Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

Bienvenue

Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

dimanche 1 juillet 2018

Pas très Joyeux


    Vous intéresser à ce sujet en pleine coupe du monde n’est pas évident, et puis j’en ai déjà parlé dans ce billet, qui expliquait comment je m’étais fait piéger par une pétition qui masquait le combat anti vaccins d’un des anciens « patrons » de mes études. 

       J’ai aussi expliqué que si je garde tout mon respect pour l’homme que j’ai vu opérer, je suis aussi tout à fait opposé à la croisade qu’il mène contre les vaccins et son obsession pour le rôle, fondamental selon lui, de l’alimentation (certes en partie impliquée) dans la survenue des cancers. Il semble que certains esprits brillants galopent à la dérive sur le dada qu’ils enfourchent, sans doute dans une recherche de pouvoir dans un « créneau » particulier, si possible original, dont ils deviennent des gourous, et sans doute aussi de bénéfices financiers.

        Le conseil de l’ordre des médecins a voulu radier ce professeur arc bouté sur ses positions d’allure paranoïaque, mais cette radiation a été annulée par la chambre disciplinaire de ce même ordre, et d'ailleurs le copinage local semble suspecté par Michel Cymes dans cette volte face.

Michel Cymes + Marina Carrere d'Encausse= magazine de la santé



   Lequel Michel Cymes, qui était à la médecine ce que Bernard Pivot était à la littérature, quitte le Magazine de la santé, animé par lui avec talent, humour et pédagogie pendant des années, sur un coup de gueule auquel j’applaudis sans réserve.


jeudi 21 juin 2018

L'équipe et les coupes


Cette image est bien plus belle…

        Tout le monde sait qu’une équipe est bien plus qu’une somme d’individualités, aussi brillantes soient elles. Il faut que le courant passe entre ses membres, comme la cuisine a besoin de liants pour révéler les saveurs d’un plat. 

        Si vous avez suivi les rugbymen de moins de 20 ans, si vous vous êtes régalés à retrouver le french flair perdu par leurs ainés et avez admiré la solidarité inépuisable de leur défense, vous avez eu devant les yeux l’exemple d’une véritable équipe de copains. Leur pépite de demi d’ouverture (Carbonel) l’a exprimé les larmes aux yeux après leur victoire en coupe du monde: « on se connait tous depuis 4 ans (ce qui mine de rien représente 20% de leur jeunesse…), et ce tournoi va faire de nous des amis pour la vie » a-t-il déclaré avec émotion. Le secret se trouve probablement dans cette  dimension affective qui permet, à talent égal, de sublimer des joueurs qui vont tout donner pour « leur » équipe même s’ils ne sont pas choisis par leur sélectionneur pour disputer tel ou tel match d’une compétition. Si ce n’est moi, c’est donc mon frère…

      Cette solidarité sans faille, sans inimitiés, sans jalousie, fait partie des valeurs majeures que nourrit le rugby, où chaque joueur doit savoir depuis les poussins qu’on n’est rien sans les autres et que même 8 mastodontes peuvent exploser en face s’ils ne poussent pas exactement ensemble dans la mêlée. Cette valeur est constamment mise à l’épreuve au gré des changements de clubs, des entraineurs rencontrés et de leurs projets de jeu, des salaires versés, des blessures. Et les moins de 20 ans n’ont pas eu encore trop l’occasion de rencontrer ces risques en pleine lumière. 

      C’est aussi pourquoi cette valeur l’est beaucoup plus (mise à l’épreuve) dans un football professionnel aux salaires stratosphériques, où les exploits individuels sont portés aux nues par les médias. Les jeunes fans de rugby sont fiers de porter le maillot des All Blacks, pas de Brauden Barrett ou Kieran Read, ceux du foot portent le maillot de Messi ou Ronaldo.

       Je suis persuadé que Didier Deschamp a bien conscience de marcher sur les oeufs des susceptibilités chaque fois qu’il sélectionne ou refuse un joueur. Que c’est aussi pour ça qu’il a préféré d’emblée ne pas mettre dans son panier un talent reconnu comme Benzema soupçonné à tort ou à raison de porter un ver dans son fruit après une polémique durable. Mais ce sera chaque jour qu’il lui faudra vérifier chaque fruit un par un pour déceler d’autres parasites cachés. 

