Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

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Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

mardi 13 décembre 2011

Majorquine (6)

Trajet retour, face au vent, confort étonnant…

                                 Résumé épisode 5


Vous optez cette fois pour le mouillage dans le port, une bonne idée ?…


 Bien beau d'aller aux Baléares, maintenant, il faut en revenir, et la Tramontane, ben elle souffle face à vous, cette fois…


MARDI 22 JUILLET

                   A 14h, nous partons de Minorque, quittons le port de Ciudadela comme nous y avions pénétré, précipitamment, et entamons le voyage retour tant appréhendé comme on… se jette à l'eau. Chacun s'occupe à des rangements d'un air faussement désinvolte... Corinne, muette, boude et s'angoisse pour de bon… Je suis finalement le plus optimiste: ce vent arrière de force moyenne nous éloigne rapidement de l'île, nos deux voiles pour une fois bien gonflées de chaque côté du mât nous font ressentir la vitesse, le moteur qui nous stabilise sans avoir à nous entraîner, ronronne régulièrement, serions nous devenus de vrais marins ? Dans ce cas, avec un peu de chance, Tramontane nous laissera peut-êre le temps d'arriver... 
          
                    Vers 16H, Thierry annonce le programme: selon la météo de 20H, déclare-t-il avec précautions, nous continuerons vers Lla Franc, ou bien obliquerons vers Barcelone, ou même retournerons à Minorque...  Corinne s'engouffre avec joie dans ces propositions qui enlèvent l'inéluctable à notre sort peu enviable, et, du coup guillerette, s'installe à la barre, visière presque conquérante... Un bonheur n'arrivant jamais seul, cette énergique décision repousse dans la foulée la menace torve du mal de mer... Avec un roulis acceptable, le bateau avance toujours assez vite, mais pourquoi la vitesse à la voile s'exprime-t-elle en noeuds? Les enfants jouent sans être malades, Denis prend des repères sur la carte, et j'ai même remis à l'eau ma ligne... Sans faire de vrai repas, nous grignotons régulièrement...

                   A20H, Thierry fait signe de continuer, et, au vu des prévisions de notre propre météo, il faut bien me résoudre à comprendre que seule une vraie tempête avait une petite chance de détourner son chemin ! Comme il y en a peu (de chances) que nous sachions retrouver les Baléares seuls, ce n'est guère le moment de faire preuve d'originalité, et de plus nous nous accrochons à l'idée que nous aurons le temps...

                     Peu après, Tamara ralentit et son capitaine, qui pêche aussi, ramène, avec la délicatesse, l'excitation et la prudence qui sied à sa belle taille, une grande masse noire, luisante, très allongée, j'ai nommé une magnifique chambre à air ! … Puis un petit avion va nous survoler, repasser plusieurs fois sur nos têtes, en nous coupant la route. Nous avons lu quelque part que ce pouvait être un signal de détresse, mais Tamara ne réagit pas, peut-être l'avion est-il simplement curieux... Bientôt pourtant nous allons voir un voilier surgir du soleil couchant et venir à notre rencontre… Il est effectivement perdu, et Thierry va redresser son cap…

                  Un drôle de calme suit l'incident, le vent tombe, la mer est voilée du rouge de l'astre solaire qui s'enfonce lourdement dans les flots. En quelques minutes, il n'y a plus un souffle d'air, seule la mer ballotte doucement en souvenir de l'après midi… Mes jambes s'allongent, mes bras s'étirent, le pilote automatique nous guide impeccablement… L'oeil admiratif et le corps confortable, j'offre à mes oreilles la bonne idée d'un jazz rythmé qui m'emporte dans l'espace, au sein de la nature, dans son épaisseur… Cela dure le temps que met le soleil à couler… Vers 22H, ne reste qu'une lueur au ras des flots, alors qu'une légère brise rafraîchit nos visages…

                   Trois minutes après, le walkman sacrilège qui vient de choisir "aléatoirement" une chanson présage (oui, oui, sans rire, Gold… "comme un bateauôôô à la dérive") réintègre à toute allure son équipée... La tramontane envoie son premier seau d'écume sur le pont... Le calme hélas menacant d'un ciel de gris et de sang n'aura duré qu'une heure... Maintenant, matelots, il faut tenir, la nuit commence et vous crache au visage, la nuit va souffler fort...

