Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

Bienvenue

Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

mardi 31 décembre 2013

X) Menu xénophobe



Melon au Portos

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Velouté de six crouilles 

ou 
Quenelle à la Dieudonné

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Rosbeef aux macaronis

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Ratonnade maison

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Café nègre

NB: on conseille un blanc sec avec ce menu

samedi 28 décembre 2013

Une nouvelle pour Noël




             Les incontournables fêtes dites de Noël restent une épreuve pour ceux qui à cette occasion ressentent douloureusement la solitude quand ils ne l'ont pas choisie. Le médecin connait bien cette période officiellement joyeuse et pourtant déprimante pour ses malades et ses personnes âgées, lesquels réclament parfois sa visite comme on gratte une allumette dans le noir. 

            Bien des vieillards sont maintenant chouchoutés dans des résidences modernes qui n'ont plus rien à voir avec les anciens hospices à la réputation déplorable. Bien éclairés, parés de guirlandes et d'arbres de Noël clignotants, ces véritables hôtels aménagés se déguisent en salles des fêtes et réussissent presque à représenter une ambiance familiale chaude et colorée. 

             Pendant ce temps, dans les HLM et les quartiers pauvres, nombre de "couples" comme celui de la nouvelle qui suit piétinent encore sobrement dans le gris de leur  quotiden. Ce texte, un petit signe dans leur direction, avait été publié en son temps dans la revue "Encres vagabondes" dont j'ai découvert qu'elle s'était transformée en site sur Internet.


dimanche 15 décembre 2013

Paris


                Une autre raison cette fois que le prétexte "culturel" bien connu du provincial pour nous rendre à Paris. La décision de notre fille d'y faire une expérience de vie et de travail. Hormis le choc de la voir préférer séjourner dans un placard à balais aménagé pour un prix supérieur à celui d'un F4 dans le Sud, rien à dire sur le choix du quartier, le 14è, propre et clair, riche en commerces et petits restaus sympas, lieu de travail à deux pas évitant la corvée de métro pluriquotidienne. 

                  Car c'est bien dans le métro qu'on voit combien la vie parisienne est gourmande en énergie individuelle. Tous ces visages comme blasés ou fatalistes isolés dans leur bulle, yeux rivés sur un livre ou un portable, oreilles asservies aux écouteurs, concentrés sur l'optimisation égoïste de ce temps passé au milieu des autres et pourtant vide de sens. Des solitudes agglutinées, lançant de temps à autre un regard furieux ou une courte injure en cas d'incivilités, banales et fréquentes... 

               Clémence de la météo, certes des jours frisquets, mais sans trop de vent et surtout quasiment sans pluie.

               Quelques échos pour qui voudrait s'y rendre.

• Encore quelques jours pour "L'art en fusion:" Frida Kahlo/Diego Rivera au musée de l'Orangerie jusqu'au 13 janvier 2014. Je suis personnellement plus sensible à la peinture de Rivera, des fresques somptueuses même si le thème en est lourdement militant, des portraits profondément humains, des couleurs chaudes à l'équilibre remarquable.

La marchande d'arums. Diego Rivera

Mais la peinture auto-centrée d'une Frida Kahlo souffrante, de son corps blessé comme de l'amour ravageur de son Diego géant, reste très émouvante, comme l'histoire de sa vie.

Frida Kahlo-Autoportrait


• Jusqu'au 20 Janvier "Le feu sous la glace": Felix Vallotton au Grand Palais  Au départ graveur, sachant utiliser admirablement le noir et blanc comme dans la scène ci-dessous que je trouve si évocatrice de son talent pour la gravure, il devient peintre en gardant les qualités du graveur qui permettent aux sujets choisis d'avoir une grande netteté de contours, et s'intéresse aussi bien aux paysages qu'aux portraits ou à des scènes d'intérieur autorisant souvent deux lectures. C'était un des rares peintres parait-il à avouer franchement que le nu permet surtout au peintre de se rincer l'oeil ! Magnifique exposition d'un artiste dont la renommée n'est sans doute pas à la mesure du talent.

F Vallotton-La manifestation


F Vallotton-Le dîner




• Vous aurez plus de temps, jusqu'au 20 Mars 2014 pour aller voir Brassaï, gratuitement à l'Hôtel de ville   Superbe ! Une exposition "cadeau" de haute qualité, comme celle vue l'an dernier.  Paris nuit et jour, Paris toujours, avec certains clichés déjà vus car célèbres, mais aussi une étonnante série de photos de graffitis creusés dans la pierre, graffitis dont il faisait l'équivalent des fresques retrouvées dans les grottes antiques. Et une capacité à faire vivre le Paris de son époque à travers des sujets à priori banals.
• Cette qualité à donner vie, et faire ressentir une atmosphère en photographiant d'apparentes banalités, il la partage sans doute avec beaucoup d'artistes (pour rester dans ce que j'ai vu pendant ce sejour, cf Vallotton qui peint une femme de dos rangeant son armoire !)...

F Vallotton- Femme en bleu fouillant dans une armoire



... mais en particulier avec Raymond Depardon, dont vous pouvez voir "Un moment si doux" au Grand Palais jusqu'au 10 février 2014 . Son reportage sur Glasgow en est un exemple parfait. 


