Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

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Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

lundi 5 décembre 2011

Majorquine (5)

Tu crois pas que tu exagères un peu, là ?… Si, un peu…

                                    Résumé épisode 4 

Porto Pollensa: ouf, votre voilier est à quai, vous vous croyez tranquille pour un moment, pas si sûr…
(cf Majorquine 4)






SAMEDI 12 JUILLET, 5H

             Fanny, petite palourde, le cerveau de ton père à ces heures est toujours embrumé. Sans doute est-ce la raison pour laquelle une corne de brume insinue ses angoissantes sonorités dans mes circonvolutions rétives... Des pas précipités sur le pont précèdent un appel sans équivoque: Claude! J'ai beau chercher dans mes rêves, aucune chance qu'on ait fait un faux numero... 

        L'appel donc, nécessitant réponse sous peine d'inculpation de non-assistance, m'arrache le grognement qui précède en général les visites de nuit et me jette bas de ma couchette... Voilà, cet espèce d'avertisseur nasillard remet çà, un coup de trompe, comme une roulette de dentiste... Qu'est-ce qu'il y a ? Corinne dit "le vent", mais non, il est bien trop tôt, et puis qui c'est, le vent ? un pirate, un abordage ? l'encre, ben quoi, l'encre...  une nuit d'encre... a dérapé, qui ? qui est malade ? quel est votre médecin d'habitude?  le docteur quoi ?  bon, eh bien appelez le d'abord, s'il ne peut pas venir, je viendrai vous voir... Ah! le vent!… l'ancre a dérapé, une ancre, notre ancre, a dérapé, parce qu'il y a trop de vent, et donc le bateau aussi dérape, et c'est qu'il n'est pas tout seul, derrière y en a plein d'autres des bateaux, même que le grand qu'était 20 mètres en arrière le soir, hier soir, l'aut' soir… il est tout près maintenant, bord à bord, avec une nana en peignoir sur le pont et un gros beauf en bermudas qu'a pas l'air du tout content des évènements… non mec tu rêves pas, même qu'il gueule des ordres et que la corne de brume c'est lui cette grosse vache, et il dit qu'on est pris dans son norin, c'est quoi, un norin ? il dit qu'on dérive avec lui, qu'on emporte son grand beau neuf bateau dans notre petite misère de raffiot en dérive...

              Denis, lui, c'est bien Denis ?, oui, c'est Denis, recommence à sauter comme un cabri de tous côtés, me dit de la lever cette ancre alors je tire à toute force sur la chaîne et je remonte l'ancre, un peu, un peu, c'est encore plus dur à l'aube, oui mais le vent, t'as oublié le vent mec, quel vent ? ben, le vent ne veut pas que tu remontes l'ancre pourtant tu tires sur tes bras, Dieu que c'est nul des bras et la grosse voix suifeuse derrière qu'a peur pour sa peinture et qui s'étrangle à demander où c'est qu'on a appris à naviguer, tu sais où mon Denis ? non Denis sait pas, il est dans l'eau, non il est remonté, et moi je lève l'ancre enfin sur quelques mètres et d'un coup je lâche l'ancre une rafale me l'arrache des mains alors je crie je peux pas et je sens soudain que c'est grave j'essaye de retenir cette fichue chaîne alors ça fait du feu dans les mains et puis ça se dévide à toute allure mais c'est rien çà va s'arrêter au bout mais non le bout lâche avec un craquement sinistre et l'ancre eh ben y en a plus l'ancre est au fond a disparu je crie et çà me reveille tout à fait et Denis dit Bon Dieu, maintenant mes mains me font très mal et je regarde mes mains en sang comme un con et Denis a trouvé, amarré une autre petite ancre, a replongé dans l'eau et réclame un couteau et je lui donne un couteau qui ne couperait pas ta viande, Fanny, petit oursin...

            Les autres voiliers défilent de part et d'autre, ce qui est très ennuyeux vu que eux ne bougent pas, et la côte ne bouge pas non plus et se rapproche quand même...  Le PDG derrière aboie toujours et Denis coupe l'orin, c'est quoi l'orin? avec quoi je ne sais pas avec les dents peut-être il l'a coupé et le gros type le beau bateau s'en va, il est libre, et la femme au peignoir a l'air d'avoir froid et ce type se calme d'un seul coup et dit qu'il va revenir nous aider, sans nous dire quand malheureusement parce qu'on l'attend encore et nous ben on bouge plus car Denis a mouillé une autre ancre je l'ai déjà dit mais il faut redire les choses tellement étonnantes...