                Un instant encore je vais espérer la clémence du ciel, puisque Tramontane est pour demain, seulement demain, pourquoi se lèverait-elle à l'heure où plus souvent elle se calme ? C'est probablement une fausse alerte, un petit accès avant l'apaisement nocturne...  Mais oui, va te faire voir, l'étrave se met à cogner de plus en plus fort dans les vagues, moins grosses qu'à l'aller, mais plus nombreuses, plus courtes, et surtout venant FACE à nous, explosant sur l'arête ou les flancs du voilier en nous couvrant systématiquement de casquettes d'écume... Corinne comprend qu'il va se passer de longues heures avant qu'elle retrouve la station verticale, aussi son fatalisme impressionnant de sagesse la dispose-t-elIe derechef en chien de fusil... Les enfants s'interrogent déjà sur la solidité de la coque, mais, ramassés en boule à l'avant et forts de 1'expérience de l'aller se préparent à tenir le siège...

               Le vent forcit très vite par gifles de plus en plus brutales, et le voyant rouge du moteur, oui messieurs et dames, clignote à plusieurs reprises... Nous pensons d'abord que la gîte en est responsable et nous contentons de couper le contact par instants comme on tente de calmer une bête en
colère... La lumière de mât de Tamara recommence ses cachoteries, recommence à se sauver devant en sautillant... Il s'agit de tenir un cap sur un délicat point d'équilibre: ou bien le bateau dérape ''sous le vent", donc le reçoit non plus de face mais par côté et d'une part nous changeons de direction, d'autre part le bateau penche dangereusement vers l'horizontale, ou bien nous remontons trop "au vent" et le bateau n'avance plus, avec la menace d'empanner, c'est à dire recevoir le vent du côté opposé à l'instant même où la baume, barre métallique qui soutient la voile, balaye le pont arrière brutalement et les têtes ou les membres qui auraient mésestimé la vitesse du phénomène (cours d'initiation gratuit…)

Cette petite video (ce n'est pas nous) montre à peu près la situation après 22h… Elle dure 34 sec, multipliez pour nous par 1680…








            A 23h, Denis et moi sommes déjà spongieux et ruisselants, avec un adversaire invisible qui toutes les dix secondes et dans le même temps nous tape le cul par terre et nous balance une cuvette d'eau dans la figure...

                   A minuit, le voyant rouge du moteur s'allume et, satisfait de l'effet produit, NE S'ETEINT PLUS… Ni supplications, ni imprécations, ni manipulations n'y changeront rien... Cette mécanique stupide nous aveugle de son signal danger et nous oblige à la mettre hors-circuit... Pas le moindre hoquet, pas la moindre fumée, seulement ce feu stop, cette interdiction, ON ne triche plus, excusez, ON ne traverse pas la Méditerranée des fleurs dans les narines avec pilote automatique et diesel paternel, désolé, ON traverse à la voile, sur un voilier cela se fait, ou bien on n'atteint pas Lla Franc, on retourne à la case départ, on débourse 20.000...

                   Eh! bien allons-y, pourquoi pas à la rame pendant qu'on y est, puisque c'est l'examen surprise, l'interro sournoise de fin de stage, la chausse-trappe de dernière heure, la fourberie ultime, le contrôle de conne-essence pour passagers clandestins du club Med...  D'abord la barre, bien dure évidemment, qui résiste et se cabre, avec une étroite plage de liberté pour les raisons expliquées plus haut... Ensuite les cordes, pardon les bouts (un point en moins), on tire sur les bouts et les drisses, plus fort, encore plus fort, comment mon cher ami ? Vos mains… quoi vos mains ? Elles ne sont pas guéries ? Ce qui vous donne, j'entends bien, la force d'un roitelet ? Il fallait y penser avant mon petit bonhomme ! Ho! Hisse! Denis, n'essayez pas d'aider votre copain, on le voit que vous faites le double du boulot !

                  Et on est là, comme des souris empêtrées dans une pelote de ficelle, à essayer de tirer sur la bonne corde pour maintenir le cap, à essayer d'apercevoir derrière les voiles la loupiote de l'autre fou qui sur Tamara continue sa danse de Saint Guy, déjà au moins à des centaines de kilomètres devant nous... Le confort, c'est 40° d'inclinaison en permanence, la flotte, le tape-cul, la nuit, le vent, donc on ne mange plus, donc on se prépare le splendide mal de mer, et il s'approche le sordide, le rampant, le visqueux, quand on réalise que messire diesel a dégueulé TOUTE son huile, bien épaisse, bien grise, bien gluante, DANS la cabine, le plancher de ladite est recouvert d'huile de vidange sur une épaisseur d'un bon centimètre, et cà, messieurs et chers lecteurs, c'est le vrai plus de l'aventure...

