Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

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Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

jeudi 16 septembre 2010

Pour 22€, le caddie est plein…

Cette " Chronique d'une consultation ordinaire" (je n'en connais pas l'auteur) est parue dans le journal "Le généraliste". Certes un peu caricaturale (mais vraiment à peine…), elle offre hélas un miroir assez net de notre exercice médical dans le contexte actuel … Je ne résiste pas au plaisir de vous la proposer…







                                 Chronique d’une consultation ordinaire

- Bonjour docteur, comment allez-vous ?
- Eh bien, çà va b...
- Parce que moi, ça ne va pas du tout. J’ai pas supporté le nouveau médicament contre la tension que vous m’avez donné la dernière fois. J’ai failli crever ! Si, si ! D’ailleurs, en lisant la notice, j’ai vu que j’avais tout ! j’ai repris mon ancien médicament. Il faudrait me mettre sur mon ordonnance les 4 boites que la pharmacie m’a avancées, j’ai pas eu le temps de venir vous voir. Et pas les génériques, ou je sais pas quoi, ils ne me font rien. Il faut marquer quelque chose sur l’ordonnance sinon le pharmacien me donne les génériques. Il dit qu’il est obligé. Et, pendant que j’y pense, le pharmacien m’a demandé des ordonnances pour ma mère: le lit médical, la potence, le lève-malade, le matelas anti-escarre, un siège hygiénique et mettez une canne, ça servira à mon père. Tout ça à 100 %, hein ?
-Mmmmoui, et à partir de quelle date ?
-Laissez, il marquera. Et puis pour les infirmières, il faudra une ordonnance aussi, pour la toilette et les médicaments. Elles m’embêtent avec ça depuis au moins deux mois. Je peux pas être partout ! Et puis, vous noterez pour passer la voir parce qu’elle n’a plus de médicaments. Oh, c’est pas urgent, je veux pas vous embêter, j’ai pris des boites en avance. Oui, à l’hôpital, ils ont changé les médicaments. Ils ont dit que c’était trop fort. Vous n’avez pas reçu de courrier ? Pourtant, ils ont dit qu’ils allaient tout vous envoyer.
- Votre mère a été hospitalisée ?
- Oui, vous la connaissez, elle attend toujours le dernier moment. Alors, comme vous ne pouviez pas passer, j’ai appelé le 15. Ils m’ont envoyé une ambulance et l’ont embarquée. Oui, si vous passiez la voir la semaine prochaine, sauf mardi, elle va chez la pédicure pour qu’elle se fasse rembourser puisqu’elle a une artérite. Et puis faites un bon de transport, on verra si ça passe à la Caisse. Ah, j’y pense! Ne venez pas non plus jeudi après-midi, elle va chez la coiffeuse. Vous verrez sur la table de la cuisine, j’ai une lettre qu’elle a reçue du Conseil Général. Je crois que c’est pour l’APA. Vous avez une partie à remplir, mais si vous n’avez pas le temps, prenez là, vous la remplirez quand vous aurez le temps et vous pourrez la poster. J’ai tout rempli ce qui la concerne et j’ai mis un timbre. Comme ça, vous serez payé.
- Bon, et on va regarder comment va votre tension
- Ah, un dernier truc, il faudra dire à mon père de boire moins. Je lui ai pas dit que vous alliez passer. Vous savez comment il est, il n’aime pas trop les docteurs. Mais moi, je trouve qu’il boit trop. Vous lui dites comme ça en passant. Moi,il m’écoute pas et son docteur lui dit rien.
- Ah bon, je ne suis plus son médecin ?
- Non, il s’est fâché quand vous lui avez dit de moins fumer à cause de l’emphysème de ma mère. Il a choisi le Dr Laclope. Il est gentil mais pas très énergique. Et puis pour les papiers, il manque toujours quelque chose ! Mais il fait des visites à la maison. Bon, c’est du vite fait, mais c’est pratique pour mon père qui veut pas perdre son après-midi à aller au cabinet médical. Vous savez comment sont les vieux, ils ne veulent pas attendre... D’un côté, je le comprends, il est remboursé !
- Bon, vous vous déshabillez, on va voir comment...
- Oh, c’est pas la peine. Y’a juste la tension à prendre et à donner une prolongation pour mon arrêt de travail. Il s’arrêtait hier. Il faut que je le poste avant cinq heures. Ils sont emmerdants au boulot avec ça.
-Vous pouvez peut-être reprendre votre travail ?
- Non, je suis trop fatiguée à m’occuper de mes parents. De toute façon, je suis convoquée par le médecin de la Caisse dans une semaine. Il va me remettre au boulot, donc autant me prolonger jusque là. Et puis après, j’ai mes vacances. Donc, ça tombera pile-poil. Ah, pendant que j’y pense, j’ai un frottis à faire. J’ai téléphoné à mon gynéco; il m’a donné rendez-vous en août. Je lui ai pourtant dit qu’en août, je serais en vacances. Il m’a foutu en décembre ! Alors, je profite que je suis là...
- Non, madame, cela ne va pas être possible aujourd’hui !
- Bon, c’est pas grave, on verra ça plus tard. Alors, j’ai tous les certifs, mon ordonnance, vous avez mis le « renouvelable , ah oui, c’est ma prolong’... Voilà, eh bien, je vous dis à bientôt.
- Euh, je crois... Enfin... Excusez m... Vous me devez 22 euros s’il vous plait.
- Ah l’idiote, j’allais partir sans payer ! C’est la meilleure ! On parle, on parle, et voilà ! Eh, j’ai oublié ma Carte Vitale ! Donc, 22 euros, 22 euros. Ah, vous allez rire, j’ai aussi oublié mon chéquier. Vous prenez pas la carte ? Non ? C’est pas comme au supermarché. C’est dommage, vous devriez vous y mettre. C’est le progrès. Bon, y’a pas de soucis. Mon fils passera demain ou lundi, et vous profiterez pour lui signer sa licence de foot. Vous savez comment sont les jeunes, c’est comme les vieux, ils veulent pas attendre. Il aménera ma Carte Vitale, vous n’aurez qu’à prendre la visite d’aujourd’hui.
- ......…………
- Vous avez un joli tournevis, docteur, c’est votre nouvel instrument de travail ?
- Non, c’est pour dévisser ma plaque. Vous m’avez convaincu. Je ferme. Trop, c’est trop.
- Vous arrêtez ! Ce soir ? Maintenant ! Ben ça ! Et mes papiers alors ?

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