Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

Bienvenue

Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

vendredi 31 décembre 2010

Je voeux…

                   Meilleure année 2011 à toutes et à tous… Je vous souhaite une année où on ne réglerait pas le sort des marginaux en les expulsant,  une année où on ne piétinerait pas les acquis sociaux pour permettre l'accumulation des richesses de quelques uns, une année où les religions ne se crisperaient pas sur des positions fanatiques, une année où on respecterait aussi bien l'être humain que la faune et la nature…
              En étrennes je pourrais vous conseiller deux petits opuscules, réconfortants comme deux cafés serrés par jour de grand froid…
PS: clic sur les noms des auteurs, ce sont des liens, pour en savoir plus sur eux

Stéphane Hessel
Lopez Campillo/ Ignacio Ferreras


vendredi 24 décembre 2010

Les Pères Noël


         Noël est la fête des enfants, ce qui semble chaque année moins vrai, à voir les avalanches de cadeaux que s'échangent les adultes à cette occasion, dans une frénésie de consommation peut être attisée par la crise économique et son besoin de compensations festives… Quand des enfants sont très malades, Noël garde un potentiel de joie qui tient plus du rêve que des paquets cadeaux eux mêmes… En écrivant cette nouvelle (déjà publiée dans des revues littéraires), j'avais voulu, simplement, avoir une pensée pour eux…

samedi 18 décembre 2010

Les bancs de la fac (21-25)

21.

Costume de velours noir, écharpe rouge, les yeux fiévreux:

- Informez-vous ! La chine et l'ONU ! famine au Sahel ! tout sur les luttes ouvrières !

Avisant celui-là,  première  année,  le  dos  voûté,  regards  en douce...

- Trois francs seulement ! Pour savoir ce que nous cache le pouvoir ! Ca ne t'intéresse pas, la famine au Sahel ? Oui, toi, futur médecin ?!

- C'est à dire que moi, euh! c'est un peu différent, je ne suis pas d'ici, je... je viens de l'Aveyron...

Petit patapon.

22.

8H: le navire tangue et roule, donne du nez dans la houle qui se brise en déferlantes croisées.  Dispersé aux points stratégiques, le carré des officiers:

- E - 0 - A - OU 

Tous en choeur:

- E - 00 - A - O-OU

L'équipage en entier:

- LE - OCHO - AO- COU

Le pont avant, face aux embruns.  Deux mutins chevelus battent en retraite, se prennent les pieds dans les écoutes, et les fils du micro:

- LES GAUCHOS A MOSCOU !!

8H 05: cours de physiologie politique.

 23.

Il a mis toute une journée à s'installer, en sifflotant.  Il a réparé son lit, nettoyé l'armoire, calé la table, désinfecté le cabinet de toilettes.  En débouchant le lavabo, il s'est aperçu qu'il n'aurait pas d'eau chaude.  Eh bien, est-ce qu'il avait besoin d'eau chaude ? Est-ce qu'il n'avait pas vingt ans, une bourse plate et un corps résistant ?

Il a dormi comme une souche, sur le sommier cassé, la main tendrement posée sur son traité d'embryologie...

24.

Tout de blanc vêtu, le Dr Sherlock Holmes franchit la porte de la chambre.  En un éclair, il note:

- table de chevet: bouquet de fleurs, bonbons, photo d'un homme d'âge moyen, crachoir en carton, liasse de dessins d'enfant.
- lit: nouvel Observateur, layette rose, femme d'âge mûr, chaîne dorée et petite croix autour du cou.
- pied du lit: babouches presque neuves, en cuir.

Il en déduit:
- institutrice, veuve, bientôt grand-mère d'une petite fille, très entourée par sa famille.
- croyante et de gauche.
- problème pulmonaire.

Restent les babouches: dernières vacances au Maroc, ou cadeau des enfants ? Délicat, les babouches...
Il ressort aussi sec, tombe sur le Dr Schweitzer, qu'il gratifie d'un clin d'oeil complice, l'un comme l'autre souhaitant préserver l'incognito.

25.

- Alors, mame Becque, votre étudiant ?

- Oh! mame Girard, c'est un garçon RE-MAR-QUA-BLE, toujours poli, toujours gentil, et travailleur avec ça, c'est simple il ne quitte pas son bureau !

- Donc pas de regrets... Vous avez du cran, mame Becque, on ne peut pas vous l'enlever... J'avoue que j'aurais hésité à franchir le pas !

- Vous savez, Augustine, il est de Tunisie, ce n'est pas tout à fait pareil...

- Tout de même, moi franchement je vous tire mon chapeau.  Comme je l'ai dit à mes voisines...

