Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

Bienvenue

Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

samedi 6 décembre 2014

Départs

Anne, Sarah, Marine, François


           Après mon amie Martine, partie en quelques minutes sur un coup "de coeur", c'est mon amie Hélène qui s'en est allée. Elle, c'était mûrement réfléchi, ce n'était pas un coup "de tête", c'était le constat courageux que la lutte était devenue désormais inutile. Une ampoule pour dormir, une ampoule pour partir. On donne ce droit en Belgique où elle habitait.

           Avec Martine je partageais la passion des champignons, et, même si ce n'est pas si fréquent chez une femme, celle du rugby. Avec Hélène, que je connaissais depuis bien plus longtemps, en fait depuis ma première année de fac, nous avions une entente parfaite quand il s'agissait de bosser les examens. Très organisée, méticuleuse, synthétique, elle n'oubliait jamais aucune partie des cours, c'était une assurance tous risques contre les impasses. Elle s'acharnait jusqu'à ce que l'exposé le plus abscons devienne clair comme une eau de source. Ces qualités l'ont accompagnée jusqu'à un poste élevé à la Commission Européenne, où elle ne dédaignait pas de croire en sa capacité à éclaircir l'imbroglio des mouvements migratoires et des problèmes de développement des pays d'Afrique puis d'Europe de l'Est.

            Martine, infirmière, soignait les gens. Hélène, médecin, essayait de soigner les pays.

         Martine fumait beaucoup, boucher une coronaire restait surprenant pour qui constatait son énergie, mais  n'était donc pas chez elle inattendu. Bonne vivante, elle aimait aussi boire un coup avec des convives. Hélène n'avait jamais touché une cigarette, et je ne me souviens pas l'avoir vue absorber plus d'un demi verre de vin dans une journée. Elle était donc stupéfaite et très en colère  de voir le crabe progresser sur un terrain aussi vierge de toute pollution. Toutes deux étaient gourmandes. En bonne méditerranéenne, Martine aimait les plats simples du Sud, poissons grillés, tians, esquichades de morue. Hélène avait plus d'exigences: entrée, plat, dessert, si possible élaborés, devaient figurer impérativement pour donner au menu le droit de se prétendre un repas. C'est que, petite fille d'aubergiste au coeur des Cévennes, soeur d'un élève brillant d'Alain Ducasse, femme d'un amateur éclairé et parfois passionné de gastronomie, bon sang n'aurait su mentir. 

           Martine avait pris sa retraite il y a une petite année. Hélène bossait encore il y a quinze jours. Elle travaillait toujours bien plus tard que moi, de toute façon, à partir de 2h du matin elle donnait sa pleine mesure dans le travail de synthèse de ce que nous avions vu ensemble. Moi passé minuit mon cerveau approchait la consistance de la fraise tagada. Certes un petit retour de bâton l'attendait le matin. Hélène, toujours en retard… Si vous vouliez la voir en beauté, mieux valait éviter de la solliciter avant 11h du matin. Je refaisais donc en partie mon handicap sans forcer, l'esprit bien net, tandis qu'elle essayait de s'éclaircir les idées en soufflant sur son Banania fumant.

         Son Banania… Que de plaisanteries à ce sujet, quand nous avons appris que lors de son premier voyage avec MSF, elle avait fait suivre des boîtes de cette poudre vitale jusque dans les camps de réfugiés en Somalie où elle vécut son expérience humanitaire initiale, avec son compagnon devenu son mari, mon pote François. 

        Quand j'étais petit je préparais le 24 Décembre au soir un grand bol de chocolat chaud pour que le père Noël en profite le matin en passant déposer mes cadeaux. Je peux encore tenter le coup pour toi, bien sûr, avec du Banania, je sais, pas du Nesquik ou autre merde. Mais je manque un peu de motivation, je te connais, Noël c'est le 25, tu t'es endormie le 5, tu vas encore me le faire réchauffer.

