Avignon, comme le savent maintenant les lecteurs réguliers du blog, rime pour nous en Juillet avec tradition. Et qu'est-ce qu'une tradition, sinon une tentative maladroite pour immobiliser le temps sur des moments heureux ? En pure perte bien sûr, car nombre d'évènements se chargent dans la vie de modifier les données.
Ainsi cette année, la maladie de l'une, un nouveau statut de grands parents pour certains, un exil en Inde devenu pesant pour un autre, l'ombre portée de la retraite annoncée ou récemment expérimentée, les voyages "à risque"de nos enfants, soit dans des zones géographiques turbulentes, soit dans les reliefs accidentés des aventures sentimentales, peut être aussi la chaleur étouffante… Tous ces éléments ont contribué à alléger notre programme. Un ou deux spectacles par jour ont suffi à nous laisser quelques bons souvenirs. Vous aurez peut être l'occasion de voir ces spectacles en d'autres lieux, je vous en dis deux mots même si le festival 2013 se termine:
- Voyage à travers la nuit, de Katie Mitchell. Un spectacle du In. Extraordinaire prouesse technique de théâtre filmé, où vous assistez à une pièce, à un film et au tournage de ce film dans le même temps. Lumières, angles de prises de vue réglés au millimètre et à la milliseconde. Un travail énorme et impressionnant de maitrise, alliant originalité et efficacité. Une réussite acclamée par la salle selon son mérite.
- Hôtel Paradiso. Spectacle off tragicomique sans paroles de 4 acteurs masqués pour une douzaine de personnages dont les masques étrangement ne font pas barrière aux expressions humaines. Là encore une prestation millimétrée très réussie.
- Colorature. Spectacle off retraçant l'histoire vraie de l'improbable Florence Foster Jenkins, "soprano" massacreuse d'opéras s'étant même produite au Carnegie Hall, persuadée de devoir son succès grandissant à ses talents de diva quand la foule se pressait pour voir une prestation comique… Si par hasard vous croyez que les vocalises épouvantables de l'actrice sont exagérées dans la pièce, cet enregistrement de la vraie "cantatrice" vous convaincra du contraire !
- Dans le off encore Illuminations a eu la faveur du public, avec effectivement de nombreux repères qui se devaient d'être rappelés pour comprendre l'"histoire" des jeunes de banlieue, même si pour moi les versants délinquance et montée de l'islamisme méritaient d'être plus qu'effleurés.
- Inconnu à cette adresse est un petit livre particulièrement marquant de Kathrine Kressmann Taylor que j'avais lu il y a quelques années (et que je recommande +++), mais c'est une correspondance auquel le théâtre de donne pas de dimension supplémentaire, avec une lecture alternée professionnelle mais assez banale de Patrick Timsit et Thierry Lhermitte.
- Callas dans le off était honnête sans plus, Lear in town, spectacle du In dans la carrière lunaire de Boulbon avait le mérite de ne durer qu'une heure trente, bien assez pour une mise en scène squelettique et un concentré à peu près sans queue ni tête, malgré des acteurs plutôt bons, du Roi Lear de Shakespeare.
Quelques autres spectacles du off refusent de me revenir en mémoire, on les passera donc sans états d'âme au compte "pertes sans profit".
Une exposition très intéressante à noter: "les Papesses", regroupant des oeuvres de Camille Claudel, Louise Bourgeois, Berlinde de Bruyckere, Kiki Smith, Jana Sterbak.
Bon été à tous.
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