       Les journalistes bien sûr ne gâchent aucune occasion d’essayer d’en faire éclore quelques uns: et Griezmann n’était pas content de sortir, et Pogba répète qu’il est le patron, et Mbappé est plutôt décevant, etc… Tous les joueurs du groupe français sont de très haut niveau, aucun doute là dessus. Mais la coupe du monde ne sera pas la récompense d’un groupe. Et s’il reste un doute quant à notre capacité à aller chercher le graal, elle reste surtout pour moi dans la capacité de ces egos monstrueux à se fondre dans une véritable équipe. 
        On peut essayer de se rassurer en voyant ici certains liens qui unissent les joueurs de DD

… que celle-ci, non ?






mardi 5 juin 2018

Syndrome méditerranéen ?

N'exagérons pas…


         Un petit retour sur mon parcours professionnel m’est permis à l’occasion de cet article de France info, même s’il devient je trouve extrêmement difficile de donner un point de vue sans être assailli de critiques à la moindre virgule mal placée, au moindre mot  qui n’est pas parfaitement choisi dans une phrase.

       Inclure le « syndrome méditerranéen » dans un article stigmatisant les préjugés racistes supposés des médecins est ni plus ni moins faire un amalgame dont semblent malheureusement friands les journalistes. 

       Un syndrome est un ensemble de symptômes que le médecin cherche à regrouper pour faciliter sa démarche diagnostique. En plus des symptômes eux mêmes (douleur, difficultés à respirer, fatigue, boiterie, etc…), l’expression de ces symptômes représente ou bien  une aide ou bien un piège pour le thérapeute. 
     Le médecin débutant, peu expérimenté, aura tendance à se préoccuper en priorité des expressions les plus bruyantes. Celui qui hurle est censé souffrir plus que celui qui crispe son visage sans mot dire. Si l’expression du symptôme par le malade est proportionnelle à la gravité du problème, ce peut être une aide. « Il a trop mal pour ne pas avoir une fracture » Pourtant combien de radios ont-elles été prescrites pour de simples contusions ? Elles n’étaient pas pour autant inutiles, justement dans le but d’éviter l’erreur de diagnostic. 
       A l’inverse, le piège est parfois tendu quand la personne est « dure au mal » au point d’exprimer comme à regrets sa douleur comme un peu plus qu’une simple gêne. Je me souviens d’une ménagère corpulente venue me voir pour une douleur au poignet depuis une « petite » chute. La palpation de la main et du bras n’entrainait pas de réaction nette, son poignet était vaguement enflé, elle est repartie avec sa prescription de radio en portant un cabas de 2 ou 3 kilos, est revenue seulement 3 jours après avec une image de fracture nette…Je pourrais multiplier les exemples bien sûr.

      La hantise de nous faire piéger par les distorsions d’expression nous accompagnait en permanence. Et en acquérant de l’expérience, le contour du « syndrome méditerranéen » s’est progressivement dessiné, comme étant une présentation théâtrale des symptômes, pas forcément signe  de gravité. Je n’ai pas dit « pas signe de gravité », j’ai dit « pas forcément ». Rester très attentif était néanmoins obligatoire, le sentiment d’urgence créé par une dose d’ « hystérie », et si générateur d’angoisse, s’atténuait simplement. Autre souvenir quand jeune interne j'avais dû examiner à l'hôpital une mamma gitane qui se plaignait de toutes les zones de son corps, et j'avais cru malin de déclarer "avoir mal partout, c'est n'avoir mal nulle part" selon le précepte d'un patron qui avait voulu maladroitement nous donner confiance. Toute la famille me cherchait ensuite dans les services pour me faire ravaler ma réflexion "raciste" j'avais calmé le jeu en exposant la  batterie d'examens que j'avais malgré tout prévue pour elle…

      Mais pourquoi méditerranéen alors ? Peut être employer l’adjectif « latin » aurait été plus consensuel, car peu de gens nieraient que le mode d’expression des latins dans la joie, la peine ou la souffrance soit plus spectaculaire, bruyant et coloré que celui des anglosaxons par exemple. Mais employer le mot latin ou méditerranéen n’a rien à voir avec une stigmatisation raciste, il faudrait voir à ne pas tout mélanger. La mort de la jeune africaine citée dans l’article est une tragédie, une gravissime erreur médicale. Le racisme s’insinuerait clairement si cette personne n’avait pas eu les soins requis du fait de ses origines. 