                  Si par hasard tu t'interroges sur la durée prévue du pensum, mieux vaut ne pas consulter le speedomètre, tu y liras que toute la sacrée fichue vitesse que tu dois avoir pour prendre des claques pareilles, et des paquets de mer comme des bouses de vache, et ces rafales qui glacent la peau mouillée, que donc l'allure faramineuse à laquelle tu voles sur les flots approche les 2 noeuds 1/2, c'est à dire 4 kilomètres/heure… Et encore pas tout le temps…

3H

                  Mon moral d'acier (trempé!) commence à fléchir, mes lacunes s'accumulant: après la voile, la mécanique, le pauvre Denis s'est faufilé dans l'égoût patinoire qu'est devenue notre cabine, et tente à la torche, dans des conditions d'équilibre parfait, de déceler les causes de la fuite... Peine perdue bien sûr, puisqu'il faudrait être mécanicien ET acrobate... Retour sur le pont, donc, à deux pour mater cette espèce d'étalon farouche qu'est devenu le voilier…  Les heures se traînent et changent quand elles n'ont vraiment plus rien d'autre à faire. .. L'heureux âge qui occupe l'avant réussit à dormir... Merveilleuse enfance ! je dénoncerai quant à moi la voile auprès d'Amnesty comme une forme de torture moderne... Prendre un gâteau dans la cabine, boire une gorgée, tenter de faire le point, tout devient une corvée en même temps qu'un exploit...

                 Si les guerriers malchanceux meurent dans leur lit, les héros de la mer frappés par la chkoumoune meurent sans aucun doute dans un endroit moins glorieux encore, piège vorace et nauséabond, cagibi mesquin témoin de l'imagination sadique des architectes navals, les chiottes...  Car c'est en allant satisfaire un besoin dit naturel que, vers 4H du matin, je vais être mis honteusement KO pour le compte...  Grelotter dehors, traverser la mare huileuse dans la cabine chaude et moite, extraire avec peine un fessier douloureux d'un tas de nippes à tordre, déposer l'oeuvre molle en bleuissant tête et coudes aux parois, nettoyer après l'acte la muqueuse délicate au papier trempé, remballer quelques organes tremblants et ratatinés dans le précédent tas de nippes, puis pomper dix fois par réflexe civilisé, dans les cahots, le nez dans la cuvette, couvé par l'odeur écoeurante d'huile de moteur, me fait demander grâce au trajet retour, et m'effondrer sur une couchette sous le brutal assaut d'un premier vomissement...  L'engrenage du mal de mer se met alors en marche pour de longues heures, que je vais passer les pieds dans l'huile, m'en fous, en vomissant par terre, m'en fous, en laissant Denis seul, m'en fous, le bateau peut bien partir au diable, le seul muscle actif de tout mon corps (mais quelle activité !) est mon estomac...

                  Denis reste donc seul dans le cockpit toute la fin de la nuit. J'aperçois parfois en voulant me relever son visage hirsute aux yeux rougis par le sel, sa bouche qui grimace et semble happer l'air après chaque paquet de mer reçu, mais la peine que j'éprouve est vite balayée par la prochaine nausée qui me renverse immédiatement sur ma couchette…

                  Que se serait-il passé s'il avait lui aussi été malade ? Peut-être que l'obligation de tenir, le sentiment de responsabilité et l'attention qui en découle, ont empêché comme à l'aller l'un des deux au moins d'être malade ? Ou alors n'était-ce qu'un simple et heureux hasard ? Et Denis non seulement assume, mais a bien compris comment barrer face au vent, il réalise des prodiges pour rester en contact avec la minuscule étoile de Tamara, à peine visible à l'horizon...

                 Au lever du jour pourtant, celle-ci fait comme toutes les étoiles et disparait dans la lumière naissante. L'exercice se complique encore, garder le bon cap sans repère, et ce cap l'a-t-on seulement vérifié correctement au compas ? Naviguer au près donne l'impression (à cause de l'angle de gîte?) de tourner en rond. Thierry se fait traiter de tous les noms de poissons, avec adjonction de qualificatifs valorisants (irresponsable, je l'avais bien dit, égoïste, pourquoi était-il si loin, etc...) Mais petit Poucet, même s'il maudit l'ogre, n'en est pas moins perdu...

