AAA…h!

         Allez, coup de gueule du Jeudi concernant d'une part la tyrannie du AAA, d'autre part la lubie gouvernementale envisageant de condamner les clients des prostituées…

          Les pays européens tremblent devant les notes données par Standard & Poors comme nous avions peur dans l'enfance du résultat des compositions… Cette agence de notation contient dans son nom "standard" qui veut dire étalon en anglais, mais standard en français... C'est en effet tout à fait standard de trouver de nouveaux moyens pour étouffer les velléités de protestation, les aspirations à plus de justice sociale dans les pays menacés… Pas de chahut dans la classe, n'y pensez même pas, dans la situation catastrophique ou NOUS sommes, la seule solution est bien sûr de VOUS serrer encore plus la ceinture, et silence dans les rangs, sinon VOUS perdez le AAA, autant dire vous aurez zero… Nous, on n'y peut rien, hein, on note, comment on note ? ben selon les lois intangibles de la Bourse et de la haute finance, on ne va quand même pas entrer dans les détails…

           Le nom de l'agence décidément remarquablement choisi contient aussi "Poors", qui au "s" près signifie en anglais avec à propos "pauvres"… Oui, c'est donc standard pour les pauvres d'être encore plus pauvres et de la fermer, surtout… Regardez moi ce peuple grec  qui manifeste alors que ses milliardaires et ses politiciens corrompus les ont privés de A… Si c'est pas de l'inconscience, ça…

                       R…aaah! lovely… S'écriaient les personnages de Gotlib en quête de plaisir… Et ils sont nombreux à être friands du plaisir tarifé, dans toutes les couches de la société, vous n'avez pas attendu l'affaire du Carlton pour en être convaincus… La prostitution n'est pas le plus vieux métier du monde pour rien… Condamner les types qui utilisent ce service pour affaiblir le commerce du sexe me semble aussi voué à l'échec que d'essayer de boycotter le Coca Cola dans le but de limiter l'obésité…

                Le problème n'est pas dans le fait de monnayer un calin, attitude sans grand romantisme pourtant largement répandue bien que souvent sous des formes moins caricaturales, le problème est d'empêcher qu'une dame soit FORCEE de monnayer un plaisir, à cause de la pauvreté, de la drogue ou de violences qu'on lui fait subir… S'il en reste, et il y en a sans doute, pour le faire par goût, elles feront preuve au moins de conscience professionnelle, et c'est un contrat qu'on peut juger moralement si on y tient, mais qui reste un contrat privé entre 2 individus… Si la dame doit reverser 90% de la somme à un julot sous la contrainte, c'est autre chose… D'autant que les julots actuels ne sont plus des petites frappes isolées alternant la carotte et le bâton, mais des entreprises du crime très organisées…

               Ces 2 questions d'apparence très éloignées sont pourtant bien plus proches qu'il n'y parait…

                  Dans les 2 cas on se trompe de cible, hélas sans doute sciemment, et sans vergogne, Standard & Poors ne stigmatise en aucun cas des politiques irresponsables génératrices de la crise, une agence de notation n'inclut que des critères financiers, pas des critères environnementaux ou sociaux...

                     Le gouvernement qui pourtant a fini par admettre que les toxicomanes existaient, le Sida aussi, et permis enfin la délivrance contrôlée de seringues, pour des raisons de santé publique, n'annonce pas un programme d'envergure concernant la santé physique et morale des prostituées et de leurs clients, ni une vaste campagne contre les réseaux de proxénètes, pas plus que contre les réseaux de trafiquants de stupéfiants, il veut juste s'en prendre comme pour la drogue au consommateur lambda …

               Car c'est bien toujours lui qui doit morfler, quand il s'agit de bourse(s)…

Le h après les aaa est bien celui d'Hypocrite…