Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

Bienvenue

Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

dimanche 31 décembre 2017

Bonne année

      Beaucoup d'entre vous connaissent sans doute, mais je ne résiste pas au plaisir de  vous proposer cette video:

      Je n'arrive pas à vous la montrer directement sans vous obliger à cliquer sur le lien, mais je suis obligé d'en passer par là, peut être pour des raisons de droits (?)



Dinner for one (sous titrée en français): le souper d'anniversaire d'une vieille dame anglaise en compagnie de 4 de ses meilleurs amis… décédés, charge au majordome de les faire revivre de son mieux.








mercredi 27 décembre 2017

Noël du XV de France


- Limogeage de l'entraineur Guy Noves, c'est le cadeau de fin d'année ?

- Ah! je sais pas, demandez à côté plutôt…


- Pensez vous ! un simple hasard de calendrier… 
  Un bon article ici

mardi 5 décembre 2017

Fais gaffe, père Noël…



           Je ne sais pas vous, mais pour ma part je commence à être gavé par le marronnier des médias, chaque nouveau jour apportant sa dose de scandales sexuels, des affaires de pédophilie aux histoires de viol et de harcèlement. 

        Bien sûr voir des fauves démasqués, trop longtemps protégés par leur pouvoir ou leur statut social, est très important, encore faut-il ne pas tout mettre dans le même panier, sinon dire à une copine qu’elle est jolie nécessitera bientôt un avertissement préalable « ceci n’est pas du harcèlement », et le père Noël s’il est prudent devra refuser toute photo le montrant avec un enfant sur les genoux… 

        Un parfum « d’ordre moral » imprègne l’atmosphère de façon assez désagréable, reflet pâlot certes mais malgré tout peu engageant des jougs impitoyables faussement moralistes des pays totalitaires passés ou présents. La porte ouverte à la mythomanie  ou à des interprétations plus ou moins paranoïaques comme celle que j’ai tenté d’illustrer dans cette nouvelle.

lundi 13 novembre 2017

Coaching mental et rugby



     Après avoir vu et le test match France-All blacks et le match USAP-Grenoble, j’ai constaté une fois de plus l’importance du mental dans la performance d’une équipe, sans pour autant décoder comment se crée un cercle vicieux ou vertueux.

       Il est vraiment étonnant de voir une équipe aussi dominée que la France l’a été en première mi-temps mettre à son tour ensuite sous pression les mêmes adversaires pourtant très expérimentés, jusque là impériaux, ou bien une équipe de l’USAP passer 40 points au leader de proD2 15j après en avoir encaissé aussi 40 face au 3è de la poule…

        Le fait de jouer à domicile est classiquement un gros avantage et il n’est pas rare de voir A mettre une pile à B en jouant chez lui et recevoir la même ou pire au match retour chez B. On peut concevoir que le déplacement, l’ambiance d’un stade hostile, les provocations plus faciles des joueurs se sentant « chez eux », l’arbitrage parfois « à la maison »  facilitent ces écarts parfois spectaculaires entre matchs aller et retour, et expliquent de fameuses « remontadas ».

       Mais les matchs dont je parle au début ont tous eu lieu à domicile.

       L’EDF était sensée s’étalonner après des périodes de travail soutenu, avec une motivation à bloc, dans la perspective de la future coupe du monde à échéance de 2 ans, et s’est montrée apathique et comme soumise, on aurait dit qu’elle regardait les blacks, qui certes jouaient à la perfection, jongler avec la balle pendant 40 minutes. Un joueur a confessé qu’on leur avait « remonté les bretelles » à la mi-temps. 

       Quand on jouait mal au bahut, parce que l’ouvreur pensait à sa petite amie, les piliers à la colle de 2h qui suivrait le match, l’arrière au zero en maths qu’il devrait justifier devant son père, une bonne gueulante à la mi-temps pouvait suffire pour ressouder le groupe. Mais on peine à croire que des professionnels responsables, gagnant des sommes conséquentes, s’entrainant à longueur d’année, puissent réagir à des soufflons comme des gamins de 3è… Il faut croire que si, sinon les aboiements d’un Fouroux ou les colères d’un Laporte ne seraient pas devenus célèbres.

      Je vois mal le staff actuel de l’USAP entrer dans une colère noire contre ses joueurs (même si Arlettaz est du genre nerveux) pour transformer le jeu d’un groupe maladroit et désemparé en une prestation presque digne du top 14 deux semaines après. Mystère des matchs où tout roule ou au contraire rien ne va...

       L’EDF et l’USAP ont-ils un ou des coaches mentaux efficaces ? Les sports individuels font de plus en plus appel à des « spécialistes » de la psychologie, du tennis au ski en passant par le poker ou la F1. Mais une équipe est évidemment plus délicate à optimiser, au rugby c’est souvent 30 types dont il faut décortiquer le passé, les éléments charnières, les motivations, le fonctionnement, pour tenter d’obtenir des interactions positives entre ces individualités et un amalgame performant. Une vraie gageure… Cet article de rugbyrama montre un peu combien la tâche parait délicate . C’est bien pourquoi j’ai posé la question « coaches mentaux efficaces ? »

      Les Blacks font eux du rugby une vraie religion, depuis leur petite enfance, c’est grosso modo rugby pour tous dès l’âge de la marche, ce qui fait que 90% des ados interrogés répondent que leur plus grand rêve est de porter la célèbre tenue noire. On ne pourra pas rivaliser avec une telle passion, d’autant que (si l’anglais ne vous rebute pas) cet article du nzherald montre que les neozelandais vont parfois chercher très loin leur « amour du maillot »  aux frontières du nationalisme. 