       Mais si ses origines ont fait conclure à un syndrome méditerranéen et qu’on ne soit pas allé au delà de cette conclusion, c’est une très lourde négligence, le piège du faux ami que sait être la fréquentation de ce syndrome s’est refermé sur une erreur de diagnostic, qui n’a pas besoin du racisme pour être dramatique.





samedi 26 mai 2018

Billet flemmard

       On a bougé pas mal en avril-mai, et donc j'ai laissé le blog en sommeil, mais voici un petit compte rendu succinct…

        1

       Virée de quelques jours à Porto avec des amis. Pas de dépaysement intense, mais bonne ambiance, entre nous bien sûr mais aussi dans un pays accueillant, très amical, aux prix doux, certes privé comme chez nous de soleil dans cette semaine d’avril. 

        La pluie parfois soutenue nous a quand même laissé  des éclaircies nous permettant de déambuler dans ses rues en pente pour admirer ses églises et bâtiments mais aussi les sols (quel travail !)





, et les quais du fleuve Douro depuis le ponte Luis 1er


aller voir l’étonnante gare Sao Bento, célèbre pour ses azulejos


ou faire la queue pour visiter… une librairie, la superbe livraria Lello et son escalier monumental, avant de nous restaurer pour moins de 10 euros par personne dans des cantines locales bien tenues aux serveurs sympathiques et rapides.

L'escalier monumental de la librairie


   Le train nous a conduit une cinquantaine de kms plus loin jusqu’au charmant petit port d’Aveiro qui aurait profité comme nous de plus de soleil. La maison de Fernando Pessoa y abrite maintenant quelques expositions d’art moderne, 


et la spécialité locale est une pâtisserie plus jolie à voir que délicieuse à goûter, les « oeufs mous » à base de jaunes, d’huile d’olive, de farine et de sucre. 

 Un petit voyage en détente, donc, à conseiller aux budgets modestes. Et si vous aimez la musique, n’oubliez pas de vous laisser emporter par l’émotion, la « saudade » du fado comme dans ce morceau déchirant de Ana Moura 

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          2

         Traditionnelle semaine en pays de Sault ensuite pour ma quête annuelle de morilles cette fois avec mon pote F. Beaucoup de chercheurs mais un résultat quand même correct. Je ne vous le fais pas long. 



        Deux demies journées gâchées à récupérer nos chiens subitement dopés à l’odeur toute nouvelle pour eux et tellement séduisante des chevreuils et biches nombreux dans la zone. Heureusement aucun garde ne les a récupérés avant nous !

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          Cérémonies particulières enfin, en un lieu inattendu puisque nous étions conviés à Tenerife pour le mariage de la fille d’une amie de longue date. Elle est française et juive, lui est espagnol et hindou, nous avons donc eu droit à deux mariages à quelques jours d’intervalle dans la pure tradition de ces deux religions millénaires. 

         Porter la kippa durant la première n’a pas attiré sur moi la foudre d’un Dieu ayant flairé l’imposteur,  et le panthéon des Dieux de l’Inde était trop étendu dans la seconde pour que l’un d’eux se penche sur mon cas. J’ai donc dans les deux situations profité du spectacle où l’émotion et la joie des personnes directement concernées étaient communicatives.

            Cette île des Canaries ne sera pourtant pas une prochaine destination de vacances, tant les côtes sont saturées d’hôtels de luxe géants bien peu respectueux de l’environnement. Même si cet environnement est essentiellement caillouteux et fort pauvre en végétation. Nous n’avons pas exploré l’île en détail, ce qui nous aurait sans doute permis de dénicher quelques merveilles, nous contentant de traverser le parc national du Téidé,  impressionnant chaos de roches volcaniques arides dominé par le pic le plus haut d’Espagne (3718m). 

