Après avoir vu et le test match France-All blacks et le match USAP-Grenoble, j’ai constaté une fois de plus l’importance du mental dans la performance d’une équipe, sans pour autant décoder comment se crée un cercle vicieux ou vertueux.
Il est vraiment étonnant de voir une équipe aussi dominée que la France l’a été en première mi-temps mettre à son tour ensuite sous pression les mêmes adversaires pourtant très expérimentés, jusque là impériaux, ou bien une équipe de l’USAP passer 40 points au leader de proD2 15j après en avoir encaissé aussi 40 face au 3è de la poule…
Le fait de jouer à domicile est classiquement un gros avantage et il n’est pas rare de voir A mettre une pile à B en jouant chez lui et recevoir la même ou pire au match retour chez B. On peut concevoir que le déplacement, l’ambiance d’un stade hostile, les provocations plus faciles des joueurs se sentant « chez eux », l’arbitrage parfois « à la maison » facilitent ces écarts parfois spectaculaires entre matchs aller et retour, et expliquent de fameuses « remontadas ».
Mais les matchs dont je parle au début ont tous eu lieu à domicile.
L’EDF était sensée s’étalonner après des périodes de travail soutenu, avec une motivation à bloc, dans la perspective de la future coupe du monde à échéance de 2 ans, et s’est montrée apathique et comme soumise, on aurait dit qu’elle regardait les blacks, qui certes jouaient à la perfection, jongler avec la balle pendant 40 minutes. Un joueur a confessé qu’on leur avait « remonté les bretelles » à la mi-temps.
Quand on jouait mal au bahut, parce que l’ouvreur pensait à sa petite amie, les piliers à la colle de 2h qui suivrait le match, l’arrière au zero en maths qu’il devrait justifier devant son père, une bonne gueulante à la mi-temps pouvait suffire pour ressouder le groupe. Mais on peine à croire que des professionnels responsables, gagnant des sommes conséquentes, s’entrainant à longueur d’année, puissent réagir à des soufflons comme des gamins de 3è… Il faut croire que si, sinon les aboiements d’un Fouroux ou les colères d’un Laporte ne seraient pas devenus célèbres.
Je vois mal le staff actuel de l’USAP entrer dans une colère noire contre ses joueurs (même si Arlettaz est du genre nerveux) pour transformer le jeu d’un groupe maladroit et désemparé en une prestation presque digne du top 14 deux semaines après. Mystère des matchs où tout roule ou au contraire rien ne va...
L’EDF et l’USAP ont-ils un ou des coaches mentaux efficaces ? Les sports individuels font de plus en plus appel à des « spécialistes » de la psychologie, du tennis au ski en passant par le poker ou la F1. Mais une équipe est évidemment plus délicate à optimiser, au rugby c’est souvent 30 types dont il faut décortiquer le passé, les éléments charnières, les motivations, le fonctionnement, pour tenter d’obtenir des interactions positives entre ces individualités et un amalgame performant. Une vraie gageure… Cet article de rugbyrama montre un peu combien la tâche parait délicate . C’est bien pourquoi j’ai posé la question « coaches mentaux efficaces ? »
Les Blacks font eux du rugby une vraie religion, depuis leur petite enfance, c’est grosso modo rugby pour tous dès l’âge de la marche, ce qui fait que 90% des ados interrogés répondent que leur plus grand rêve est de porter la célèbre tenue noire. On ne pourra pas rivaliser avec une telle passion, d’autant que (si l’anglais ne vous rebute pas) cet article du nzherald montre que les neozelandais vont parfois chercher très loin leur « amour du maillot » aux frontières du nationalisme.
Mais après avoir éliminé, comme il faut souvent le faire quand un domaine est nouveau, les usurpateurs incompétents et autres gourous, ce qui passe par une filière peut être plus spécialisée que les formations actuelles (STAPS, cursus de psycho + compétences sportives, on voit ici que les voies sont un peu brouillonnes ) le coach mental compétent ne semblerait pas inutile pour limiter l’amplitude oscillatoire des équipes « à réactions » qui comme l’USAP ou l’EDF sont capables parfois du meilleur et souvent du pire.
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