      Mais après avoir éliminé, comme il faut souvent le faire quand un domaine est nouveau, les usurpateurs incompétents et autres gourous, ce qui passe par une filière peut être plus spécialisée que les formations actuelles (STAPS, cursus de psycho + compétences sportives, on voit ici que les voies sont un peu brouillonnes )  le coach mental compétent ne semblerait pas inutile pour limiter l’amplitude oscillatoire des équipes « à réactions » qui comme l’USAP ou l’EDF sont capables parfois du meilleur et souvent du pire.



mercredi 11 octobre 2017

Ne soyez pas influenzés




           Virus grippal= virus influenza d'où le titre de ce billet. Après lecture de cet article qui a rappelé au toubib que je reste qu’effectivement les réticences à se faire vacciner étaient relativement fréquentes, et pour de mauvaises raisons, j'ai eu envie de proposer un petit complément.

           Objection 1: « je n’ai jamais eu la grippe, alors je ne vais pas me faire injecter volontairement un virus »

      En fait on n’injecte plus depuis des années un virus entier même inactivé (tué), qui dans les premiers temps pouvait de fait être mal toléré par certaines personnes en particulier des asthmatiques, mais des fragments de plusieurs mutations de ce virus toujours inactivé (qui évolue sans cesse). On ne garde que des protéines de pouvoir antigénique (capables de faire sécréter nos anticorps de défense) et en aucun cas on n’inocule un virus actif. Et les asthmatiques sont d’autant plus concernés par la vaccination qu’ils ont un système broncho-pulmonaire fragilisé. Enfin ne jamais avoir rencontré la grippe, c’est comme ne jamais avoir eu d’accident, c’est une chance mais ne préjuge pas du futur.

          Objection 2: « je me suis fait vacciner l’an dernier, pourtant j’ai attrapé la grippe »

- il arrive comme cela s’est produit je crois en hiver 2015-2016 que le virus mute encore après la mise au point du vaccin. Son efficacité est alors évidemment en partie affectée, éventualité qui reste rare.

- plus souvent la personne qui croit avoir attrapé la grippe a souffert en fait d’une virose ORL et respiratoire « cousine » qui donne un tableau grippal mais n’est pas la « vraie » grippe. Ces virus sont nombreux (adenovirus, rhinovirus, virus respiratoire syncitial…) et la majorité du temps bien moins dangereux que la vraie grippe. 

- Complique encore les choses le fait que ces virus sont souvent actifs en automne hiver, et sévissent en période de vaccinations, où certains se vaccinent en incubant par exemple un rhinovirus, ce qui entraine alors l’objection 3

          Objection 3: « je me suis fait vacciner, et ça m’a donné la grippe »

Et le patient ayant objecté 1 opine du chef en ajoutant « vous voyez ! »

          Non, n’oubliez pas que la grippe tue (près de 15000 morts en hiver 16/17, autant que la canicule de 2003). Ses attentats à elle sont discrets et peu médiatisés mais bien plus massifs que les attaques terroristes. Plus vous êtes âgé et/ou fragile, plus plus avez de risques de faire une grippe grave. Le vaccin n’est certes pas une assurance tous risques, il ne « marchera » jamais à 100%, mais il est maintenant parfaitement toléré et c’est une arme réelle dont vous auriez bien tort de vous priver (à exclure seuls les rarissimes allergiques à l’oeuf ou d’autres composants du vaccin). Il peut aussi en "bonus" en partie renforcer vos défenses immunitaires contre les rhumes et autres virus « cousins ».

       Pour aller plus loin dans la connaissance de la grippe, voir ici 

Mais non, c'est juste un rhube…

vendredi 29 septembre 2017

Le changement climatique, c’est au poker aussi…



         Dans mes activités ludiques favorites, maintenant que je n’ai plus de contraintes professionnelles, le changement de climat est palpable:















          • A la pêche, le comportement des poissons est de plus en plus erratique, et je trouve de plus en plus compliqué de trouver les spots favorables quand de longues périodes de vents forts, de direction changeante, perturbent et même annulent les séances,  quand la canicule d’été oblige à se lever de nuit pour tenter de profiter de quelques moments favorables au point du jour,  quand les poissons ne se trouvent pas aux endroits où ils se trouvaient traditionnellement selon les périodes de l’année. Quelques prises correctes consolent à peine des bredouilles fréquentes.















         •  La cueillette des champignons est une catastrophe: j’ai déjà expliqué avoir abandonné la passionnante recherche des truffes « sauvages » tant les périodes de sécheresse ont détruit le mycélium des truffières naturelles qui produisaient  avant, sans l’aide d’arrosages de la main de l’homme. Les cèpes et les girolles qui enchantaient nos mois de juillet et août en moyenne altitude sont aux abonnés absents. Restent les morilles au printemps, mais leur période de ramassage est bien courte, et le manque d’eau touche aussi de plus en plus cette saison.



 

           • Enfin le poker on line a lui aussi bien changé: il y a longtemps que je n’ai pas fait de billet sur le sujet, mais je m’amuse toujours un peu à ce jeu, même s’il m’est maintenant impossible de gagner plus que des clopinettes. Moi qui de temps en temps réjouissais les enfants avec une somme sympa, ou pouvais m’offrir un petit plaisir en suis réduit à me satisfaire de n’avoir pas encore ruiné ma cagnotte. Je me suis beaucoup interrogé sur cette évolution, en refusant l’explication de « trucage » qui révolte les forums de poker. 

- Les joueurs ont certainement beaucoup progressé, dans une proportion sans doute bien plus importante que moi qui pourtant  semble avoir étoffé aussi mon jeu, et appris au fil du temps à mieux décoder les pièges comme les situations favorables.

- Quand on retire comme je l’ai fait les quelques gains dignes de ce nom qui parsemaient mon parcours il y a quelques années, on se retrouve avec une ou des bankrolls ne permettant que de jouer des micros buy in, ben les champs de joueurs sont énormes et la variance aussi… Et ce ne sont peut être pas les joueurs ayant le plus progressé qui sont les plus dangereux dans ces compétitions.

Car les tournois restent mon  terrain de jeu exclusif, c’est peu  dire que le cash game m’ennuye, rien que d’en parler je baille. 