Pour avoir une idée du Téidé


           Une promenade en mer jusqu’aux falaises de Los gigantes   m’a permis de voir des poissons volants aux ailes bleutées de libellules, des dauphins, et surtout les célèbres baleines pilotes de Tenerife, qui sont des globicéphales tropicaux  plus proches en fait des dauphins que des baleines.




         

          Sur ce, je retourne dans mon hamac 😎

dimanche 18 mars 2018

Assises




    J’ai voulu assister pour la première fois à un procès d’assises et celui du « tueur de la gare de Perpignan »,  une affaire de viols et de meurtres particulièrement barbares ayant terrorisé notre ville pendant des années m’en donnait l’occasion. J’étais donc présent pendant un après midi de débats au 2è jour quand défilaient pour témoigner quelques anciennes petites amies de l’assassin. Mais je n’ai été admis que dans la salle de retransmission video, il n’y avait plus de place dans la salle du procès.

        La nécessité, si je voulais pouvoir y accéder un autre jour pour vraiment ressentir l’ambiance d’une salle d’audience, de faire une queue de plus d’une heure, plus le « programme » du procès qui allait bientôt aborder les crimes les plus atroces de l’inculpé m’ont fait ensuite me contenter du compte rendu quotidien (assez détaillé) des audiences par l’Indépendant. Bien peu familier du monde judiciaire, je vais sans doute faire un certain nombre de remarques que vous jugerez candides, mais peu importe, elles expriment mon ressenti.

Sur l’enfance de l’accusé: certes une enfance très misérable, mal aimée, mais parfaitement semblable à celle d’une soeur de l’accusé qui souligne que tous les enfants malheureux ne deviennent pas des monstres.

Sur la corvée et la douleur que peut représenter un témoignage: par le fait même de devoir dire simplement 30 ou 40 ans plus tard que l’actuel tueur sanguinaire leur avait plu, était capable de douceur et de gentillesse, même si sa violence était ensuite apparue, d’abord de façon hélas assez banale comme dans tous ces couples où l’homme frappe sa compagne. Un frisson rétrospectif  paralysant parcourait ces femmes et montait crescendo quand certaines devaient dire ensuite qu’elles avaient vécu un temps avec lui, et même eu des enfants du diable… 
         Le témoignage ensuite du fils le + grand de l’accusé, qui n’a pas vu ce « père » entre l’âge de 4 ans et l’âge de 25 ans, à qui on demande s’il a quelquechose à lui dire et qui implore sans être entendu « suis-je obligé de rester jusqu’au bout ? »
         Quand d’autres ayant échappé de peu à une mort horrible se voient plus tard replongées dans le  cauchemar d’agressions subies et parfois déjà jugées, comme cette femme poignardée sous un porche, ouverte comme un lapin,  obligée de  revivre une scène qui la hante et la persécute depuis 20 ans, on se prend à trouver ces demandes de témoignages inhumaines… Voir d’ailleurs cet avis d'une psychiatre sur le sujet.

Sur les questions qu’on entend poser à l’accusé de la part de la défense comme des parties civiles: je sais bien que le but était d’essayer d’extraire un semblant d’humanité d’un être à ce point abject, mais lui demander s’il avait des regrets ou si voir un autre homme accusé à tort à sa place l’avait perturbé, lui demander de regarder les photos de ses dépeçages puisqu’ils étaient « son oeuvre » avait quelquechose d’irréel et de tellement dérisoire… 
       De la même façon entendre l’avocat général s’opposer à l’accusé sur une date de prélèvement d’ADN en lui disant « ne dites pas ça à la cour, c’est faux » comme on gronde un élève menteur aurait pu être un gag si le contexte n’était pas si dramatique…ou encore, si le compte rendu est fidèle, quand ce même avocat général dit « Pour 20 secondes de plaisir, vous avez foutu une vie en l’air. Regardez-la », en lui montrant une photo de la victime dans sa jeunesse souriante. Qu’imaginer ? que le tueur en série s’effondre en pleurs suite à une subite prise de conscience dévastatrice ou bien qu’il dise « pfff, 20 secondes, j’espérais quand même bien plus ! » ??

