Cette année encore et pour la 29e fois, Visa nous force à ouvrir les yeux sur un monde de fureurs et de misères. De moins en moins nombreux sont ceux qui critiquent ou détournent pudiquement leur regard de réalités qui semblent insupportables à vivre. Tous les reportages sont toujours de grande qualité, et si j’en relève quelques uns ce n’est pas pour les hiérarchiser mais pour souligner ce qu’ils apportent de plus que les « informations » accessibles pourtant quotidiennement.
Ainsi le reportage de Laurent Van der Stockt sur la bataille de Mossoul fait bien ressentir à quel point la guerre avec Daesh ne respecte plus aucun code et ligote les malheureux civils à l’exacte intersection des combats, là où se croisent les bombes, les tirs de snipers, les voitures suicides (700 comptabilisées !) et les exécutions arbitraires. Jamais la notion de « guerre totale » ne m’était apparue plus clairement. Dans la même veine, ce reportage impressionnant peut être complété par celui de Lorenzo Meloni sur la chute du califat , et celui d’Alvaro Canovas sur la reconquête de Mossoul
Si (comme Trump ?) vous avez du mal à vous représenter le changement climatique et les menaces de la montée des eaux, Vlad Sokhin dans Warm waters vous place le nez à quelques mètres d’un rivage que vous croyiez immobile de toute éternité mais maintenant menace l’étage de votre maison. Vous n’avez pas d’étage et vous n’avez qu’une cabane, n’avez pas d’autre endroit pour vivre ? heureusement vous allez construire une digue avec des matériaux de récupération…
Je suis médecin, certes à distance de ma vie professionnelle, mais je lis encore des articles médicaux. Alors pourquoi ai-je dû attendre ce festival pour découvrir le CKDu, affection sans doute multifactorielle d’origine encore imprécise entrainant une gravissime insuffisance rénale, qui tue au Nicaragua, au Salvador, au Sri Lanka, en Inde, dans les 2 premiers pays plus que le SIDA, le diabète et le cancer réunis, et bien sûr des populations pauvres, surtout des ouvriers agricoles. Ed kashi explique très bien cette nouvelle "épidémie"
Pour souffler un peu, même si vous n’échapperez pas au spectacle de conditions de vie tout de même proches de la misère, atténuées un peu par une certaine liberté, allez voir le magnifique reportage de Ferhat Bouda sur les Berbères au Maroc.
Comme je vous l’ai dit, il y a d’autres pépites dont je ne vais pas faire le catalogue, vous pouvez vous rendre sur le site du festival pour le feuilleter, et il vous reste une semaine pour venir voir ce remarquable cru de Visa.
En "bonus" à ce billet, je vous joins un article qui traite de l'énorme impact parfois d'une simple photo, et raconte une troublante histoire, une photo dont je pense que vous vous souvenez comme moi, et pourtant date de 1968 (l'exécution d'un membre du vietcong en pleine rue) On notera que ce type de scène atroce doit être courante en Irak ou en Syrie actuellement, mais l'éthique des journalistes actuels a sans doute pitié de nous.
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