Mais je commence à m’ennuyer aussi sérieusement en tournoi, avec l’impression de battre chaque fois le record de longueur des séries de mains injouables. Avec LA grosse main suivante aussi séduisante qu’un colis piégé… Je veux bien admettre que ce soit  une fausse impression générée par le manque de réussite, qui doit extirper ma paranoïa de sa cachette, défaut que je n’ai néanmoins jamais jugé boursouflé chez moi. Chaque besogneux est persuadé d’être le plus malchanceux de la terre. 

On me dira que mon volume de jeu anémique devrait me faire taire. C’est vrai qu’il est ridicule (1 ou 2 tournois micro 5j/7 en moyenne) mais il l’a toujours été, même quand ça allait bien mieux, et mon pourcentage d’ITM reste entre 20 et 30%. Seulement ITM (In The Money) veut dire maintenant gagner de quoi s’acheter un carambar et jamais plus. Alors que, je n’ai pas rêvé, gagner un tournoi à 1 euro peut toujours en rapporter plus de 200… 

C’est comme ça, le temps change aussi au poker. A la limite je préfèrerais que ce soit « rigged » (truqué) ou qu’au moins on dise: pas de versement, pas de gain significatif, pas de bras, pas de chocolat, monsieur, vous êtes bridé, c’est un choix, nous ne sommes pas des philantropes…. Parce que se remettre en cause sans cesse sans trouver de réponse satisfaisante est désagréable…

Si votre panier de champignons était vide alors que le congélateur du voisin est plein, ou que vous relâchiez des bébés dorades quand le pêcheur en face en a pris trois d’un kilo, là vous sauriez que le climat n’y est pour rien, votre ego serait un peu froissé, mais vous sauriez que bosser le truc pourra vraiment changer des choses… Donc si vous au contraire gagnez plus qu’avant en micro sans "faire  du volume », je suis toute ouïe…



dimanche 10 septembre 2017

Visa 2017




          Cette année encore et pour  la 29e fois, Visa nous force à ouvrir les yeux sur un monde de fureurs et de misères. De moins en moins nombreux sont ceux qui critiquent ou détournent pudiquement leur regard de réalités qui semblent insupportables à vivre. Tous les reportages sont toujours de grande qualité, et si j’en relève quelques uns ce n’est pas pour les hiérarchiser mais pour souligner ce qu’ils apportent de plus que les « informations » accessibles pourtant quotidiennement.

        Ainsi le reportage de Laurent Van der Stockt sur la bataille de Mossoul  fait bien ressentir à quel point la guerre avec Daesh ne respecte plus aucun code et ligote les malheureux civils à l’exacte intersection des combats, là où se croisent les bombes, les tirs de snipers, les voitures suicides (700 comptabilisées !) et les exécutions arbitraires. Jamais la notion de « guerre totale » ne m’était apparue plus clairement. Dans la même veine, ce reportage impressionnant peut être complété par celui de Lorenzo Meloni sur la chute du califat  , et celui d’Alvaro Canovas sur la reconquête de Mossoul 

      Si (comme Trump ?) vous avez du mal à vous représenter le changement climatique et les menaces de la montée des eaux, Vlad Sokhin dans Warm waters  vous place le nez à quelques mètres d’un rivage que vous croyiez immobile de toute éternité mais maintenant menace l’étage de votre maison. Vous n’avez pas d’étage et vous n’avez qu’une cabane, n’avez pas d’autre endroit pour vivre ? heureusement vous allez construire une digue avec des matériaux de récupération…

      Je suis médecin, certes à distance de ma vie professionnelle, mais je lis encore des articles médicaux. Alors pourquoi ai-je dû attendre ce festival pour découvrir le CKDu, affection sans doute multifactorielle d’origine encore imprécise entrainant une gravissime insuffisance rénale, qui tue au Nicaragua, au Salvador, au Sri Lanka, en Inde, dans les 2 premiers pays  plus que le SIDA, le diabète et le cancer réunis, et bien sûr des populations pauvres, surtout des ouvriers agricoles. Ed kashi explique très bien cette nouvelle "épidémie"

     Pour souffler un peu, même si vous n’échapperez pas au spectacle de conditions de vie tout de même proches de la misère, atténuées un peu par une certaine liberté, allez voir le magnifique reportage de Ferhat Bouda sur les Berbères au Maroc.


     Comme je vous l’ai dit, il y a d’autres pépites dont je ne vais pas faire le catalogue, vous pouvez vous rendre sur le site du festival pour le feuilleter, et il vous reste une semaine pour venir voir ce remarquable cru de Visa.

    En "bonus" à ce billet, je vous joins un article qui traite de l'énorme impact parfois d'une simple photo, et raconte une troublante histoire, une photo dont je pense que vous vous souvenez comme moi, et pourtant date de 1968 (l'exécution d'un membre du vietcong en pleine rue) On notera que ce type de scène atroce doit être courante en Irak ou en Syrie actuellement, mais l'éthique des journalistes actuels a sans doute pitié de nous.

dimanche 3 septembre 2017

Disneyland




        Le blog se réveille doucement de la torpeur d’un été particulièrement chaud, pendant lequel seule la pêche des dorades dès 5h du matin m’a évité l’inactivité totale. Je n’ai même pas eu le courage de faire un petit compte rendu cette fois de notre traditionnelle visite annuelle au festival d’Avignon, que nous avons pourtant respectée !

          Et il y a longtemps que je ne vous avais pas présenté de nouvelle sur le blog. 

          Eh bien la conjonction…

- de cet article du Parisien relatant la mésaventure d’un  petit garçon s’étant vu refuser le droit de « passer une journée de princesse » dans le célèbre parc de jeux (et la violente réaction de sa mère devant cette « discrimination », il n’y a pas que les parents d’élèves qui rouspètent victorieusement avec pugnacité …) Voir ce lien 

- et des batailles actuelles sur plusieurs fronts de « la France insoumise » dont le parfum rappelle pas mal les combats du tout aussi célèbre « après 68 »


        …  La conjonction de ces 2 faits, donc, m’a fait penser  à ressortir ce texte, qui, sans même avoir besoin d’être rafraîchi, semble encore assez bien tenir la route. Bonne lecture! 

samedi 1 juillet 2017

Que Simone Veil(le)



        Cette grande dame admirable a longtemps été personnalité préférée des français, et le consensus des louanges est à juste raison total au moment de son décès. 