- Et puis entre nous, d'ailleurs, son père est ministre ou quelque chose dans le genre.…

- Ah!… le fils d'un... C'est ce que je leur ai dit, il peut y avoir des gens très très bien... Exactement... Ça alors, la tête qu'elles vont faire, ces deux pies !

lundi 13 décembre 2010

Picass…iettes


                           Un couple de septuagénaires a déclenché une tempête dans le monde de la peinture en demandant aux héritiers de Picasso d'authentifier quelques 271 dessins dont ce dernier leur aurait fait cadeau…
                       Cette démarche à priori compréhensible chez des gens âgés voulant répertorier leurs biens en vue de leur succession (ah! oui, mamie, il y a aussi  les gribouillis de Picasso, que tu refusais pour la salle de séjour,  ça va être le loto pour les petits, complètement oubliés, ceux là…) a entrainé saisie des dessins et un procès est envisagé, les héritiers du peintre jugeant eux aussi à priori qu'il ne pouvait s'agir que d'un vol… Des as du plaisir rétentionnel, ces Le Guennec, attendre 37 ans quand la vente au marché noir de quelques uns de ces papiers leur aurait offert à vie 2 mois par an aux Maldives en 4 étoiles…
                 D'accord, 271 ça fait beaucoup, mais les études et brouillons de Picasso doivent bien se compter par centaines de milliers, et du point de vue d'un peintre même conscient de son exceptionnel talent, on peut se demander s'il en était à considérer chaque esquisse, chaque travail préparatoire, chaque chute de papier comme autant de reliques sacrées.… Peut être, après tout, puisque la légende rapporte qu'il aurait refusé de signer un dessin sur une nappe de restaurant, arguant qu'il souhaitait payer le repas, non acheter le restaurant… Mais un artiste de cette envergure savait aussi probablement que les ratés ou les hors-piste de son travail, forcément nombreux, pourraient en ternir l'éclat… Ce dont n'ont pas forcément conscience à posteriori ceux qui pour de l'argent trouveraient dans un pet du maître une expression insolite de son génie…
                      Méfiez vous si un peintre de vos amis dessine un mickey sur un bout de papier pour l'offrir à votre fille de 5 ans , s'il devient célèbre, elle risque 30 ou 40 ans après en le retrouvant au fond d'un coffre d'extraire en même temps une pelote inextricable d'ennuis judiciaires… Et si vous réparez une prise de courant chez une célébrité, emportez avec vous votre caméra et un magnétophone, ça pourra servir… A posteriori
                     Un résumé assez complet de l'histoire ICI

dimanche 12 décembre 2010

Naufrages



                         L'ïle Tromelin est un îlot désertique de l'Océan Indien battu par les déferlantes, responsable du naufrage d'un bateau clandestinement négrier au XVIIIè siècle… La cargaison humaine  du navire y avait été abandonnée avec quelques tonnelets de nourriture et la promesse qu'on reviendrait les chercher, malgré l'aide fournie par les esclaves à la construction d'une nouvelle embarcation qui allait permettre aux rescapés blancs de s'évader du piège … Irène Frain décrit cette aventure tragique et montre comment cet évènement a contribué à faire admettre au monde l'idée que l'esclavage n'était plus tolérable… La lecture de ce livre que je vous conseille m'a donné prétexte par ailleurs à me repencher sur une de mes nouvelles, traitant elle plus modestement de certains naufrages de la vie courante…
                             A ceux qui lisent ces nouvelles, n'hésitez pas à commenter, à me proposer des pistes pour les améliorer…

samedi 4 décembre 2010

K) Menu Kabyle


Coeurs de Palmier

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Steak berbère, figues kake et pommes de cactus

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Caravane de Déserts

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Café Maure

                                                            