Sur les désaccords entre les experts: Au delà de l’horreur totale qu’on ressent à l’évocation des mutilations, de l’acharnement du bourreau, l’énorme différence d’appréciation entre les experts sur le mode opératoire, qui a longtemps égaré l’enquête,(précision extrême comme par un scalpel, tracés comparables à ceux qu’aurait réalisés un chirurgien, 1h 3h de « boulot » en milieu éclairé et position anatomique précise) et l’assassin (ça s’est fait comme ça, de nuit, sous la pluie, j’ai pas réfléchi, environ 10 minutes, avec un « simple » couteau) reste pour moi totalement incompréhensible, pourtant cette question « technique » ne semble  pas troubler plus que ça la cour. Quand on  voit la difficulté qu’on  a parfois à découper « proprement » un poulet cuit, comment admettre sans chercher plus loin une extraordinaire habileté manuelle, à ce moment terrible, chez un barbare prétendûment seul (?) que son métier de cariste ne devait guère avoir préparée ??

      Pour certains experts les mutilations relevaient d’une recherche sadique de « trophées » quand pour d’autres comme pour l’accusé ces horribles pratiques ne servaient qu’à « essayer d’effacer les traces ». Quelles conséquences pour la condamnation à venir ? On voit mal la différence d’attitude que les jurés pourraient avoir selon les motivations du criminel…

      Cet individu aura bien sûr la plus lourde peine qu’on puisse délivrer selon la loi, inutile d’attendre la fin du procès pour le dire. Reste pour le citoyen moyen ce malaise diffus devant ces tentatives vouées à l’échec (hélas nécessaires pour l’éthique d’un procès) de comprendre l’incompréhensible horreur, ce qui se passe dans la tête de ces grands criminels dont ce début d’année nous présente une terrifiante brochette, de Rançon à Fourniret en passant par Lelandais et Daval. 
        Ce dernier, criminel « banal » en regard des autres, dont le corps de la femme a été retrouvé à moitié brûlé, a admis le meurtre mais nie y avoir mis le feu. … Peut être devra-t-on chercher alors la regrettable erreur d’un cantonnier ayant voulu supprimer un tas de feuilles mortes… 

        En attendant on pourra consulter pour avis spécialisé les suppôts de Daesh de retour de Syrie, bien formés aux mutilations, décapitations et autres bûchers…

vendredi 16 février 2018

A la cape





          Cette expression marine signifiant qu’on laisse le bateau soumis aux caprices des éléments semble bien adaptée à la situation actuelle du XV de France, quoique ce navire là est peut être carrément en train de couler… 

       Ce serait malheureux mais un peu normal que Guy Noves considère ces nouvelles défaites comme un baume sur sa blessure d’amour propre, après s’être fait virer comme un secrétaire d’état naïf  par un politicien hypocrite. Mais son amour du rugby est sans doute aussi fort que son orgueil. Croche pattes mis à part, il avait bien conscience qu’il ne serait pas le sauveur de la patrie. 

      Saint André, Noves, Brunel, même combat…perdu. Chaque entraineur a eu ou a des raisons d’espérer, qui devant l’abnégation d’une équipe en défense, qui devant pour une fois des attaques de 3/4 un peu mieux menées, qui devant le geste improbable de l’adversaire privant l’edf d’une victoire annoncée…

     M’enfin le safran et le gouvernail présentent des lésions d’importance, et garder un cap devient une gageure. Impossible de trouver une charnière qui tienne la route. Serin porté aux nues devenant 3 ou 4e choix, Machenaud, Dupont, Parra. ..  A l’ouverture on passe de l’extrême jeunesse (Jalibert, Belleau, faut donner leur chance aux jeunes) à la pré-retraite (Beauxis, au congélo depuis 6 ans, il apportera son expérience). 
       Au centre on met un tank, on l’enlève, on se demande si on va le remettre, et avec qui l’associer (le prince Fofana étant au tapis depuis belle lurette). A l’arrière même jeu de chaises musicales. Le pack est un peu plus stable, un peu plus de profils interchangeables, m’enfin à part Guirado, personne n’est très sûr de jouer le match suivant… Au point qu’on se demande si dans la cascade de blessures et de forfaits ne se glisse pas parfois le ras le bol de joueurs traités comme des pions, appelés pour un match ou deux  puis jetés comme des kleenex.