       Sa droiture, ses convictions, sa combativité ont permis à bien des femmes d’être dans la légalité lorsqu’elles étaient confrontées à, de leur point de vue, l’obligation d’avorter. Cette décision toujours cornélienne pour une future maman n’avait pas besoin de voir ajouter à sa lourde difficulté « de base » une « double peine », les condamnations "morales" et religieuses, et les embûches géographiques et financières complexes. Le développement de la pilule et la loi légalisant l’Interruption Volontaire de Grossesse ont  sans doute été le plus grand pas en avant réalisé par les femmes des sociétés occidentales dans leur lutte d’émancipation au sein d’une société machiste.

      Le fait d’avoir été rescapée de l’horreur des camps nazis lui conférait de plus une aura qui, si elle ne désarmait pas ses adversaires, les forçait en tout cas au respect.

      Son image pourrait ainsi correspondre au but affiché par notre nouveau président, à savoir faire sauter les verrous paralysant notre pays entre « la droite » et « la gauche », puisqu’on pouvait la définir comme une femme politique de droite… et progressiste. Elle ne sera plus là pour inspirer ceux qui maintenant nous gouvernent, mais souhaitons avec force que son symbole gardera assez de lumière pour éviter les retours en arrière hélas toujours possibles. 

     Il est à noter par ailleurs que cette figure du féminisme capable d’imposer à une assemblée houleuse et hostile une loi aussi controversée à l’époque que celle sur l’IVG est par ailleurs restée opposée au mariage homosexuel et à l’homoparentalité, tabous qui ne semblent pourtant pas à l’heure actuelle  plus difficiles à déraciner que celui de l’avortement en 1975. Comme quoi même une largeur de vue panoramique peut avoir des limites un peu inattendues...

  Comme dit Gustave Parking à la fin de certains de ses sketchs: « je vous laisse réfléchir là dessus »


jeudi 15 juin 2017

Un péché de n’aller pas à la pêche en été



 J’adore ce passage écrit par John Gierach  dans son livre « Même les truites ont du vague à l’âme » aux éditions Gildemeister :

            « Lorsque j’étais enfant, les garçons qui préféraient pêcher plutôt que jouer au foot ou faire les fous en voiture étaient des abrutis. Aujourd’hui ce sont des demeurés-ce qui revient au même. Vous pouvez trouver ça un peu dur à vivre lorsque vous êtes gamin, mais il est possible que ça vous aide à grandir pour devenir un de ces rares adultes qui, dans la vie, savent faire la différence entre les choses qu’on peut contrôler et celles que l’on ne peut pas contrôler, qui sont capables de considérer l’erreur comme un phénomène naturel et qui savent tout simplement, et de manière générale, garder leur calme. Devenir une personne qui vous dira, si l’on insiste vraiment, que l’univers a peut-être un sens ou peut-être pas, mais que tout porte à croire qu’il a un sacré sens de l’humour. 
              C’est, je crois, une philosophie à la fois bienfaisante, rassurante et exacte, qui vous pousse, entre autres choses, à avoir envie de passer beaucoup de temps à la pêche, non pas-comme l’a souligné Robert Traver (plus connu sous le nom de John D. Voelker ) parce qu’il s’agit d’une activité importante, mais parce que toutes nos autres activités sont pareillement sans importance. »


           Je ne veux pas dire pour autant « allez à la pêche » plutôt qu’ »allez voter », bien que je ne sois pas certain que l’enthousiasme difficilement expliquable pour l’homme apparemment neuf qui emporte tout sur son passage soit payé en retour, il n’en reste pas moins que la pêche reste une activité noble. Et peu importe que la baisse d’énergie de mon âge me fasse maintenant préférer la pêche à la dorade en bord de mer à la traque des truites de lacs de montagne à > 2000 m d’altitude, la soupape tant chérie de mes années actives. 

         Pêcher reste un vrai plaisir, et une occasion de rencontrer des gens. 

         JL vient de Toulouse, passe l’été en bord de mer en camping car, et peut rester 4h en plein soleil et sans chapeau bien qu’il prenne des médicaments pour le coeur qui ne font pas bon ménage avec les UV.  Sa femme est en mauvaise santé, et à ce que j’ai vite compris son caractère s’en ressent fortement quand il la cotoye au camping.

         P., bien plus jeune, vapote continuellement entre deux touches ou deux changements d’appât. Il en faisait aussi son métier, en Belgique, jusqu’à ce que la loi interdise de vendre ces produits de substitution par internet. Il s’offre en ce moment une année sabbatique avant de reprendre une activité professionnelle dont il ignore encore la nature, et fait quasiment tous les jours 50 kms depuis les Corbières où il réside pour vivre sa passion du moment, que partage parfois sa compagne, brune, mince, tatouée et mère d’une fillette à l’évidence d’un autre lit.

         JP arrête sa session de pêche à 8h, il a commencé à 2h du matin car chez lui le soleil est encore plus dangereux que pour JL, puisqu’il est gravement malade, une confidence qu’un autre pêcheur m’a faite, et c’est sans doute pour ça qu’il s’intéresse un peu à mon statut de médecin, qu’un autre encore lui a dévoilé, mais sans pourtant s’étendre sur ce qui le mine. Il se révèle aussi parent par alliance avec ma belle fille.

         R était boulanger, se lever à 3 ou 4h du matin relève donc chez lui d’une routine banale, même s’il est maintenant retraité. 

         JP revient faire un tour en milieu de matinée, juste pour offrir 5 mn de liberté à son jeune épagneul, et pour voir « si elles se décident enfin ». A ce détail on voit qu’il resterait aussi chasseur, s’il pouvait bouger comme avant son opération. 

