Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

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Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

lundi 12 septembre 2016

Sherpasig




         J’ai eu la chance de faire connaissance avec Henri Sigayret il y a une vingtaine d’années, grâce à mon ami et associé Jean Paul, qui était son voisin. Jean Paul était et reste passionné par la randonnée en montagne, et avait tout de suite accroché avec Henri, au long passé d’alpiniste. J’ai fait de même, quand  pour moi les efforts en montagne permettent  seulement de pêcher une truite en lac d’altitude ou de cueillir quelques beaux cèpes.

         Henri n’est certes pas un alpiniste (et un himalayiste) comme les autres. Quand je l’ai connu, il  était rentré en France avec sa femme sherpa Danzi et leur fils Sonam après un accident cardiaque à haute altitude. Sherpa est le nom d’une ethnie nepalaise et non pas comme on le croit souvent celui d’un métier (porteur) même si bcp de sherpas vivent en l’exerçant. 
        Danzi, petite femme musclée très souriante, était émerveillée par notre monde, depuis l’eau courante jusqu’à l’ovni qu’était pour elle un four à micro-ondes. Née dans un village très pauvre de l’Himalaya (Pangboche), elle a peiné à s’adapter, et Henri a décidé de retourner au Nepal, à Kathmandou puisque malgré ses grandes qualités athlétiques la prudence après l’ infarctus subi lui interdisait désormais les séjours prolongés à ces altitudes. Il y est resté 20 ans.

     Sherpasig est un panorama de sa vie jusqu’à aujourd’hui. 

     Une enfance catalane (il est né à Banyuls dels aspres), un déménagement de ses parents à Grenoble, fondateur autant que ses rêveries d’élève dissipé, de ses goûts pour les montagnes si proches. Une passion pour la chasse aux chamois, lesquels, comme on dit pour les cèpes, ne se trouvent pas sur le parvis de l’église de Collioure. 
     Des éléments qui vont le conduire à s’enhardir dans des courses en montagne de plus en plus difficiles, jusqu’à se voir proposer des expéditions dans l’Himalaya mythique. Se considérant comme « invité », ce dilettante surdoué s’est ainsi retrouvé membre de la 2è expédition française ayant vaincu l’Annapurna après celle dirigée par Herzog. Le début d’une reconnaissance du milieu montagnard alpin et d’un battage médiatique pour lequel l’homme avait bien peu de goût. La gloire, l’utilisation tortueuse que pouvaient en faire les journalistes et les politiques, ne l’intéressait pas, au point que ces derniers tout comme ses pairs ont commencé sans doute à juger qu’il crachait dans la soupe et se sont méfiés chaque jour un peu plus de ce « révolutionnaire ». 
          Traquant les faux semblants, les miroirs aux alouettes, ce dernier aggrava son cas en prenant conscience de l’extrême misère du pays qui pour d’autres était terrain de jeu, ou prétexte à revendiquer un bouddhisme de pacotille épatant le bourgeois. Il se contenta désormais de quelques expéditions pour explorer des voies inconnues et/ou très difficiles d’accès, tout en s’investissant de plus en plus après sa rencontre avec Danzi dans l’aide concrète au village de sa belle famille (par ex électrifié par ses soins… et sa bourse en partie), faisant profiter Pangboche de ses connaissances professionnelles (il a tenu longtemps un bureau d’études de travaux publiques) 

      Les inimitiés qu’il commençait à collectionner atteignirent leur zenith quand il prit fait et cause au Nepal, et au Nepal seulement, il faut insister sur ce point, pour les maoïstes locaux, seuls capables selon lui par leur courage et leur droiture de lutter efficacement dans ce pays contre la misère et la corruption. Un paradoxe apparent pour ce grand lecteur capable de citer des pages entières de De Gaulle et admirateur de Malraux. Au point que, adversaire de nombreux politiques en place peu regardants sur les moyens, pour sa sécurité comme pour celle de sa famille, il se trouva contraint de revenir au pays, cette fois définitivement, après avoir donné à sa femme les moyens de gérer un lodge pour les touristes/randonneurs étrangers, et permis à Sonam de poursuivre des études en France.

    Lisez ce livre plein de verve et d’humour de ce monsieur attachant, sentimental, gentiment coquin parfois, très pudique sur des passages de sa vie plus délicats que certaines dalles ED (Extrêment Difficiles) comme la perte de contact avec ses 3 premiers fils, ou la mort de grands amis compagnons de cordée. Il est auteur d’une quinzaine au moins d’autres ouvrages dont de très jolies nouvelles montagnardes. 

     Cette très belle video de Christophe Raylat vous en dira un  peu plus aussi sur le personnage.


    Ceux qui s’intéressent à la politique peuvent aussi visualiser avec profit celle ci 



samedi 10 septembre 2016

Visa de courte durée



        Cette année j’ai « obtenu mon Visa » de justesse, puisque ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai vu pour la première fois quelques expos. La chaleur écrasante m’avait tenu à l’écart du Couvent des Minimes et des autres lieux d’exposition, transformés en saunas par la foule et les 35°. La chaleur et aussi les séquelles mentales des tueries qu’a connues cette année notre pays. 

         Pas la peur que l’évènement soit la scène d’un nouveau carnage, les précautions étaient nombreuses et bien organisées, non, simplement la difficulté plus grande à voir encore et encore la souffrance des humains partout dans le monde. L’avantage dans ces conditions caniculaires serait à la rigueur de pouvoir déguiser les larmes en gouttes de sueur, larmes d’empathie ou d’impuissance ou de honte devant tant de malheurs.

        Les images de Marie Dorigny  ou de Yannis Behrakis  ou de Aris Messinis  sur les migrants sont tellement poignantes, celles de Valerio Dispuri sur le paco, la nouvelle drogue qui ravage les bidons villes l’Amérique du Sud expriment tant de désespoir et de misère…

      Comme d’habitude dans Visa, quelques reportages permettent un peu de reprendre souffle. J’ai aimé pour ne citer qu’eux celui de Claire Allard sur les techniciens du spectacle, celui de Catalina Martin-Chico sur les nomades d’Iran

      L’ensemble est comme d’habitude de grande qualité. La semaine prochaine est réservée aux scolaires, j’aimerais être mouche pour voir les expos qu’on va leur proposer, et surtout les réactions des enfants.