Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

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Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

mardi 26 octobre 2010

Télémédecine



- Allo, docteur, j'ai très mal à la gorge et de la fièvre
- Oui, j'écoute, et  vous semblez bien peu en forme sur mon écran, c'est vrai, pouvez vous brancher la caméra et la diriger vers votre gorge en ouvrant grand la bouche ?
- ……
- Réglez la luminosité sur 4, voulez vous, et tirez bien la langue… voilà, je vois, c'est une belle angine blanche, pouvez vous vous palper le cou ici et ici (le médecin montre les endroits sur lui même) et aussi sous les bras à la recherche de boules, les sentez vous ? seulement une du côté droit sur le cou ? un peu douloureuse au toucher ? très bien, vous n'avez pas d'allergie connue ? pas de traitement en cours ? ok, j' envoye l'ordonnance par mail à votre pharmacien, vous aurez les médicaments d'ici 1 heure…







            La téléconsultation est autorisée en France. Le dialogue ci-dessus est caricatural. Il n'empêche. Je pense à mes professeurs pour lesquels une consultation médicale devait suivre un schéma immuable: interrogatoire puis examen clinique comprenant inspection, palpation, percussion, auscultation. Les oreilles pour entendre, les yeux pour voir, les mains pour toucher…

          Les examens complémentaires ne sont plus seulement comme le dit leur nom des "compléments", ils ont depuis des années maintenant tendance à se substituer aux oreilles, aux yeux et aux mains. Pourquoi passer dix minutes à différencier au stéthoscope des râles pulmonaires des râles bronchiques quand la radio donnera son verdict sans autre délai que celui du rendez-vous ? Pourquoi regarder avec attention une conjonctive oculaire quand une simple analyse de sang offrira bien plus de détails ? Pourquoi s'échiner à déceler un rein ou un foie à la palpation quand l'échographie ou le scanner sont à portée de téléphone ? Même les plus fins cliniciens ont tendance à se reposer sur l'imagerie, devenue tellement performante.… 


          Certes la télémédecine permettrait, si on souhaitait toutefois s'en servir  encore, les oreilles, les yeux, mais pas les mains… La statue dressée à la mémoire de la "clinique" par nos enseignants n'aura plus de bras…





         Ce qui n'empêchera pas le médecin d'avoir toujours lui même les siens liés par sa responsabilité…

         Et c'est dans cette marche manquant à l'escalier de la consultation que je vois se glisser le risque croissant de procédures…

          Par ailleurs on  dit que la télémédecine servira  à la surveillance de pathologies et de malades connus bien plus qu'à l'établissement de diagnostics. Elle est censée permettre la surveillance des patients isolés, des patients âgés, et réduire significativement nombre de coûteuses hospitalisations. Mais  se connecter au centre de soins nécessitera de savoir manipuler un ordinateur et savoir gérer les connexions à distance, autant que l'"oeil" de la caméra numérique portable. Donc indépendamment de l'écheveau technique, présence nécessaire d'un tiers compétent auprès de la personne âgée et malade, conditions qui ne me semblent pouvoir être remplies que par un soignant sur place, non béotien en informatique et techniques nouvelles, apte à entrer en communication avec l'"expert" à distance.

          Ne soyons pas passéistes, attendons de voir… La médecine générale s'oriente de plus en plus vers une médecine "de tri", et les compétences du généraliste servent de plus en plus à orienter les gens vers telle ou telle spécialité, que ce soit pour avis ou prise en charge ultérieure… Dans certains cas, je serais ravi effectivement d'avoir le "téléavis" du spécialiste, même en lui prêtant mes propres "mains" pour palper ou manipuler à sa place, sans négocier difficilement une consultation pour mon patient ou un bilan hospitalier…En passant de la consultation téléphonique donnée au conseil télévisuel reçu, peut-être pourrons nous même qui sait revendiquer un droit à rémunération pour cette tâche déjà depuis longtemps quotidienne et gratuite, où seule l'oreille est (mais tellement souvent) sollicitée…

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