         R. passe aussi prendre des nouvelles en fin de matinée, avec sa compagne dont il a dit une fois que « bien que plus âgée que moi, elle en demande encore » .  

        D. garde son bonnet de laine même sous le soleil, il m’apprend que le Gargal aujourd’hui est responsable de nos bredouilles. Le Gargal est quelque part entre la Tramontane et le « Narbonnais », en plus humide. Très mauvais pour la dorade, soit, mais comme il fait beau…

         J vient pêcher parfois  avec sa femme, parfois avec Pepito, son moineau apprivoisé, qui le suit en sautillant sur le sable quand il va relever sa canne, volète un instant, puis finit par se percher  sur son épaule. Sa vieille camionnette n’en peut plus, et ses cannes ne sont guère plus jeunes que lui. Quand elle est présente, madame gère le panier picnic et les besoins (modestes) de Pepito.

        F par contre est un riche octogénaire, à voir son puissant Mercedes 4°4 rutilant, ses 3 cannes haut de gamme aux moulinets de prix dont les bobines sont impeccablement remplies de fils de 3 couleurs pour être sûr de noter qu’elles portent chacune un appât différent, bibi, crabe et mouron, par exemple. Sa technique de lancer est un peu surprenante, puisqu’il laisse reposer le plomb en arrière sur le sable avant de le propulser brusquement dans un quart de tour proche d’un début de mouvement de discobole. A ceux qui l’interrogent, étonnés de la performance finale (5 à 10 m plus loin que les autres), il déclare alors avoir longtemps fait des concours de lancer. Mais sans forfanterie, c’est juste un perfectionniste, un amoureux du travail bien fait, ancien chef d’entreprise dans la région parisienne, appliqué, sûr de lui mais pas m’as-tu-vu du tout.

        L’ambiance est donc étonnamment conviviale entre ces « habitués », celui qui réussit une prise est félicité sans jalousie, personne ne se bagarre pour obtenir une place, beaucoup s’inquiètent de l’arrivée des « touristes », et de la multiplication des filets des pêcheurs professionnels. La dorade est un poisson relativement démocrate, elle ne choisit pas forcément la belle canne, le beau lancer ou l’appât le plus cher. Elle se promène en bancs et quand elle n’est pas sur zone la bredouille est souvent équitable. 

         Sans doute faut il plus que pêcher ce beau poisson dans les mêmes eaux pour faire vraiment connaissance. Mais ce qui est rassurant, c’est qu’aucun d’entre nous ne lance des promesses de réussite, ni ne sollicitera Dimanche le vote des autres…








lundi 5 juin 2017

Finalement…

22-16, un peu court mais suffisant...


           Après je crois 11 échecs à ce stade en France ou en Europe, Clermont remporte enfin ce bouclier de Brennus qui se refusait systématiquement à une équipe pourtant flamboyante en cours de saisons… On est heureux pour eux, cent fois sur le métier…

           Je ne vais pas faire mon petit journaliste, la partie sera bien mieux disséquée par les spécialistes, disons simplement que le carton jaune de Fritz Lee, joueur si important dans le pack clermontois, a bien failli, comme cela avait été le cas pour les demi-finales, saborder le beau travail du début de la première mi-temps, et que Toulon a encore réussi à imposer sur quel mode aurait lieu l'affrontement, arrivant à exprimer toute sa puissance. Il s'agissait pour l'ASM de ne pas s'échapper, jamais, faute d'avoir réussi à imposer son propre jeu complet, hormis le premier quart d'heure, et bien sûr on a eu droit à la série maintenant habituelle des protocoles commotion. J'en parlais déjà dans le précédent billet, et JB Lafond est clair sur le sujet

           En voyant notre nouveau président serrer la paluche avec constance et gourmandise à tous les colosses des deux équipes, un par un, avant le match et à la remise des prix, je comprends mieux l'histoire de la poignée de main avec Donald Trump qui avait fait le buzz…

Le président à l'entrainement avant l'épreuve de la finale…

samedi 27 mai 2017

Une demie ? Bien fraiche alors…


                                                      La Rochelle 15 Toulon 18

                                                         Clermont 37 Racing 31

       Assez pétillante était la seconde quand même avec de beaux essais des clermontois, pas que ceux du Racing étaient moches, mais ils ont été réalisés quand la messe était dite… Quoique… Avec Clermont on ne sait jamais avant le coup de sifflet final, tant les finales ou demi-finales ont déçu par le passé. 

         Mais se remettre d’un carton rouge au bout d’une mi temps comme ils l’ont fait, avec un bel essai à 14 contre 15, montre à quel point l’équipe a progressé. Un Itturia phénoménal, un Parra très juste à la baguette, un Lopez atteignant sa plénitude, un Damien Penaud étonnant de peps et de technicité, en points d’orgue d’une équipe soudée, imaginative et presque toujours très collective, vraiment un beau match, et montrant à postériori les énormes qualité des Saracens qui les avaient étouffés de surprenante façon mais sans contestation possible en Coupe d’Europe (et ne terminent que 3e du championnat anglais…)

       La Rochelle qui a montré toute cette saison un jeu tout aussi complet que celui de Clermont a pris aussi un carton rouge, mais dont l’équipe à contrario ne s’est pas remise face au vieux buffle toujours dangereux qu’est Toulon. Mais cette demie-là manquait singulièrement donc de fraicheur et de bulles, les toulonnais matois et toujours surpuissants ont su faire assez déjouer l’adversaire avec leurs impacts de panzers. Plus d’expérience à Toulon même si leur jeu est moins équilibré, moins complet que lors de leurs trois glorieuses.

      En conclusion la finale verra donc s’affronter deux opposants cette fois aussi expérimentés l’un que l’autre. Même si l’un a plus l’expérience des victoires finales et l’autre plus celle des défaites à ce stade. On ose espérer que la remontée du Racing en fin de match n’est pas un signe que la friabilité de Clermont aux moments cruciaux n’est pas tout à fait terminée, et que sa constance au plus haut niveau, avec un jeu qui nous régale, sera enfin récompensée Dimanche prochain. 