                Toutefois la colère, quelques vêtements secs retrouvés dans une équipée, une poignée de craquants cornflakes au goût franc, ont doucement raison du mal de mer... Après une demi-heure de tergiversations, je prends une voix mâle pour annoncer à Denis ma décision de me familiariser avec notre radio marine ultra-perfectionnée (!) capable de situer (?)  les ports de la côte espagnole. Lui, tel un automate, saoulé de fatigue, ne répond même pas... II ressemble à De Niro dans "voyage au bout de l'enfer" (qui a dit: "il exagère"?). En fait, l'important est de ne pas partir à 180°, cela étant nous tomberons bien sur un port entre Gibraltar et Marseille ! Et puis maintenant il fait jour, mais sans soleil, des nuages pommelés, bien gris, lourds, uniformisant ciel et océan, soulignant notre solitude absolue...

8H

                 Denis m'arrête dans mes tentatives de repérage des phares sur le bijou électronique extirpé à grand peine de notre poubelle-cabine… Tamara fait demi-tour à notre rencontre... Voiles impeccablement réglées, il manoeuvre parfaitement pour venir à notre hauteur... Il apprend notre panne de moteur et nous dit comment il a dû plusieurs fois affaler ses voiles pour nous attendre, prolongeant par notre faute ce qui pour lui non plus avoue-t-il n'était pas une partie de plaisir… Nos rancoeurs mutuelles s'éteignent à l'exposé des difficultés de chacun…

MERCREDI 23 JUILLET, 9H

                 Tramontane, elle, ne se calme pas, mais nous avons retrouvé notre éclaireur, je ne suis plus malade, et surtout les falaises du continent émergent des nuages… Maintenant habitués, nous estimons à 3 ou 4h le temps nécessaire à compter de cet instant pour arriver…

                Thierry tente de fixer sur la pellicule notre équipage épuisé, deux loques qui n'ont ni l'envie ni la force de sourire... Les enfants s'éveillent, ahuris de découvrir l'état du bateau… Ils devront rester prisonniers de l'avant, seul endroit préservé de l'huile et de l'eau… Eux si facilement grincheux ou exigeants montrent une patience exemplaire… Corinne sort lentement d'un long cauchemar, toute entière tournée vers le débarquement prochain…

                Prochain, mais pas immédiat: d'abord, Thierry se trompe de port, il croit arriver à Lla Franc, nous sommes en fait au large de San Feliu de Guixols, au sud de Palamos; ensuite le vent tombe bizarrement d'un seul coup et complètement pendant 3/4 d'heure environ, et Tamara voudra nous remorquer, mais la houle trop forte interdira la manoeuvre, qu'elle rend dangereuse: enfin, Tramontane après cet intermède ressoufflera de plus belle, nous obligeant à tirer des bords, c'est à dire avancer en zigzag, pendant plus d'une heure, pour approcher l'entrée du port... Cette dernière heure est particulièrement pénible: souffrant toujours des mains, je ne peux toujours pas tirer correctement sur les écoutes( vocabulaire en progrès, non? ) et donc reste à la barre, où plusieurs fois, quasiment endormi, je répète les mêmes erreurs, réagis trop tard sur une embardée du bateau, et subis l'empannage qui oblige Denis épuisé à une nouvelle manoeuvre... En rage et me sentant stupide, j'admire une fois de plus la patience et la gentillesse inépuisables de mon coéquipier...

                 La traversée se termine sur une dernière frayeur, lorsqu'il faut, à la voile seule, réussir dans les bourrasques l'entrée dans le port et le mouillage...

              A 12H30, San Feliu de Guixols est le plus merveilleux endroit du monde…

               L'après midi bien sûr, nettoyage intensif et courses au village. Corinne cherche un train, un bus, une voiture, un vélo, un âne, tout moyen susceptible de joindre Collioure par voie terrestre… La panne de moteur se révèle être dûe à la démission stupide d'un bouchon du réservoir d'huile que le roulis a fait sauter car il ne vissait pas !!!… Cette imbécilité a au moins l'avantage de nous rendre un moteur en état de marche pour la fin du parcours… 

               Les deux bateaux échangent leurs impressions sur la traversée. Thierry a les traits creusés, même s'il nous explique qu'en réglant avec précision ses voiles, Tamara pouvait garder son cap tout seul en le laissant dormir par tranches de 20 minutes… Cathy et Bernadette sourient toujours, mais en nettement plus jaune… Julie imperturbable réclame sa bouée pour se baigner… Comme sont doux les petits aller-retours à la rame, à plat ventre sur l'annexe, entre la plage et les Camélias, sur l'eau plate d'un port protégé…