             Corinne, petite Corinne, je ne l'ai même pas vue, qui était là pourtant, sous la pluie mais qu'est-ce que j'ai vraiment vu? En tout cas nous ne dérivons plus, le rivage ne se rapproche plus... Thierry, réveillé par un appel de peut-être Denis nous rejoint, ciré impeccable, sur son annexe, et constate sans y croire tout à fait l'étendue de notre ignorance... Mais si, mon pote, notre ancre principale est bien au fond du port...
C'est tout con, un orin, non ?



6H-8H30

             Denis lessivé et Claude maintenant... bien réveillé, veillent leur petite famille, peu confiants dans l'amarrage de secours, heureusement le vent s'est calmé, progressivement remplacé par la pluie, et pluie il y aura toute la sainte journée, chers matelots, une pluie drue, sans répit, bien lourde, bien dense, pour se rattraper de 3 ans d'absence, car il n'avait pas plu ainsi depuis 3 ans, à Puerto Soler…


9H-11H

           Mon petit crabe d'or, 
           Tout le monde dort à bord 
           Quand dehors le décor
           Est d'ocre sale comme l'eau du port... (poème douteux mais gratuit)

           Au gré de courants contradictoires, le bateau fait de grands cercles autour du point fixe de l'ancre de secours, les coques voisines sont enfoncées dans une brume opaque et de temps en temps l'une d'elle apparait derrière un rideau de gouttes, nous faisant croire qu'on dérive encore... Mais non, il n'y a plus un souffle de vent, seulement cette pluie tiède d'orage pour nous calmer, nous dorloter, nous confiner dans nos cabines...

11H-17H
           
            Thierry revient nous voir. Sur son annexe et sous l'orage, nous allons tenter d'accrocher la chaîne de notre ancre naufragée en trainant un petit grappin au fond du port... Une heure à sillonner en vain l'eau boueuse sous les regards interrogateurs des autres voiliers et dans les averses décourage toute l'équipe et débarrasse progressivement notre expérimenté navigateur de son optimisrne foncier... Je vois à de discrètes pointes d'agacement que son mauvaie génie nous laisserait volontiers nous dépêtrer seuls pendant que Tamara repartirait à la recherche d'un prochain soleil, et ce n'est pas le bain forcé qu'il prend tout habillé en sautant depuis les Camélias sur son canot non amarré qui va faire taire le-dit mauvais génie... Pour peu que ses femmes tentent aussi de le soudoyer !... Mais non, elles vont bien nous saupoudrer de sourires ironiques, nous en vouloir qui sait un tantinet d'avoir rendu leur héros trempé comme une serpillère, mais à 17H Tamara est toujours notre compagnon d'infortune et la pluie un peu moins diluvienne...

            De midi à 17H, Denis et moi, trempés "à la moelle", avons continué à zigzaguer dans le port sur une autre minuscule annexe qui elle n'a pas de moteur, Denis ramant à l'avant à plat ventre, moi derrière la main enchiffonnée, accrochant au grappin tous les detritus de la rade en croyant à chaque fois relever notre précieuse amarre... Les enfants résignés vont s'enfermer dans leur cabine et dans leur imagination comme seuls savent le faire des enfants...  Je plonge à plusieurs reprises dans la boue du port pour comparer son goût et celui du pétrole de PortPollensa, et pour tenter piteusement de compenser l'autrement plus nécessaire et efficace plongeon de Denis à l'aube...