Pour ceux qui comme moi ont une origine rurale, offrez vous ses DVD "Profils paysans", vous aurez une idée des rapports qui existent entre la campagne profonde et l'éternité…

              Un conseil pour toutes les expos payantes, si vous ne voulez pas faire le pied de grue dans le froid pendant 2 heures, pensez à réserver sur internet, vous réduirez la punition à une demi-heure.











jeudi 5 décembre 2013

On nous cache tout





Opéré de la prostate sortant incognito du bloc opératoire


                Tempête dans un verre d'eau. Le président avant d'être président s'est fait opérer de la prostate pour un adénome bénin sans le dire… Diable, on nous a caché cette information capitale… Une honte.
                 On croit rêver. Autant il est compréhensible que "le peuple" soit mis au courant d'une maladie présidentielle susceptible d'avoir des conséquences sur les décisions prises au sommet de l'Etat, autant le ridicule pointe à guetter le moindre accroc de santé d'un individu au prétexte qu'il est chef de cet Etat. Qu'on avertisse une classe que son professeur sera absent 4 jours car il doit subir une opération bénigne ou parce qu' il est grippé se comprend bien, les élèves doivent pouvoir éviter de se rendre en cours pour des prunes. Mais là ? "Un sujet qui relance la question de la transparence sur la santé du Président" dit France Info …

        Et, c'est écrit noir sur blanc (enfin, si l'autre débat sur la xenophobie autorise cette expression) Hollande aurait "caché"son hospitalisation: non seulement il n'en a pas parlé, mais c'était une volonté de dissimulation, pas un simple hors-sujet ! Petit cachotier ! quel fourbe !

         Certes, Pompidou exerça sa fonction en étant atteint de la maladie de Kahler, Miterrand souffrait terriblement de son cancer prostatique métastasé dans les os. Personne ne savait rien dans la plèbe. Quand on connait les modifications d'humeur possiblement associées à la prise de cortisone ou accompagnant certainement des douleurs osseuses invalidantes, comme le pronostic vital de ceux qui  sont victimes de ces maladies, pas besoin de longues explications pour comprendre combien il est fondamental que ces informations soient connues. Ce type, qui souffre le martyr au point de vouloir tout envoyer au diable, possède en main le destin d'un ou plusieurs pays. Soit. Mais est ce une raison pour exiger un bulletin de santé de l'Elysée quand son pensionnaire souffre d'une rhinopharyngite ou s'est coupé en se rasant ?

          Les journalistes semblaient vouloir un cours complet sur l'adénome prostatique, traquaient le moindre soupçon de langue de bois: définition, diagnostic différentiel, complications, suivi. Tout juste s'ils ne réclamaient pas les images histologiques d'une coupe de prostate au microscope… Dans les explications du professeur d'urologie interrogé, on sentait une pointe d'agacement bien légitime. N'a-t-on rien d'autre à faire que couper ainsi, sinon les cheveux, du moins les  poils pubiens, en quatre ?

           Une opération d'adénome prostatique est faite pour favoriser la miction, point. Et n'entraine pas de suivi particulier. En d'autres termes il faut juste laisser pisser.

samedi 30 novembre 2013

Impair et passe



         Pour ou contre la pénalisation des clients de prostituées ? Encore une occasion de marcher sur des oeufs en espérant éviter l'omelette…

         Bon, Marcel repère une accorte demoiselle qui semble avoir une raison précise de se geler dans ses escarpins au coin de la rue. Il l'aborde et ils partent ensemble. Un policier les suit, les attend. On ne la lui  fait pas, le chef de la police d'Oslo explique que c'est très facile d'être contractuel pour les PV sexuels.  Donc il dresse une contravention à Marcel qui ressort d'un appartement où la demoiselle, Eva, se rhabille. Marcel n'a pas su prouver qu'il venait juste réparer la chaudière. Marcel a commis un impair, et rentre chez lui en se demandant comment il pourra payer cette passe exorbitante en ces temps de crise, l'équivalent d'un salaire mensuel de professeur certifié stagiaire.

         Eva devra chercher une autre adresse pour exercer, ou tenter de soudoyer le policier pour éviter que ce genre de mésaventure, très mauvaise pour son commerce, ne se reproduise. Si ça devient trop compliqué, elle va fermer boutique, et postuler pour un emploi au supermarché local… Nan, j'rigole, elle va faire quoi, Eva ? Ben, j'sais pas, faut demander à son mac. Parce qu'elle a un mac, Eva ? Enfin, je veux dire, elle doit être et, si elle n'y est pas, va devoir être dans un réseau, quoi, elles seront une vingtaine, dans le même cas, et le chef du réseau, on le situe pas, il est même pas dans le pays, et la clandestinité, lui connait bien  par contre, pour lui et pour elles, donc c'est pas un problème, qu'Eva soit clandestine ou pas, du moment qu'elle bosse bien, hein…Les macs c'est bien pour protéger les filles, non ? Il va lui dire tu restes là, chérie, j'ai un gros carnet de contacts, et je vais mettre des annonces sur internet avec différentes couvertures (en qqs semaines les michetons seront au courant des intermédiaires à contacter) tu n'as rien d'autre à faire qu'attendre que untel (et seulement lui) te contacte pour les rendez vous, maintenant tu s'occupes de rien, je s'occupe de tout…