       Le même ras le bol qui a peut être incité ces jeunes gens à envoyer tout par dessus bord et faire après cette nouvelle défaite une bringue d’enfer au whisky écossais… Ce qui, (#balance ton porc mis à part) a quelquechose de rassurant : si le french flair a disparu, la 3e mitemps reste une tradition française assez performante dans l’excès.

samedi 20 janvier 2018

Lectures d'hiver


    Quelques mots aujourd'hui sur trois livres que j'ai particulièrement aimés, qui se détachent du lot de mes lectures cet hiver:


Vous connaissez peut être ? de Joann SFAR




         C’est l’histoire présentée comme vraie d’une manipulation dont a été victime l’auteur (surtout célèbre pour ses BD en particulier  Le chat du rabbin, aussi pour son film sur Gainsbourg) du fait de Lili, belle femme « rencontrée » sur facebook et qui va rester virtuelle presque jusqu’à la fin et montrer toute la force délirante que peut prendre l’imaginaire chez un solitaire fragilisé par des déceptions sentimentales récentes. Il a beau flairer une histoire à dormir debout au gré des identités intrigantes affichées par Lili, il se laisse emporter par les sautes d’ humeur et l’hystérie « amoureuse » de sa correspondante. Cette aventure virtuelle tumultueuse  dont il est le jouet mais qu’il alimente lui même avec complaisance lui permet étonnament nombre de réflexions non dénuées d’originalité sur… les juifs et les palestiniens. 

        En contrepoint (un peu comme la coccinelle des planches de Gotlib) les tribulations du même avec son seul compagnon réel du moment, son chien Marvin obsédé par un objectif unique: tuer des chats…

        Une écriture alerte à l’humour pimenté d’autodérision, un livre de touche-à-tout surdoué.


Courir au clair de lune avec un chien volé  Nouvelles de Callan WINK




      Si le titre de la première nouvelle, repris pour le recueil, n’avait pas suffi à piquer ma curiosité, les louanges distribuées par Jim Harrison et Thomas McGuane m’obligeaient à ne pas le rater. Cerise sur le gâteau, Callan Wink est aussi guide de pêche…

      Et effectivement les textes sont très prenants, avec une écriture simple, vectrice fluide d’émotions vraies comme j’ai toujours aimé chez mes auteurs américains favoris (les critiques cités ci-dessus mais aussi des maitres comme Carver, McCarthy, Fante ou même Bukowski)

     On y retrouve la nature, les grands espaces chers à J H, dans lesquels errent des personnages « du peuple », souvent perdus, comme désorientés, aux aspirations simples qui se heurtent pourtant aux rudes obstacles de contraignantes réalités. 

Le poids des secrets de Aki SHIMAZAKI




       Cette auteure canadienne d’origine japonaise raconte la même histoire dans 5 petits romans d’environ 130 pages, ou plutôt les vécus différents des éléments d’une même famille qui dans son histoire a connu les bombes atomiques, le grand séisme de 1923, les conflits avec la Chine et la Corée.


     C’est une merveille de délicatesse, de douceur, de poésie, de simplicité de style, tout en allant très loin dans l’expression des sentiments, des motivations, des conflits intérieurs de personnages. 

     C’est aussi  un aperçu assez net de la société japonaise et de ce mélange de contraintes traditionnelles, de respect, de politesse, de douceur, mais aussi de duplicité, et de crimes, qui surprend parfois les occidentaux sous un masque feutré. On apprend sur l’histoire du Japon, sur le poids de la famille, qui comme partout ailleurs cachent certains cadavres dans le placard, même quand celui-ci est parfumé par les camélias (Tsubaki) ou les myosotis (Wasurenagusa).