       On souhaite aussi que l’absence de Halfpenny à Toulon compensera celle de Fofana à Clermont, et qu’il n’y aura pas de « protocole commotion » toutes les cinq minutes comme le rugby semble en prendre décidément l’habitude. Sinon faudra sérieusement envisager les tenues de protection du football américain…


samedi 20 mai 2017

La fourmilière




       Alea jacta est, l’outsider a gagné ! 

       Qu’on me pardonne ce mélange d’une expression latine et d’un anglicisme en entame de ce billet théoriquement en langue française, c’est un petit hommage à notre nouveau président, qui semble avoir donné un grand coup de pied dans la fourmilière de notre vie politique, et ne craint pas les savants mélanges, pour lui de ministres venus d’horizons divers, pour construire l’attelage de son gouvernement. 

       Nos compatriotes excédés par les traditionnels rafiots qui les mènent en bateau depuis des dizaines d’années semblent s’enthousiasmer pour une structure nouvelle dont ils ne connaissent pas encore l’équilibre sur l’eau mais sur laquelle ils ont au moins l’impression de respirer de l’air frais, au lieu des gaz nauséabonds et des relents d’huile usagée des gros moteurs précédents. Habitués des tours de passe-passe cousus de fil blanc censés faire éternellement du neuf avec du vieux, nos compatriotes se détendent pour une fois devant ce nouveau magicien qui cette fois les surprend comme un nouveau talent de la Star Academy.

      On ne peut pas lui dénier certaines qualités. D’abord il est jeune, pensez, 39 ans, le plus jeune président de la Vè république ! Une prestance rassurante de bon élève, avec un visage qui rappelle celui de Boris Vian, une épouse plutôt élégante et jolie, même si quelques roquets ont déjà lancé des aboiements lamentables sur le fait qu’elle soit plus âgée que son mari. Un bagage intellectuel solide (Philosophie, Sciences Po, ENA pour lui). Tous deux sont d’abord littéraires, donc possiblement cultivés. Le contraste était d’ailleurs saisissant pendant le dernier débat avant l’élection entre le futur lauréat, posé et intelligent, et son adversaire confite dans l’agressivité systématique et le dépit, tatouages de son parti autoritaire et psychorigide. Devenu inspecteur des finances, banquier chez Rotschild, il aurait « tué le père » après avoir été brièvement ministre de l’économie du précédent président présenté comme son mentor.

     L’homme fait donc fi des clivages traditionnels et réussit pour l’instant le tour de force de donner l’impression d’avoir gagné à la gauche comme à la droite. Réunir un pays scindé en deux pôles quasi équivalents depuis des dizaines d’années autour d’un projet commun serait un exploit illustré alors par une majorité conséquente aux élections législatives à venir. Demander à chaque ministre de ne plus être représentant de sa famille politique d’origine, mais d’être dorénavant « en marche » est probablement une gageure. En pratique comment par exemple un militant écologique planétaire convaincu et expérimenté pourra-t-il composer avec un ancien défenseur du lobby nucléaire dépourvu d’états d’âme ? Cette opposition semble la plus caricaturale au sein de l’équipage recruté par le nouveau capitaine. Pour difficile qu’il paraisse, le projet garde un aspect séduisant, et une bouffée d’air frais, même temporaire, est toujours agréable dans ce pays tellement déprimé. Cela semble peu, de vérifier que le casier judiciaire des nouveaux responsables soit vide, mais ça fait tellement de bien,  après ces années de scandales ! Même si bien sûr passeront entre ces mailles… ceux qui ne se sont jamais fait attraper…

     Il faut toutefois garder à l’esprit que l’équipe actuelle est probablement uniquement composée dans un but électoral, et que le vrai gouvernement, celui qui aura réellement en charge le pays, ne sera opérationnel qu’après les législatives. L’équipe type n’est évidemment pas encore en place, elle se dessinera selon les rapports de force, et certains parmi les présents n’auront guère le temps de faire plus qu’expédier les affaires courantes.

    Quand on donne un coup de pied dans la fourmilière, les fourmis se mettent immédiatement au boulot, vont apparemment dans tous les sens mais  font preuve d’une activité débordante. Quelques jours plus tard, en résultat du travail acharné de toutes, la fourmilière se retrouve parfaitement reconstruite… à l’identique.


  « Bon courage président ! » a dit l’ancien au nouveau, une petite phrase ou bien sincère, ou bien ironique, d’après les commentateurs. Je dirai la même chose, et refuserai moi aussi de choisir pour l’instant un camp bien défini. Une réponse de normand, quoi, qui au moins devrait satisfaire notre actuel premier ministre. 

Fourmis réclamant (de nouveau) du boulot

mercredi 3 mai 2017

Jarnac



       C'est bien un duel de mots et non un duel d'idées qui nous est proposé dans ces "débats" pour l'élection présidentielle, et je n'ai aucune envie de m'en mêler.

        Jarnac est la ville natale de François Mitterand, ancien président, et bretteur de mots reconnu. Le nom de cette ville est aussi célèbre dans l'expression "coup de Jarnac"  qui désigne un coup violent, habile et imprévu. Il a pris une connotation de coup déloyal ou pernicieux, qui n'existait pas à l'origine. Dans son sens premier et d’escrime, il s’agit d’un coup à l’arrière du genou ou de la cuisse, rendu célèbre par Guy Chabot de Jarnac, qui le porte lors d'un duel judiciaire en 1547. Lire la suite sur Wikipedia.

        C'est en tout cas ce que l'électeur devra éviter, avec toute la prudence que n'ont pas eue les électeurs américains aveuglés par les postures et les discours creux.