       Bon, Marcel lui a été échaudé, il cherchait juste une consolante et de la chaleur par ce temps d'hiver, et maintenant au lieu de changer comme prévu le canapé du salon, va devoir payer 1500 euros, on peut payer en 3 fois comme chez Conforama monsieur l'agent ? Ouais, il va laisser tomber, Marcel, c'est trop cher, toute façon, il est pas accroc, les sites pornos ça suffit largement et c'est gratuit le "in vitro", d'ailleurs les types qui ont les femmes "in vivo" dans les films, ils finissent l'épisode manuellement aussi la plupart du temps, alors…

         De temps en temps, Marcel est vraiment un adepte, dans ce cas il va se débrouiller, son carnet de contacts à lui n'est pas mal non plus, en peu de temps il aura compris les quelques étapes intermédiaires devenues nécessaires pour éviter les embrouilles. Et vogue petit navire…

         10% des Eva seraient dans le petit commerce, l'autogestion modeste, quoi… C'est parmi elles qu'on trouve sans doute les rares femmes qui prétendent avoir choisi, comme on dit en Afrique, de "faire boutique son cul, et gèrent en toute indépendance. Elles vont souffrir comme tous les petits commerces face aux supermarchés, je ne connais pas le pourcentage des Marcel qui visitent inconditionnellementt ces petites échoppes mais ça doit pas atteindre un pourcentage bien supérieur. Insuffisant pour renflouer les caisses de l'état à coups de 1500 euros, en tout cas.

         Les réseaux eux, rigolent et même doivent se frotter les mains, comme Carrefour chaque fois qu'un épicier local court à la ruine sous les taxes. A moi les nouveaux clients, et même les nouvelles "franchises".

         Je vous passe les détails.

         Mais peut être  dans ma courte analyse ai-je aussi commis un impair ?









mercredi 27 novembre 2013

W) Menu Waterproof


Etanche deux fois

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Fricassée d'homme grenouille

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Plonge de porc et grands fonds d'artichauts

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Gâteaux secs à l'abysse

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Epave au chocolat

jeudi 14 novembre 2013

Jours de Gala



            J'aurais pu vous parler de Canada de Richard Ford au thème pour le moins original, vous auriez pû apprécier les conséquences d'avoir des parents braqueurs de banque, ou bien de Au revoir là haut de Pierre Lemaitre.  

           Le premier est devenu depuis ma lecture prix Femina étranger, et l'autre, également après ma lecture (cette année je devais avoir le nez fin lol !) … un prix Goncourt de bonne tenue sans être à mon avis éblouissant, mises à part quelques pages somptueuses sur la boucherie des combats de 14/18, un roman qui a  le mérite de montrer les moyens tordus employés pour s'enrichir de la guerre.

           Mais je préfère vous parler de Gala, la muse redoutable, de Dominique Bona. 



              Non que Gala soit un personnage fascinant, encore qu'avoir été le grand amour d'Eluard, la maitresse de Max Ernst et l'idole indéboulonnable de Dali n'est pas à la portée de la première Nabilla (ve)nue. Mais parce qu'avec ce personnage un peu énigmatique, au corps prétendûment de proportions parfaites, au visage selon moi banal, peu expressif, aux petits yeux noirs de rongeur, on se promène dans l'extraordinaire pépinière d'artistes de l'après guerre de 14, où poètes et peintres devenus ensuite célèbres se connaissent, se cotoyent parfois de façon intime, alors que leur renommée est encore inexistante ou seulement balbutiante. 

                On les voit vraiment vivre et tâtonner pour construire leurs personnalités devenues celles d'artistes majeurs du siècle. Eluard, Breton, Soupault, Péret, Crevel, Tzara, Aragon, Ernst, Picasso, Dali, excusez du peu. Gala circule dans ce milieu, où les cerveaux sont en surchauffe avec les guerres et la révolution russe, elle est rarement appréciée par ces cercles d'intellectuels illuminés par le surréalisme et la politique, on s'en méfie sans bien expliquer pourquoi, son air un peu hautain et peu communicatif sans doute. "La russe" y est un peu méprisée tout en étant presque crainte. 
                 Après le faste de Dali à son zenith, beaucoup de journalistes évoqueront son appât du gain, alors qu'elle accompagne docilement des années Eluard dans un modeste appartement parisien, qu'au début de sa vie Dalinienne elle sera confinée longtemps dans une presque cabane de pêcheurs à Port LLigat, à vivre d'amour et d'eau fraiche. Certes quand Dali atteint une cote astronomique, elle devient une femme d'affaires redoutable. 
               D'autres insisteront sur son goût pour le sexe, alors qu'à l'évidence les fantasmes plus ou moins clairs d'Eluard ne sont pas pour rien dans son aventure avec Max Ernst, et que dire du voyeurisme et de l'"impuissance" revendiqués par Dali ? Elle était cultivée, grande lectrice depuis son enfance, encourageant sans cesse la poésie d'Eluard, la peinture de Ernst puis de Dali, sans jamais avoir manifesté pour autant de prétentions intellectuelles personnelles.