             Le soir, une cabine à peu près propre et qui reste, oh! miracle, à l'horizontale, nous accueille comme le paradis doit recevoir les âmes purifiées par un long purgatoire…

JEUDI 24 JUILLET

               Corinne et Yan s'échappent par le premier train, la tendresse des adieux pâlissant sous les feux de l'urgence… Benjamin préfère rester avec son père chéri… Fanny, petite algue, le tien revient, cette fois c'est presque vrai… Nos chemins se séparent aussi avec Tamara, qui veut flaner sur la côte espagnole en profitant jusqu'au bout des vacances… Nous partons sur une mer d'huile, pour la première fois depuis 3 semaines, pas une ride sur l'eau… Est-ce encore un piège, ou le temps est-il déboussolé ? Pilote automatique branché, ligne dans l'eau, gorgés de soleil, nous allons passer une journée extraordinaire, la seule qui aurait pû prétendre réconcilier Corinne avec le bateau… En traversant la baie de Palamos, 2 maquereaux se laissent prendre, pour la plus grande joie de Benjamin… J'ai certes rarement vu des maquereaux aussi petits, mais le marin a repris des forces, et grâce à eux le pêcheur aussi !…

              Le moteur auquel nous jetions en début de matinée des regards méfiants se comporte avec toute la sérénité que méritent les circonstances… Nous essayons de reconnaître sans nous tromper la succession des petits ports catalans: Lla Franc, Estartit, Cadaques, Puerto de la Selva... Le cap Creus est d'un calme olympien, et abrite même une série d'Optimists du club med local qui n'avancent pas faute de vent… Sans la moindre fatigue, nous avançons à 5 noeuds à l'heure, et doublons vers 18h une pointe ressemblant à s'y méprendre au cap Béar… et qui est le cap Béar… Pas de gros loup pour ma cuiller en face de Port Vendres sur mes habituels lieux de pêche… Brusquement, nous n'avons plus envie de finir d'une traite le voyage ce soir, et décidons de mouiller l'ancre dans la baie de Collioure, pour faire une surprise à nos évadés… Yan et Corinne, qui ont renoué le cordon ombilical, ne s'attendaient pas à une arrivée si prompte, et nous rejoignent ravis dans une crêperie, en compagnie de Thérèse, la mère de Benjamin, et de deux autres couples d'amis… Petite fête improvisée sur la plage, champagne, et compte rendu… Barbe drue, peau cuivrée, reposés et détendus par notre journée, nous peinons à persuader nos amis de l'étendue de nos malheurs… Mais le mauvais oeil veille encore: au moment de rejoindre les Camélias pour une dernière nuit en mer, nous constatons pour la deuxième fois… le vol de notre annexe, cette fois en plein port de Collioure…

      Bonne nuit, les amours, à demain sur le plancher des vaches (ah! les vaches!)

VENDREDI 24 JUILLET

                  Ca frisotte au large et sur les rochers bien connus de la Balette l'écume blanche qui si souvent avec mon beau père Gabriel nous dissuade d'aller taquiner les pageots nous incite cette fois à partir au plus vite pour Saint Cyprien, notre port d'attache… Vers 9h, nous arrivons in extremis, alors que Tramontane enfle et s'époumonne, cherchant ses victimes… J'ai pris pendant ce court trajet une belle orphie longue et luisante comme un fleuret… le plus gros poisson de toutes les vacances !

                   La dernière corvée restitue en 4 heures au quai un voilier flambant neuf impeccablement rangé, prêt pour une nouvelle aventure…

                   Pour nous, Fanny ma sirène, c'est terminé pour quelque temps (mais on dit que la mémoire est courte et pardonne à la mer…) alors, si le coeur t'en dit ?


                  "Qui va en mer pour son plaisir irait en enfer pour passer le temps" 

                                                                         Proverbe de pêcheurs…






2 commentaires:

  1. Finalement ça va mieux sans le moteur! L'huile de vidange en moins c'était parfais,non?dommage que ce soit fini,j'aurais bien fait encore un bout de chemin avec vous!!El Desdichado.

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  2. @JL: voilà bien une réflexion de "vrai" voileux… Sans l'huile de vidange, c'était juste un peu moins horrible, de mon point de vue, mais bon…Pas d'ancien gabier du Belem à bord, je rappelle… ;-)

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