          Et, oui, il faudra bien aller voter Dimanche, sous peine de lendemains qui déchantent…








jeudi 27 avril 2017

Docteur lambda



            Ce n’est pas vraiment le surnom qui conviendrait pour Jean Christophe Rufin, qui raconte à peu près son parcours dans « Un leopard sur le garrot », que j’ai lu avec gourmandise. Cet homme brillant et simple, semblant à l’aise dans tous les milieux a été tour à tour un médecin neurologue assidu, un médecin humanitaire de MSF et de AICF au regard attentif à l’évolution du monde, un ambassadeur du gouvernement français en Afrique, et un écrivain maintenant très reconnu, académicien s’il vous plait, dont l’écriture fluide va sans doute m’entrainer à lire tous ses livres, moi qui n’avait lu jusqu’alors, déjà avec plaisir, que Katiba et Compostelle malgré moi.

           En dehors de cette aisance de rédaction, ce sont bien sûr ses remarques sur la médecine, sur l’humanitaire et sur son travail d’écrivain qui m’ont touché, en écho scintillant à mes propres vélléités restées dans l’ombre dans ces trois domaines. En cherchant bien, j’aurais 3 choses à reprocher à Rufin: son prénom un peu bouffon, le prénom de son premier fils, Maurice, plutôt ringard aussi, et le fait qu’il soit neurologue… Oui, je plaisante, ces reproches sont bien sûrs aussi mesquins que peut paraitre en regard mon parcours de médecin lambda. Mais c’est pour dire que pour le reste, comme disent volontiers les jeunes, respect…

        Car Docteur lambda c’est moi, resté 30 ans collé au rocher d’un cabinet généraliste de ville moyenne, après avoir pourtant rêvé pendant mes 2 dernières années d’études de partir en mission avec  MSF encore balbutiant, rêvé les premières années de modifier en profondeur la relation médecin-malade, et rêvé d’autres années d’écrire un livre qui recueille maintenant la poussière de mes tiroirs, jugé  par moi-même insuffisant pour tenter l’édition. 

      JC Rufin explique que la médecine était pour lui une évidence dans son enfance immobile à Bourges, pas très loin de l’Allier où la mienne était tout autant engluée. Il n’avait pas de père après le rapide divorce de sa mère, ce qu’il considère à postériori comme une chance, mais une statue du commandeur était toutefois chez lui, en la personne de son grand père, médecin qu’il plaçait sur un piedestal sans pour autant d’après lui s’en faire aimer. En tout cas la médecine était pour lui une voie naturelle, rien à voir avec moi. Mon propre père lui était présent,  et, comptable à la Banque de France, il exigeait que les colonnes de chiffres ne rognent pas sur les marges, mais… pas seulement les colonnes  de chiffres. Et en ce sens l’absence de père n’est pas forcément un handicap lorsqu’au lieu de guider, ce père ne sait qu’enfermer dans des interdits. Mais j’ai passé l’âge de mettre sur le dos de facteurs extérieurs la réponse  aux « pourquoi n’avoir pas »… 

       Rufin exprime combien la médecine l’a accaparé jusqu’à l’enfermer dans la routine des tâches hospitalières quotidiennes intangibles. Il a courbé l’échine en soulignant le travail épuisant mais borné de bovin obligé d’engloutir une énorme dose de nourriture calibrée pour réussir l’internat, puis la ronde répétitive des visites et contre-visites immuables. Concours de l’internat des hôpitaux, une tâche qui m’avait semblé au dessus de mes forces quand était venue l’heure des « conférences d’internat » censées former notre élite médicale, parce que j’avais déjà erré dans les usines à bachottage des classes prépas HEC et Sup de co où j’avais été brillant comme un ex-prix d’excellence de lycée, mais tellement inadapté… Le seul parmi les 3 reproches gags que je lui ai faits qui ait quelque raison d’être est ce choix de la neurologie, domaine où l’analyse des symptômes permettait des finesses de limier, des exercices diagnostiques  de haute volée, mais en revanche ne débouchaient jamais à l’époque sur des thérapeutiques performantes et des résultats gratifiants pour les malades. Sans doute l’oeil acéré du neurologue formait-il déjà celui tout aussi pointu de l’écrivain… Ceci étant, qu’un neurologue évolue vers l’humanitaire reste assez étonnant.

        Pour Rufin, la sensation d’étouffer dans la médecine a été un moteur du changement, associé à une grande part de hasard, pour avoir été invité par un ami à de toutes premières réunions embryonnaires de MSF. Ayant rejoint sa mère à Paris quand elle avait pû enfin subvenir à leurs besoins, il y avait fait ses études et dans les conversations étudiantes la curiosité naissante pour l’humanitaire  pouvait s’y enrichir bien plus facilement qu’en province.

        Les études médicales ont au contraire pour moi été d’abord une libération, abandonner Sup de co après 1 année sans réussir à m’intéresser un iota au marketing ou la comptabilité, quelle bouffée d’air ! Et je sus gré pour cela à mes parents, tout en prenant soin de m’éloigner d’eux de 500 kms, d’accepter de me voir partir pour un cycle de 8 ans quand 2 ans de plus dans ma Sup de Co pouvaient m’offrir un métier. Mais depuis je n’ai guère fait que 140 kms de plus avant de me fixer en plein vent comme une arapède sur un caillou de bord de mer… Les 2 premières années furent certes un pensum qui, comme le souligne Rufin, ne sert qu’à éloigner les littéraires des études médicales, au bénéfice des formations scientifiques, mais ensuite la séméiologie (étude des symptômes) et les grands chapitres de pathologie m’ont plutôt passionné, tout comme les stages hospitaliers, même si comme il le dit les étudiants étaient à peine tolérés et souvent méprisés.

      Ce n’est que bien plus tard que je me suis aussi senti étouffé, dans mon exercice, par les contraintes administratives croissantes, et l’évolution de la médecine vers le morcellement, les parcours d’un spécialiste à l’autre, les spécialisations dans les spécialités, le poids toujours plus grand des examens complémentaires et des protocoles de soins, sans compter les déceptions de certaines relations avec les malades heureusement compensées par d’autres.