                   Elle n'a rien de très sympathique, ne serait ce qu'à voir le peu d'intérêt allant jusqu'au rejet sans pitié qu'elle montra vis à vis de sa fille, mais elle semblait surtout, et d'étonnante manière, inconditionnelle de l'homme avec qui elle vivait pourvu que celui-ci la porte aux nues et le montre. Ce qui pourrait selon moi la préserver d'être "récupérée"en porte drapeau d'un féminisme de combat. A la fin du livre, on  en sait plus sur Eluard, Breton, Aragon et Salvador Dali que sur Gala. Mais c'est bien sans doute le génie d'une muse de faire briller, même dans sa propre biographie, ceux qui l'accompagnent en restant elle même dans l'ombre.



mardi 29 octobre 2013

Apothéose



                   Encore une… Pas su résister… Car la possible dernière cueillette de l'année sera sans doute la plus belle. Nous étions trois, avec un tableau à peu près équivalent pour chacun à celui ci:



                  Ce Dimanche était jour de brouillard, et jour de chasse, deux raisons sans doute limitant l'affluence et nous avons du coup apprécié d'avoir programmé tout de même une sortie. Car petit Raphaël, encore trop jeune pour m'accompagner, allait avoir besoin de moi les jours suivants en période de vacances scolaires… 

                    Mais j'ai regretté de ne pas avoir l'appareil photo sur place (les Albères encore) car cette fois ces messieurs allaient par groupes (les fameux "claps") de 3 à 7/8 individus, "comme au bon vieux temps". De magnifiques clichés m'attendaient pourtant, autrement plus parlants. La montagne devient magique quand elle décide d'offrir brusquement ses bijoux sur un signe  invisible de la météo. 

                Vous citadins exclusifs parmi mes amis ne pouvez sans doute pas vraiment comprendre l'émotion que procurent ces offrandes de la nature… 

              Quand la brume se déchire à la faveur d'un rayon de soleil, que les hêtres si vieux semblent vous dire de faire silence et d'avancer avec précaution vers les zones moussues et tendres, vers de légers tapis de feuilles entre leurs branches mortes et les rochers, vous pouvez surprendre ces petites marmottes immobiles qui font discrètement le guet autour de vous. 
             Les plus beaux cèpes ont la taille d'un poing d'enfant, l'assise pansue et ferme, une tête ronde et veloutée tellement douce au toucher. Quelques jours avant vous étiez passé là, et le sol ne montrait que rocaille, bois mort, mousses vierges et terres plus ou moins ravinées. C'est le miracle de la poussée.            

          Vous sortez votre couteau à champignons (lame en arc de cercle, petite brosse de poils durs), vous arrachez délicatement le pied pour éviter de laisser pourrir la base en terre, ce qui pourrait contaminer le mycelium, puis vous pelez délicatement la partie terreuse, brossez consciencieusement les souillures restantes, et ce faisant votre regard qui s'est cru repu de cette première découverte se pose calmement sur plusieurs autres sujets de même élégance, incroyablement proches... Alors vous faites durer le plaisir, vous terminez lentement de nettoyer votre première conquête, sans pouvoir vous empêcher par des clins d'oeil furtifs, de vérifier que vous n'avez pas rêvé…

             Oui, citadins irréductibles, enfermés dans le manège illuminé et épuisant des villes, j'essayerai de mieux vous expliquer un jour ces merveilleux instants de grâce à condition que de votre côté, vous m'expliquiez comment vous faites pour vous en passer...


lundi 21 octobre 2013

Le cahier gris




                        Josep Pla est considéré comme un auteur majeur en Catalogne, un de ceux ayant le plus contribué à la modernisation et la diffusion de la langue catalane. Je ne peux évidemment pas avoir d'avis à ce propos, l'ayant lu en français et ne connaissant pas le catalan. Mais Le cahier gris est intéressant à plus d'un titre.

                       Il se présente comme un journal intime, qui couvre une courte période, du 8 Mars 1918, jour anniversaire de ses 21 ans, au 17 Novembre 1919, veille de son  départ à Paris comme correspondant du journal La publicidad. Il raconte (800 pages quand même!) ses faits, gestes, réflexions, rencontres pendant ces 20 mois. Il est fils d'une famille de propriétaires terriens plutôt aisée, et se partage entre son village d'origine, Palafrugell, et toute la région de l'Empourdan où il aime se déplacer, et Barcelone où il fait des études juridiques déjà depuis 4 ans. On a droit à de belles descriptions de paysages de la Costa brava, de quartiers de Barcelone, de gens de sa famille ou de gens rencontrés, des analyses de son état d'esprit d'étudiant désargenté (il essaye de se débrouiller sans aide), passionné d'écriture, obligé pourtant de se coltiner l'université dans des matières qui l'ennuient, des réflexions multiples sur la société catalane espagnole et la politique. 