               C'est donc à 17H qu'un bateau anglais brandit enfin en enroulant sa propre chaîne d'ancre notre cordage évadé... Nous faisons probablement rire une deuxième  fois ces élégants voisins en leur proposant plus tard d'un air penaud et reconnaissant notre vulgaire, unique et marseillaise bouteille de pastis... Un timide et furtif rayon de soleil salue avec à propos le retour du moral à bord… Demain sera un jour nouveau…

DIMANCHE 13 JUILLET


                 La nuit, ouf, a été calme et réparatrice. Le temps n'est pas exactement devenu tropical, mais enfin des éclaircies se font de plus en plus précises, et nous en profitons pour emprunter un petit tramway jusqu'au village de Soler qui surplombe le port à quelques kilomètres... II grouille de touristes et de couleurs en vrai village espagnol qu'il est, avec sa grande place ronde arborée entourée de cafés et son marché couvert saturé d'odeurs dans un brouhaha de ruche…. Nous sommes redevenus des terriens malhabiles, en proie à un léger vertige persistant, de plus saoulés par la foule... Courses, boutiques de souvenirs, flanerie dans les ruelles, nous remercions cette journée d'être banale, sans autre désagrément que le retour à Puerto dans un tram surchargé, à demi étouffés entre des ménagères espagnoles obèses et des montagnes de muscles allemands hérissés d'appareils photo...


LUNDI 14 JUILLET, 6H


                  Fanny, ma langoustine, ne dis pas cette fois à Thierry qu'il est trop tôt, trois jours entiers dans ce minable PuertoSoler à faire rire la compagnie, ne trouves-tu pas que cela suffit ? Et puis, nous allons sérieusement pêcher à la traîne, c'est un endroit propice...

11H
                    Escale dans une crique face à l'île de Dragonera, qui marque la fin vers le Sud de la côte nord de Majorca... Thierry a pris une belle bonite d'un kilo sur une cuiller brillante et un train de plumes... Mon rappala est hélas une fois de plus resté muet...

                     L'après-midi, Thierry et moi ou du moins ma main gauche chassons sous-marin près d'un îlot au milieu du passage entre Dragonera et Majorque...  Il voit, mais sans pouvoir les tirer, des barracudas et un banc de superbes dorades pendant que je me contente des saupes et sars habituels...

                    Le soir nous accostons sur Dragonera, nous amarrant sur un minuscule quai privé. Nous profitons d'une douche d'eau douce en plein air, cadeau de l'unique ferme de l'île aux navigateurs aventureux...  Les enfants font de loin connaisance avec l'âne Pepito, seigneur du rocher, indifférent aux tracas des marins... Les moustiques attaquent à la tombée du jour, et deux vieux médecins bourlingueurs sur un raffiot voisin nous prédisent une invasion de rats pour la nuit... Mais elle sera tranquille, pas de dragon-rat sur Dragonera...


MARDI 15 JUILLET


                  Nous repartons sans nous presser vers le port d'Andraitx, que nous atteignons, comme le vantent les publicités immobilières ou touristiques, sous la pluie… Les poissons espagnols sont décidément arriérés, une deuxième bonite préférant l'ultra classique cuiller de Thierry à mon rappala sophistiqué, véritable Formule 1 des appâts artificiels…

                  Andraitx est tristounet sous le crachin pendant que nous remplissons nos nombreux réservoirs d'une centaine de litres d'eau saumâtre et fade... Le prix des glaces à l'amande des enfants nous rappelle que mettre pied à terre nous transforme très immédiatement en citrons touristes à presser sans attendre... Les nuages s'esquivent lentement, l'arrivée des chalutiers est donc un joli spectacle en couleurs: ils reviennent chargés d'énormes gambas et de poissons bizarres au milieu desquels un petit requin est la vedette incontestable pour les spectateurs en général et nos deux moussaillons en particulier...

                     En fin d'après-midi, le ciel est parfaitement dégagé et le soleil rouge carte postale, TA carte postale, Fanny petit oursin... A la recherche du calme, nous allons mouiller dans une cala voisine,  laquelle se révèlera… repaire d'une boîte de bruit boîte de nuit, musique à fond ... En compensation des vacanciers nous offrent depuis la côte un mini feu d'artifice "sauvage", accueilli comme il se doit par la jeunesse du bord...


MERCREDI 16 JUILLET

                   C'est une belle journée de détente dans un petit fjord aux eaux d'améthyste... Quelques gros poissons furètent sur les fonds rocheux rnais restent inapprochables... Les enfants font mordre sur de petites houles de fromage de minuscules poissonnets noirs immangeables et agressifs, à qui vient parfois la lubie d'"attaquer" les plongeurs...  Corinne et les deux sirènes du Tamara peuvent enfin conjuguer bronzage et baignade à tous les temps...