mercredi 1 décembre 2010

Docteur n'abuse


         Une réflexion a lieu actuellement autour du prix de la consultation modulable en fonction de sa complexité… Nouvelle tentative pour sortir la médecine générale de l'ornière dans laquelle on la laisse s'enliser depuis des années ? Après nous avoir pompeusement nommés "piliers du système de soins", nous avoir épinglé le titre en chocolat de "médecin référent", avoir balisé un "parcours de soins" stupide, où le patient doit s'inscrire avec un médecin et non un cabinet médical, voici la consultation à géométrie variable… Qui sait, peut être la consultation mais pas la visite à domicile, puisqu'on a bien inventé l'augmentation de tarif pour certains actes, mais pas pour d'autres…
           C'est quoi la complexité d'une consultation ou d'une visite ? Personnellement, je n'en sais rien. Je parlerais de la pénibilité d'une consultation/visite. Et les raisons sont nombreuses pour qu'une consultation/visite soit "pénible" ! Difficultés à se faire comprendre, difficultés à se faire écouter, difficultés pour nous à comprendre, multiplicité sans cesse croissante des motifs de consultation, désinvolture et exigences des "patients", heures passées à tenter de joindre un correspondant ou un service hospitalier, paperasserie encore et encore à n'en plus finir…
          Certes un diagnostic pour une pathologie autre que banale, une conduite thérapeutique chez un patient qui cumule les ennuis de santé sont souvent complexes à mettre en oeuvre, surtout si une coordination est nécessaire avec des spécialistes ou l'hopital,  mais restent la moelle de notre métier, à qui se plaint de ces difficultés là on pourrait conseiller de changer d'activité. C'est avec plaisir qu'on passe du temps auprès d'un malade, le temps qu'il faut, pour détecter son mal ou affiner son traitement, et je ne pense pas que si seulement 8% des jeunes diplômés s'installent (et c'est bien pour cette raison que les politiques daignent se pencher sur notre cas…) ce soit par peur des maladies et des patients… Non, c'est bien plutôt par crainte de toutes ces pertes annexes de temps et d'énergie qu'impose la gestion d'un cabinet médical…
             Plus les téléphones pullulent, plus les correspondants sont injoignables et les boîtes vocales se multiplient, laissez un message, tapez 1 , tapez 2, tapez 3, vous souhaitez parler à Mr Dupont ? nous acheminons votre appel à Mr Darmon, quand ce n'est pas Mme Pontan… Docteur, il me faut un papier pour le kiné, l'ambulancier, l'arrêt de travail, la demande de cure, sur celui que vous avez fait manque une case à cocher on me l'a renvoyé… Docteur c'est la maison de retraite, la glycémie de MrX est de 2,5g vous changez la dose d'insuline ? alors il faudra passer, il nous faut une prescription écrite…Non, je ne sais pas quels médicaments je prends, des pilules sont rouges, d'autres bleues, mais on m'avait dit 10j de traitement, et le pharmacien n'a donné qu'une boîte, d'ailleurs c'est comme mon traitement de fond, j'ai pas les noms, mais certaines boîtes n'ont que 28 cachets, alors pour 1 mois je vais manquer des petits cachets ronds…  Docteur il me faut un certicat d'aptitude à la pétanque…Je pourrais multiplier les exemples à l'infini, comme déjà évoqué ICI
             Alors, quelle sera la consultation mieux rémunérée ? Celle où je dépisterai , certes peut être avec peine, par un examen complet chez un malade fatigué et amaigri,  une lésion profonde dans l'abdomen, qui entrainera prise de sang, analyse d'urine, échographie, puis scanner éventuel, avant chemin de croix spécialisé, cheminement en fait bien plus compliqué pour le patient que pour moi ? Ou bien celle de la grand mère venue consulter pour une simple bronchite fébrile, parce que la voisine insiste, et dont je m'apercevrai qu'elle vit seule, n'a plus de couverture sociale, pas de véhicule pour se rendre à la radio (à cet âge, ça ressemble à une bronchite, hum, mais elle consulte tous les 5 ans…), et présente des troubles de mémoire évidents , le tout nécessitant appel à l'assistante sociale, la secu, le taxi VSL, des infirmières, etc… tapez 1, tapez 2, tapez 3 ?
            En vérité j'ai bien peur qu'il n'y ait maintenant que peu de "consultations non complexes". Nous rêvons tous de brillants diagnostics effectués tôt permettant de "sauver" nos malades (et pas, je le précise, on se sait jamais, de trouver des maladies graves à nos patients !), même s'il faut nous replonger dans les livres pour débrouiller les symptomes, et nous passons 1/2h à faire déshabiller ce vieillard puis lui expliquer l'ordonnance qu'il n'a aucune envie de suivre, ou à examiner cet enfant hurleur dont le nez coule, lequel, vous savez, docteur, me pique une crise en se roulant par terre quand je lui refuse un kinder mais comment faire …
            La vérité est que pour bien gagner sa vie dans notre métier de généraliste, il faudrait "faire de l'abattage", ce qui est l'exact contraire de ce que devrait être la médecine. Une "super consultation" annuelle a déjà été créée, que personnellement je n'utilise jamais, considérant, sans doute parfois à tort, qu'elle ne serait que redondance… Mais la "consultation complexe" ne serait elle pas simplement un nouveau moyen pour ne revaloriser qu'un morceau de notre travail ? J'arrête, je risque de devenir parano…