                     On se dit d'abord que pour un jeune homme de 21 ans, la maitrise de la langue écrite, le volume des écrits, l'acuité des analyses, sont tout à fait stupéfiants. On s'aperçoit ensuite que Le cahier gris n'a été publié par Pla qu'au delà de ses 60 ans, après avoir été réécrit de nombreuses fois. Intrigué, le lecteur va chercher un peu de documentation, et apprendre par exemple que l'université de Barcelone a fermé à cause de la grippe espagnole en octobre 1918 et non le 8 mars comme le dit le premier article daté du livre, et que Pla a été envoyé comme journaliste à Paris en avril 1920 et non en novembre 1918 comme il le prétend à la fin. Soit, réécritures multiples, fausses datations, l'auteur ne doit pas se priver d'introduire la fiction dans le réel, et cet article le confirme au delà de cette oeuvre, Josep Pla est très difficile à cerner.

                   Cette "duplicité"se retrouve aussi dans ce journal, dans l'ironie subtilement distillée au fil des pages, la fausse modestie souvent palpable surtout quand il est question de littérature, les jugements de personnes parfois au départ très flatteurs pour finir assassins, ou le contraire… Mais l'écriture est souvent belle et simple, toujours proche du concret, cherchant l'émotion, la côte catalane espagnole vue par ses yeux donne envie de la visiter en suivant ses parcours favoris, le livre à la main, itinéraire que propose d'ailleurs ce site: la route Josep Pla . Certaines scènes de vie m'ont fait penser à des nouvelles de Maupassant. On réalise que malgré la proximité géographique avec la France, l'Espagne n'est  vraiment pas concernée par le drame de la guerre mondiale (où elle n'est pas impliquée, certes), et que sa guerre à elle est bien l'épidémie presque aussi meurtrière de grippe.  Les chahuts universitaires de l'époque n'avaient rien à envier aux nôtres, les étudiants d'alors refaisaient aussi le monde dans les cafés alors enfumés, les maisons closes étaient un exutoire plus banal et courant à la libido d'une jeunesse cadenassée par la religion. 

                Un lecteur plus au fait de l'Histoire catalane du début du XXè appréciera sans doute plus que je ne l'ai fait les portraits (pour moi un peu artificiels, peu visuels) de personnages en vue dans le Barcelone des cercles d'intellectuels et les enjeux d'alors entre les noucentistes  de Pompeu Fabra  et Eugenio d'Ors . et les courants adverses.

                   Des études d'avocat, pour finir par être journaliste, Josep Pla n'est encore une fois pas là où on pourrait l'attendre. Il est à chercher quelque part dans les 30 000 pages qui constitueraient son oeuvre complète !

mardi 15 octobre 2013

Une dernière, pour la route



          -  Ça va bien, maintenant, on le sait que tu peux trouver des champignons !

          -  Pas que les cèpes, dans la vie, quand même !

          -  Si encore tu donnais les coins avec précision !

           Oui, bon, j'ai compris, faudra passer à autre chose dans les prochains billets. Ça tombe bien, car la fin de saison approche. Avec même une sortie bredouille, quelques jours avant, vers le col d'Ares, échec dû à ma méconnaissance de cette zone que je fréquente peu. Mais quand même, une (dernière?) petite photo pour mon ami dit "le persifleur" (qui se reconnaitra), lequel prétextait une tendinite achiléenne plus sévère que la mienne pour ne pas nous accompagner de nouveau à l'Ouillat alors qu'il pensait tout haut:

           - Pfff, cette semaine il n'est pas tombé une goutte, il y a même eu de la tramontane, et puis un Lundi, tout le monde a ratissé les zones pendant le week end de toute façon

           Certes la tramontane a soufflé un jour ou 2, mais il y a eu du marin, et avec le marin le col de l'Ouillat baigne dans une brumisation la nuit et le matin. Quand le soleil réchauffe ensuite le sol, on peut encore chercher fortune, même les Lundis, pour peu qu'on s'écarte des endroits les plus fouillés. 

           Bien sûr les genoux, les chevilles et les… tendons ne sont pas à la fête, et la récolte n'est pas monstrueuse, mais le soir, on s'endort comme  des bébés…

        
Châtaignes grillées, tarte aux cèpes, clémentines, c'est ok pour le dîner ?

mercredi 9 octobre 2013

… Et continuer à grimper



             Cette fois dans la réserve de la Parcigoule à Prats de Mollo, zone qui, selon un autre chercheur, et son allusion perfide à la terrible menace du "garde" dans cette nature sans doute en péril, ne supporte plus non plus la présence d'une petite chienne fût-elle fille de chiens bergers de moutons… 

             Je n'ai vu aucun panneau concernant cette interdiction toujours pour moi aussi absurde et injuste. Si c'est pour conduire avec une laisse un animal autour de trois maisons, un sac en plastique à la main en cas de besoin naturel subit de ce dernier, Diva sera hélas ma dernière chienne. Quand je pense au reportage vu hier soir sur les cités de Marseille minées jusqu'aux caves par les traffics de drogue et d'armes où les policiers n'entrent qu'en extrême urgence, armés jusqu'aux dents et équipés de gilets pare balles, où des gosses de 12 ans se voient offrir 50 euros par jour pour signaler une voiture, on voit à quel point ce monde est tombé sur la tête… Empêchez nous de promener un chien dans 2500 hectares de forêt, ça c'est de la justice bien comprise.