                 Le soir, dodo dans une autre cala, plus grande, plus abritée…

JEUDI 17 JUILLET

                Nous devons traverser la grande baie de Palma de Majorque, Denis se lève donc à 4H du matin, en capitaine responsable et exemplaire… 
               Ala pointe du jour, il repère un aileron, peut-être un dauphin, sûrement un requin affirmeront les garçons…

               A 11H nous mouillons face à une grande plage près de Puerto Campos. Le sable est du sable, l'eau est claire mais l'arrière-terre est hérissée de béton armé, complexe touristique en gestation... Des méduses empêchent les enfants de pêcher leurs étoiles de mer avec toute la sérénité voulue... Benjamin le coquet fait tous le efforts possibles pour éviter mon appareil photo … Le soir nous repartons pour faire halte dans le plus bel endroit probablement de l'île, un véritable lagon antillais, avec une bande de sable toute en longueur, des îlots, une mer bleu turquoise...

                Ton père, Fanny petite dorade, va lui choisir ce lieu paradisiaque pour s'offrir pendant 48 H un 40° de fièvre et tout le tremblement c'est le cas de le dire...


VENDREDI 18 JUILLET


                     Le monde entier donc nage et plagifie sauf l'auteur qui imbibe les couchettes de sueur et contemple en pointillé le spectacle d'un oeil brûlant et glauque...  L'admiration des garçons pour Thierry se transforme en adoration quand il les initie au ski nautique en les traînant avec l'annexe sur la planche à voile... Julie quant à elle n'avait pas besoin de çà pour faire de son père un héros...

                      Fanny, ma vive, ce n'est pas le moment de venir voir le tien... Va plutôt jouer sur le sable où Denis fabrique à Benjamin des châteaux, observe Bernadette à l'orientale patience, son drôle de sourire un brin moqueur en équilibre sur ses coudes, choisis le meilleur profil de Cathy, opposé à la main qu'elle a toujours dans ses cheveux, fais de l'ombre à Corinne qui bronze heureuse de voir son Yan se régaler...

                        A 18H, comme souvent nous voulons profiter des heures de fraîcheur nour naviguer un peu et appareillons...  Grelottant et les jambes en flanelle, je fais l'effort de mettre à l'eau ma ligne et vais toucher un beau poisson lorsque nous doublons le cap de Salinas, mais les ennuis ne semblent pas finis puisqu'il va se décrocher...

21H

                     Stop dans une baie minuscule et resserrée, où avertis maintenant des dangers de la nuit nous mouillons deux ancres... Notre seul voisin, fièrement nommé "Le baron noir", paye son manque de prévoyance (pffff…, mais où donc a-t-il appris à naviguer ? ) par de multiples manoeuvres nocturnes pour s'empêcher de s'échouer sur les rochers... Car bien sûr le vent fait preuve dans le noir d'une activité sournoise et persévérante...


SAMEDI 19 JUILLET


                Nous repartons en début d'après-midi et naviguons quelques heures jusqu'à Port Colomb dans un vent contraire pas très fort mais néanmoins pénible, l'impression d'avancer sur un chemin défoncé… De Port Colomb nous ne verrons que quelques épiceries où notre pauvre bourse de touristes négligents (les banques sont toujours fermées quand nous accostons !) nous oblige à compter pour la moindre friandise, le plus banal yaourt !
               Mais le port est bien abrité, présage d'une nuit calme, la forme est revenue pour moi et n'a pas quitté les autres. Tout va bien...

DIMANCHE 20 JUILLET

                   Le programme est identique à celui de la veille: jeux d'eaux dans une Cala jusqu'à 14H, navigation l'après-midi, cette fois jusqu'à Porto Cristo...

               Le champion du monde des pêcheurs à la traîne, bateau "Les Camélias", ayant su s'adapter aux archaïques exigences des poissons locaux et remplacé son rappala magique par une banale cuiller, réussit l'exploit de ferrer un saurel... à peine plus petit que ladite cuiller, et chacun sait que le sort est plus difficile à vaincre que la défense d'une grosse prise...