       Rufin a vite renoncé à chalouper au sein de l’hopital pour obtenir d’être adoubé par un mandarin pour compléter une carrière hospitalière. Il est un peu difficile de le croire dépourvu de duplicité diplomatique quand on sait qu’il a été ambassadeur, conseiller gouvernemental, dirigeant d’AICF (les pages sur les conflits internes des ONG ne sont pas les plus intéressantes du livre), lauréat de prix littéraires jalousés, et académicien. Mais on a envie de croire sa « bonne tête » dans l’émission Thé ou café de Catherine Ceylac 

        L’année entière où j’eus une fonction d’interne hospitalier fut pour moi un très bon souvenir, car j’avais un réel plaisir à travailler en équipe, solidairement et à égalité avec les infirmières, aides soignantes et filles de salle, tout comme avec les chefs de service. En ce qui  concerne ces derniers, l’absence de rapport de force provenait aussi sans doute du fait que je n’avais aucune chance de briguer un jour la place du khalife…

      Après avoir rencontré celle qui allait devenir ma femme, devenu père de famille et médecin « générique », je n’apercevais plus les loupiotes qui prétendaient m’attirer au loin vers l’humanitaire. Leur lumière s’est progressivement éteinte pendant que la structuration toujours plus complexe, la spécialisation , les orientations politiques, rendaient les ONG inaccessibles à des amateurs dans mon genre dans un monde toujours plus guerrier et dangereux.

       Si j’en ai quelques regrets, ils sont probablement assez égoïstes. Rufin dit que « l’action empêche d’écrire, mais nourrit l’écriture ». c’est sans doute pour cette raison, le manque de nourriture, que tant de textes, comme celui qui dort dans mon tiroir, clapent du bec comme des poissons en manque d’oxygène échoués sur le sable.





jeudi 23 mars 2017

Père et impair


   Pas vraiment passionné par les romans que j’ai lus depuis quelques mois, je me suis tourné cette fois vers une histoire vraie, celle que raconte Eric Fottorino avec beaucoup d’émotion et une grande justesse de ton dans « Questions à mon père », que je recommande chaudement.



         Fottorino, ancien directeur du journal Le Monde, retrouve tardivement son géniteur et finit par retisser des liens fil à fil avec celui dont il ne savait rien ni ne voulait rien savoir, persuadé depuis l’enfance avoir été, comme il est hélas courant et banal,  abandonné par celui-ci. Choyé par son beau-père qui l’avait reconnu et lui avait donné son nom, il n’avait d’ailleurs jamais ressenti le manque de son père biologique, et même lui porter un intérêt aurait été une sorte de trahison vis à vis de celui qui l’avait élevé avec amour.

        Quand cette « trahison » devint vide de sens à la  mort (tragique) du père en charge de sa jeunesse, des approches méfiantes, timides et espacées,  ont commencé. Et sans compter que l’« abandon » relevait d’une situation bien plus complexe que prévu, Eric découvrit chez son père des racines profondes dans un terreau juif dont il savait bien peu de choses. Sa curiosité grandit tandis que bourgeonnait progressivement l’affection pour un homme cultivé, d’une grande humanité, accoucheur brillant adoré de ses patientes mais souvent jalousé et/ou boycotté par ses pairs pour le fait d’être juif.

     Une excellente critique était proposée par Bernard Pivot au moment de la parution de cet ouvrage.

   
     Lorsqu’on prend de l’âge, que le père soit encore là ou non, son image surgit peut être plus souvent. Dans la jeunesse, le père est un référent positif ou négatif selon qu’on se construit en identification ou en opposition. On peut l’aimer, l’admirer, le détester ou l’ignorer. Plus tard, on n’a plus besoin de son image pour se construire, mais dans notre propre ouvrage on voit souvent à l’improviste des reflets qui parfois nous plaisent et d’autres fois nous rebutent, mais font écho au père. Tel goût, telle manie, telle attitude, tel comportement, indique avec plus ou moins de netteté la filiation. Et ce qui est vrai pour le  père l’est parfois pour les grand parents et au delà. 

     Pour avoir eu des rapports assez conflictuels avec le mien, dans mon enfance aimant mais peu ouvert et très sévère, inapte à guider et se contentant d’interdire, j’étais très inquiet quand l’amour de ma vie m’a dit très vite après notre rencontre être déjà  maman d’un petit garçon de 6 ans. Je me jetai à l’eau dans ce nouveau rôle de père, mais dans une situation toute autre que celle décrite par Eric Fottorino puisque Yan a toujours vu son père biologique, les week-ends et une partie des vacances, partage entre deux familles qu’il voulait aimer de la même façon, mais très déstabilisant pour lui à chaque changement de lieu, d’autant qu’à son grand dam, ses deux pères n’avaient guère d’atomes crochus. 

     Maurice Maman, le père d’Eric, explique à son fils dans le livre pour tenter d’extirper ses restes de culpabilité, qu’on peut bien aimer deux pères. C’est sans doute vrai, mais pas pour autant facile. J’avais souvent l’impression que notre garçon tanguait comme un ludion entre les deux images paternelles, choisissant l’une ou l’autre selon les moments… ou selon les impairs que nous commettions. Je me souviens encore d’une soirée d’été où un ami maladroit m’avait confié en riant désagréablement la réflexion de notre pré-ado que j’avais grondé pour je ne sais quoi « j’en ai rien à faire, c’est pas mon père… » J’avais mis des semaines à m’en remettre… Et j’avais aussi vu l’ombre de mon père à moi dans ma façon stupide de tancer un adolescent devant témoins.

     Oui, choisir un père, ne pas exclure, ne pas « trahir » l’autre, est une tâche difficile, et de plus en plus souvent proposée aux enfants en ces temps de familles recomposées. L’important reste tout de même qu’il existe ou qu’ils existent, pour ne pas avoir à constater comme dans cette nouvelle qu’il est « Trop tard ».