             Le lieu est toujours aussi beau. La nature est en retard cette année, donc les photos que je vous présente ici datent un peu, c'était en octobre aussi, quand la palette des couleurs d'automne était plus complète.





             Les cèpes y sont  magnifiques, même s'ils se montraient hier avec parcimonie. Ce sont des "Pinicola" à belle tête brune virant vers le rouge. Je me suis bien habitué au "no kill" en pêchant la truite (relâcher les prises), peut- être vais je me contenter bientôt de seulement photographier les plus beaux cèpes…







            Une amie m'accompagnait, je jure que la photo suivante n'est en aucune manière un glissement sournois vers quelqu'érotisme champêtre mal venu (lol) . J'ai pris cette photo car ce champignon est assez rare, et cet exemplaire est un superbe specimen ( possiblement atteint toutefois de maladie de Lapeyronie ) de "phallus impudicus" (pléonasme ? que serait sinon selon vous un "phallus pudicus" ?) 

           Quand vous prenez comme je l'ai fait cette photo de près, vos narines comprennent immédiatement pourquoi son deuxième nom est le "satyre puant"...


           

lundi 7 octobre 2013

Battre la campagne…


                  Beaucoup de monde au col de l'Ouillat ce samedi. Pour des tas de raisons leur appartenant, personne parmi une douzaine d'amis intéressés habituellement par la cueillette n'était disponible. Il est vrai que je n'avais pas sonné le rappel pour tout le monde également. Bref, une sortie solitaire. J'ai moins de goût qu'avant pour les explorations solitaires. Il faut dire qu'"avant" ma curiosité était insatiable pour de nouvelles pistes, de nouveaux coins, je voulais connaitre le département comme ma poche, et j'écoeurais même parfois mes compagnons à vouloir profiter jusqu'au bout d'un jour de liberté quitte à finir sur les rotules, résultat ou pas. L'âge y est sans doute pour quelquechose, après avoir crapahuté 2 ou 3h dans des pentes peu productives, j'ai moins d'énergie pour remettre le couvert à 30 kms de distance au prétexte qu'il n'est que 14h… 

             Donc j'arrive au col de l'Ouillat et le nombre de voitures (étonnamment beaucoup de gros Nissan ou Mercedes ou monstres coréens 4*4, moins de fourgonnettes, on est plus riche les Dimanches sans doute) signe la poussée. Le clin d'oeil du jour, c'est que les poussées qui survenaient avec régularité en semaine quand j'étais en activité, me laissant piaffer d'impatience jusqu'à mon jour de congé, se font maintenant le week-end… Mes meilleurs coins sont tous dans la partie la plus éloignée de la piste, sur laquelle un nouveau panneau affiche, à peu près en son milieu, interdiction pour tous véhicules à moteur…  Cette fois j'ai pu emmener ma chienne (voir précédent billet) mais je n'ai aucune envie de me coltiner 5 ou 6 kms à pied avant de fouiller les crêtes et les ravins prévus… La barrière accompagnant le panneau est ouverte, je considère ça comme un feu vert. Les cèpes sont beaux, frais, bien fermes...

Fleur isolée




            Au bout d'une heure ou deux, je commence à gamberger. 

             Quand on est seul, on laisse vagabonder aussi son esprit. Je pense à beaucoup de choses, entre autres au virage qu'a pris ma fille en quittant son amour d'adolescence, lequel et laquelle remontent à une douzaine d'années, et en décidant de s'installer à Paris. Ma femme a ressenti le manque de nos enfants dès qu'ils ont quitté la maison. Le grand n'habite qu'à dix kilomètres, ma fille était à Montpellier, où j'ai fait toutes mes études, autant dire qu'à mes yeux ils étaient toujours là, et ce n'est que maintenant que j'ai l'impression bizarre de perdre un peu ma fille. 

            Je suis obligé de m'arrêter une fois ou deux pour reprendre souffle dans des pentes auparavant gravies en une fois, je me dis qu'un jour peut être le parcours s'arrêtera là entre une pierre et deux hêtres, et j'aimerais autant que ce ne soit pas aujourd'hui (certes, je n'y crois pas vraiment…) … La tramontane, supportable, commence à ronfler dans la hêtraie et ma chienne n'est pas sereine, en alerte avec ces frissonnements de feuilles et ces craquements de bois mort. Elle grimpe sur le moindre rocher, oreilles dressées, tous sens en éveil.  Je commence à m'interroger sur les risques éventuels de PV, si le panneau a priorité sur la barrière, qui rendrait le kilo de cèpes exorbitant… La parano me guette, j'ai croisé en venant sur les lieux un ou deux 4*4 de chasseurs, puis plus personne, alors que dans la première partie de piste, une voiture était garée tous les 50 mètres. Il ne manquerait plus qu'ils aient refermé la barrière, ou qu'un abruti crève mes pneus, cf la mésaventure, subie par un chercheur dans notre département, relatée dans le journal. 
          Mon plaisir finit par s'affadir, un coup d'oeil à mon filet, assez correctement rempli, mais bien éloigné des cueillettes record de certaines années, et je décide de rentrer. Diva la chienne aussi a un peu moins d'énergie, j'ai l'habitude de la laisser courir tant que je suis sur une piste tant elle a besoin de se dépenser, cette fois elle perd un peu de terrain sur moi vers la fin, et saute dans le coffre où elle va rester couchée ou plutôt affalée sur le flanc pour le retour.