              Les marins débarquent tous à Porto Cristo, joli village d'influence mauresque, et l'ambiance est euphorique, la perspective d'un repas au restaurant excitant des estomacs nourris de salades, de pâtes et de bolinos... La terrasse fleurie où nous prenons un verre et d'où nous avons vue sur un alignement multicolore de lamparos à l'ancienne, n'était pas prévue pour qu'on en descende sans escalier: Yan, incorrigible Goldorak et parachutiste maladroit fait une chute de 2 ou 2O mètres et boîte bas en gémissant le reste de la soirée... Notre goût très sûr nous attable ensuite dans une gargotte bondée de touristes allemands, sans les équipiers du Tamara, restés fidèles aux conserves du bateau...


LUNDI 21 JUILLET


              L'angoisse du retour commence à pénéttrer insidieusement l'atmosphère... Corinne déclare tout haut qu'elle n'a aucunement l'intention de revivre le voyage aller et fait toutes les agences de tourisme à la recherche d'un retour en avion vers Barcelone... Malheureusement, il faut partir de Palma ou de Minorque, elle se résout donc à nous accompagner dans la deuxième île, terme prévu de notre périple…

              Le traversée demande 6H jusqu'à Ciudadela, vent contraire force 4, pas de quoi crier au martyre, mais tout se passe comme si, au lieu de nous aguerrir, les heures passées sur l'eau diminuaient notre résistance... Ciudadela au soleil couchant alors que la mer se creuse est un profond goulet encombré de voiliers qui n'ont pas l'air d'apprécier plus que nous la gîte et le roulis…Nous y pénétrons comme on échappe à des poursuivants, avec un sentiment délicieux de soulagement…

              Il nous faut apprendre, faute de place, à nous accoupler aux autres bateaux à quai, à quitter nos chaussures pour traverser l'intimité des voisins jusqu'à la terre ferme…

              Ciudadela est probablement le port le plus pittoresque de notre voyage: ancienne place forte, élégante et majestueuse, elle propose un vrai décor de cinéma qui ne permet pas l'indifférence aux insolents marins venus du large... Ciudadela mérite qu'on lui achète les rares souvenirs que nous rapporterons, se fait pardonner notre attente prolongée pour des tapas exorbitantes dans un estaminet au pied des remparts, mérite qu'on revienne à terre demain...


MARDI 22 JUILLET


               De fait nous retournons à terre, mais, en barbares définitifs, indifférents aux placettes fleuries, aux murailles conservées, aux ruelles moyen-âgeuses, nous cherchons plutôt une agence susceptible de rapatrier Corinne, Yan et Benjamin dans le confort d'une ligne aérienne échappant aux vagues et aux caprices du temps... Le départ le plus proche est pour Jeudi, encore faut-il traverser l'île et joindre la capitale Mahon...

               A midi, retour au bateau pour faire le point: Denis et moi prenons la météo avec une fausse décontraction et les prévisions, oh! surprise, ne sont pas du tout encourageantes...  Tramontane est annoncée pour demain, et cette p… de saloperie de vent du Nord s'installe, tout Catalan même d'adoption le sait, pour trois, six ou parfois neuf jours...  La solution raisonnable est donc bien sûr de partir tout de suite, faire le maximum de trajet avant l'arrivée de l'ennemie, puis tenir durant les heures qui la verront souffler avant d'aborder l'Espagne... Nous aurions bien 48H à passer encore théoriquement à Minorque, mais il nous faut en fait ou bien écourter brutalement les vacances, ou les prolonger qui sait d'une semaine… La seule évocation de la mine contrite de ceux qui nous attendent ou nous remplacent finit alors par indiquer à nos consciences pures le chemin glorieux du devoir...

                   La perspective est donc très moyennement réjouissante pour nous vacanciers, pour nous marins et pour Corinne qui doit ou lier son sort au notre ou patienter deux jours sur Minorque, trouver un logement avec les 2 enfants dans une île surchargée de touristes, et la traverser cette île, en prenant l'unique liaison quotidienne de bus vers Mahon... Prise au piège, réellement découragée, elle se résout à traverser avec nous, et son total silence en dit long sur le crédit qu' elle porte à mes paroles rassurantes…
                                                                                           à suivre



1 commentaire:

  1. ça promet!les langoustes de Fornells peut-être? El Desdichado.

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