyait toujours en cours à côté d'une étudiante africaine.

35.

L'interne est parfois courageux, exemple:

Lundi matin, chambre 7, visite:

              L'interne  (appliqué): - bla bla bla... et sur l'électroencéphalogramme..

             Le patron (agacé):  mon cher, l'électro-encéphalogramme, je m'assois dessus...

Mardi soir, chambre 7, contre-visite:

             Le patron (agacé): - venez-en au fait, voulez-vous, que montre l'électro-encéphalogramme ?

             L'interne ( obséquieux ): - euh…l'empreinte de vos fesses, monsieur ...


jeudi 3 mars 2011

Soreze

  

                                           

                       Un des charmes spécifiques à la France tient aux références historiques capables de surgir de n'importe quel point du territoire, aussi reculé soit-il.
                Prenez Soreze, petit village du Tarn en bordure de la plaine du Lauragais, au pied de la Montagne Noire à quelques kilomètres de Castelnaudary et de Revel. Eh! bien l'abbaye école de Soreze, devenue hôtel de charme de nos jours, a été fondée en 754 par Pépin le Bref, confiée à l'ordre bénédictin, rasée par les Normands, reconstruite en 903 sous la direction d'un moine (l'abbé Walafride), redétruite par les calvinistes en 1573, reconstruite en 1638 par les bénédictins… Elle devient école religieuse en 1682, puis Ecole Royale Militaire sous Louis XVI, fermée à la Révolution, elle redevient école privée et religieuse avec Ferlus, puis Lacordaire et les dominicains, accueille les Saint Cyriens en 1940, et reste un lieu d'enseignement privé de grande réputation, accueillant des jeunes gens du monde entier, de familles de colons expatriés, ou de la société aisée de métropole… Un témoignage de Jean Maffre de Baugé de 1799 donne une idée de ce qu'était l'école:

          « Il fut décidé que maman nous accompagnerait tous les deux au collège de Sorèze. Là, je trouvai une grande différence dans le mode d’enseignement. Les divers cours d’étude en tout genre étaient professés par d’habiles maîtres. Chaque classe était composée d’élèves assez instruits pour professer des leçons que leur donnait le professeur. On se piquait d’émulation 7. Il y avait des examens annuels pour chaque classe et, à la fin de l’année, chacun était obligé de répondre aux diverses questions qui lui étaient faites en présence d’une assemblée considérable d’étrangers, presque tous parents des élèves. Ces exercices avaient lieu sur le théâtre qui était assez grand, bien décoré et sur lequel on jouait des tragédies, des comédies, des drames et des opéras. Il y avait aussi des ballets fort bien montés en bons danseurs de sorte que dans ce collège on ne se contentait pas de donner une éducation soignée, sous le rapport des sciences, des belles lettres et des arts libéraux, mais encore tous les arts d’agréments y étaient enseignés avec distinction. Ce collège était, avec juste raison, reconnu comme un des premiers de France. Le directeur Monsieur FERLUS, en surveillait l’administration et les études avec un souci tout particulier ; aussi a-t-il été regretté de tous ceux qui l’ont connu. Nous ne tardâmes pas, mon frère et moi, à faire des progrès sensibles et à acquérir des connaissances que nous n’aurions jamais eues si nous étions restés dans les pensions où nous avions été précédemment. […….] Je fis là mes cours de littérature, de mathématiques, etc. . J’appris aussi la langue italienne et la langue espagnole. Cette dernière m’a été très utile ainsi qu’on le verra plus tard. Je devins fort sur tous les exercices du corps, pour les armes, la danse, l’équitation, la natation, la musique surtout que j’ai aimée passionnément toute ma vie et qui m’a procuré beaucoup d’agrément et des relations que je n’aurais jamais eues sans cela. Je jouais quelques fois sur le théâtre de Sorèze et j’étais toujours dans les ballets qu’on y donnait ».

               L'abbaye école reste sous direction des dominicains jusqu'en 1978, dispensant un enseignement imprégné par la religion et d'une rigueur assez militaire, héritage certes oblige, mais semble-t-il aussi toujours d'une ouverture d'esprit reconnue et d'excellent niveau… Peut être la pensée de Saint Simon n'est elle pas étrangère à cet aspect …La Pérouse, Arago, Gilles de Robien (? non noté dans sa biographie), Nougaro, Hugues Aufray, Julien Lepeers ou les frères Bogdanov sont d'anciens Soreziens…


               Avec quelques amis, dont un ancien élève, nous avons passé un week end étonnant dans ce lieu au charme austère construit autour d'un grand parc où se dresse encore une des 3 seules statues de Louis XVI non détruites en France... Un concentré d'Histoire, en somme…

Ecole religieuse et uniforme militaire, le sabre et le goupillon, quoi… mais l'oeil et le calot malicieux…
               Par ailleurs si vous êtes gourmand, vous pouvez déguster un vrai cassoulet, prétendûment le meilleur de la région, à l'Hostellerie Etienne, sur la commune de Labastide d'Anjou…