Fleurs en bouquet


               Le lendemain Dimanche, j'opte pour le Vallespir car il est plus abrité de la tramontane et parce que je suppose l'affluence excessive au col de l'Ouillat. Un ami avait réussi une petite cueillette le vendredi juste avant la pluie. Mais messieurs les cèpes avaient  décidé de prendre leur temps, et il faudra quelques jours sans doute pour une nouvelle poussée. Girolles et pieds de moutons ont remplacé les seigneurs au pied levé. A suivre…

mercredi 2 octobre 2013

Le cèpe se mérite


             Depuis la crête dite du Pla Segala, à un peu plus d'une heure 1/4 de franche grimpette depuis le col de Mantet, vous pouvez par temps clair voir le Canigou d'un côté 


Le Canigou

et (je pense, corrigez moi en cas d'erreur) le Peric de l'autre. 


Le pic Péric au fond (?)


            C'est toujours une de mes destinations favorites pour une recherche de cèpes, lesquels sont toujours bien fermes, parfumés et la plupart du temps exempts de vers, sans doute du fait de l'altitude et de la clarté des sous bois en bordure de crêtes.

               L'air y est extraordinairement pur, cette fois pas un souffle de vent, aucune averse, et le soleil plus calme en cette saison ne vous dessèche pas sur place. Nous n'avons pas vu âme qui vive, ni même cette fois le moindre troupeau. J'ai regretté l'absence de ma chienne, si heureuse dans la nature, et qu'un règlement selon moi excessif interdit dans cette zone. C'est pourtant un bâtard "berger de moutons", mais mon chien précédent, un labrit des Pyrénées, s'était déjà fait refuser, même si j'avais fait remarquer par dépit au garde qu'il était sans doute plus "du pays" que lui même… Quand vous arrivez en crête, une longue liste d'interdictions est d'ailleurs affichée sur une pancarte en bois, et, au départ du col, alors qu'une piste superbe rejoint Prats de Mollo, elle est bien sûr interdite aux 4*4 non ONF… Trop d'interdits prétendant protéger la liberté vont la tuer, c'est certain, retournons en ville nous entasser dans les bars, les parkings et les supermarchés…

               Bizarrement, la "retraite" professionnelle semble multiplier les tâches annexes auxquelles on échappait facilement sans doute grâce au bouclier prétexte du travail. Les caprices de la météo décidément déboussolée aidant, les sorties champignons que j'imaginais multiples et décomplexées du fait de mon fameux "temps libre" se révèlent cette année plutôt rares … Et habituellement, il est bien trop tard le 1er octobre pour prétendre rapporter une cueillette à 2000 m d'altitude…

               Mais l'étonnante chaleur de Septembre après celle  plus habituelle d'Août nous ont incités, 2 amis et moi, à tenter le coup, par une journée de beau temps limpide. Il avait plu quelques jours avant. Nous n'avons pas battu de record, mais avons réussi chacun un demi panier de specimens toujours aussi bien formés et denses, même si, solitaires, nous obligeant à des zigzags gourmands en énergie dans la pente, ils étaient loin de se rendre facilement. Comme mes meilleurs endroits étaient somme toute assez peu productifs, nous avons opté pour un retour différent de l'aller, que je savais fort pentu par endroits, mais également généreux certaines années. 

           Hélas le bois avait bien changé depuis ma dernière visite il y a 2 ou 3 ans, les buissons de rhododendrons étaient devenus très envahissants, les arbres morts d'une forêt saccagée par les intempéries des derniers hivers transformaient ces pentes en parcours du combattant. Quelques girolles et roubillous nous lançaient parfois un clin d'oeil qui ne rassurait pas forcément mes compagnons, lesquels commençaient à craindre "de descendre trop bas et rater la piste", questionnant de plus en plus souvent mes capacités à les ramener à bon port. Sans souci par rapport à la fameuse piste, dont je savais que nous ne pouvions la rater vu la conformation de la montagne, j'étais avare de réponses car en revanche j'étais beaucoup moins sûr de descendre au meilleur endroit pour les champignons tant le sous bois me semblait changé… Restant dignes, mes compagnons n'en étaient pas moins légèrement anxieux, car les gros nuages blancs comme d'habitude en fin d'après midi, montaient lentement de la vallée…

             En atteignant la fameuse piste, j'ai pû constater, secrètement désolé, que nous avions peut être effectivement raté la zone la plus favorable d'une centaine de mètres, et nous avons aussi constaté, à notre fatigue et cette fois tous les 3, que se coltiner 7h de crapahut entre 1700 et 2200m d'altitude sans entrainement autre que des matinées de plage et de baignade en Août, était sans doute un peu présomptueux, même pour des retraités primesautiers dans notre genre.…
   

Vérifiez bien avant de vous appuyer sur l'arbre que ce geste un peu irréfléchi n'est pas interdit.

dimanche 15 septembre 2013

Ouch !


                Il n'est pas fréquent qu'un livre marque son lecteur au fer rouge. J'avais ressenti cette brûlure par exemple en lisant Les Bienveillantes de Jonathan Littell .  J'ai failli abandonner Anima  à plusieurs reprises, tant certains passages sont difficilement soutenables. Et pourtant son originalité, son souffle épique et son intense poésie ont chaque fois eu raison de ma peur à retourner vers lui, comme si de s'être brûlée ne pouvait empêcher la main de retourner se coller à l'objet brûlant…

              Un homme, né au Liban et immigré au Canada, découvre sa femme victime d'un crime absolument horrible. Sa quête qui n'est même pas de vengeance (il voudrait simplement voir le visage de l'assassin se persuade-t-il) va l'entrainer à la poursuite de ce monstre, mais il va confusément et progressivement prendre conscience d'un enjeu encore bien plus profond (mais oui, c'est possible !) que l'intense douleur qui l'anime après l'horreur de la scène inaugurale. Si je vous dis qu'il est né dans les camps de Sabra et Chatila et qu'il n'en sait guère plus sur ses origines, je dévoile un fil rouge de sang, et vous propose une piste qui vous désorientera pourtant souvent, si vous avez le courage de suivre son odyssée à travers l'Amérique des réserves indiennes, de la guerre de sécession et des chiens de combat. Vous y rencontrerez, choix étrange et très original, un bestiaire étendu, de la fourmi à l'aigle en passant par les chats, les chiens, les oiseaux, les chevaux, les lucioles ou les rats, autant de narrateurs qui proposent leurs points de vue d'êtres vivants concernés par l'immense détresse des hommes, chacun étant le maitre sensible de courts chapitres balisant un parcours Shakespearien.

            Content, mais aussi au sens de soulagé, d'avoir réussi à finir cet ouvrage impressionnant, toujours écrit dans une langue superbe. 


mardi 10 septembre 2013

Visa 2013




              25è anniversaire de Visa pour l'image, festival du photojournalisme ayant atteint maintenant une dimension internationale. Cette manifestation au départ quasi confidentielle, sujette d'abord aux nombreuses critiques de gens lassés ou choqués par des photos traquant systematiquement la guerre et la misère à travers le monde entier obtient de plus en plus un consensus d'opinions favorables. Les sponsors suivent, et notre ville se fait connaitre dans le monde entier pour la qualité des reportages présentés. Plus grand monde ne boude Visa, les plus célèbres photoreporters se rendent au moins une fois dans le Roussillon, le public est chaque année plus nombreux, le succès d'estime est devenu succès tout court.

                 L'entêtement de son directeur JF Leroy à poursuivre ses objectifs de gratuité, de convivialité (rencontres entre photographes et public quotidiennement possibles la première semaine), de qualité, de pédagogie (la semaine des scolaires), lui a valu quelques inimitiés, mais bien plus de respect et de reconnaissance qu'il n'en aurait espéré, cet anniversaire l'a bien montré.

              Beaucoup de reportages sur la Syrie, bien sûr, le conflit le plus "actuel": selon moi le plus marquant étant celui de Goran Tomasevic  avec des photos incroyables de proximité dans des combats rapprochés. Pas de recul, toujours en première ligne, espérons qu'il ne paye pas ce parti pris ultra dangereux de sa vie.

                Magnifique reportage de Sarah Caron sur les femmes pachtounes . J'aurais aimé apprendre d'elle comment elle avait réussi ce tour de force dans un bastion taliban, mais n'ai pas pû me rendre à sa conférence.

               Les "restaveks"de Vlad Sokhin sont également très émouvants, ces enfants de familles misérables en Haïti placés dans des familles aisées et… transformés en esclaves par ceux qui sont censés leur assurer une condition meilleure. 

             Pas beaucoup d'endroits où respirer sans opression, certes, si vous avez des petits enfants, seuls les lions de Michael Nichols pourraient offrir une récréation, tout en montrant aussi combien dans la nature la vie est difficile et dangereuse.

             Rétrospectives de maitres du genre comme Don McCullin ou  Joao Silva .

             Moins médiatisés que les guerres qui font la une, nombre de sujets ont été choisis avec soin, et permettent de lutter contre l'oubli, ou génèrent au moins une prise de conscience: les conséquences dramatiques de la crise économique en Grèce ou en Espagne, la tentative de "nettoyage" des favelas de Rio avant les Jeux Olympiques, le scandale des usines textiles au Bengladesh, dépourvues de toute sécurité pour des milliers de travailleurs misérables, etc…

            Visa pour l'image c'est jusqu'au 15 septembre, vous avez encore le temps !

Le regard d'un SDF sur Don McCullin