"Le vrai tombeau des morts c'est le coeur des vivants" Jean Cocteau

mardi 18 novembre 2014

Pantalonnade




                Je n'ai même pas eu le goût à vous faire un compte rendu de ma dernière escapade parisienne où pourtant:

- j'ai bénéficié d'un temps idyllique ciel bleu et 25° pour Toussaint, irréel !
- j'ai vu ma fille dans un nouvel appartement nettement plus décent que le placard à balais précédent, et même agréable, dans le très séduisant 5è arrondissement
- j'ai vu des expos intéressantes (les tableaux impressionnistes rassemblés par le marchand d'art visionnaire Durand-Ruel, l'expo sur Niki de Saint Phalle, et surtout l'étonnante et gigantesque collection des oeuvres de Hokusaï)


               Car depuis j'ai rendu visite à une amie, avec laquelle j'avais bossé tous mes examens de fac pendant 8 ans, qui se bat pied à pied contre le nénuphar qui a dévoré la Chloé de Boris Vian,  une autre amie qui m'accompagnait encore le mois dernier pour une cueillette de cèpes record est partie brutalement d'un infarctus massif, et ma mère à 90 ans refuse de manger dans sa clinique de rééducation où elle soutient toujours mordicus qu'elle n'est jamais tombée, ne s'est jamais cassé le col du fémur et donc exige de regagner son domicile immédiatement.

              Vous l'avez compris, l'ambiance est un peu morose et quand c'est le cas j'ai tendance à m'occuper avec des bêtises, d'autant qu'après avoir enfin fini le premier jet d'une "histoire longue", enfin, autre chose qu'une nouvelle de dix pages, j'attends les retours de quelques amis lecteurs avant de me lancer dans son retravail. Donc, disais-je, je m'occupe avec des gamineries, par exemple j'ai trouvé un petit logiciel qui permet d'ajouter des bulles donnant aux photos d'actualité une saveur acidulée. Un exercice que le journal Hara-Kiri pratiquait volontiers, avec bien plus de talent mais tant pis…

Merkel et Obama à la sortie du G20


Partie d'échecs aveugle entre Hollande et Poutine


Les entraineurs de rugby de l'EDF face aux critiques




mardi 21 octobre 2014

Moi aussi…

         Je vais avoir cinq ans dans deux jours…

         Le terrain n'était pas très propice, car papi ne pouvait pas me faire faire des heures de voiture, et encore moins des heures de marche. J'ai d'ailleurs proposé de faire une pause après un petit quart d'heure de grimpette. Il a été plus sympa qu'il ne l'était avec ses enfants, car il a compris sur le tard qu'on pouvait facilement s'écoeurer, même si lui dirait volontiers "trop" facilement... Enfin, il m'a prêté sa canne de randonnée, au moins on était parés si on rencontrait un ours (vous rigolez, mais on est passés devant une petite grotte, il pouvait très bien y en avoir un !)

          Bon, il m'a bien fait le coup une fois ou deux de prétendre que "vingt mètres plus haut, juste après cet arbre, ça ne monte presque plus", mais il n'a pas vraiment insisté, même qu'il m'a pris sur son dos pendant la moitié de la descente. Ces rochers me faisaient un peu peur si je regardais mes pieds et pourtant il insistait pour que je les regarde, mes pieds, il disait qu'il ne faut pas rêver le nez en l'air en montagne (c'est ça qui m'embête le plus) car on pouvait tomber facilement.

         Bref, c'était quand même une petite balade sympa, j'ai pu voir le champignon des schtroumpfs, vous savez, le tout rouge avec des points blancs. Il y en avait plein d'autres en fait, mais papi a dit qu'ils étaient tous mauvais, surtout un qui était jaune citron et il a dit qu'il était mor-tel ! Il faut noter quand même que j'ai trouvé mes deux premiers cèpes deux jours avant mes cinq ans, et papi a beau faire le malin, il ne peut pas en dire autant. Pour ceux qui ne me croient pas, voilà la preuve !




              Bon, c'est bien beau tout ça, mais j'ai un puzzle qui m'attend, et c'est pas papi qui va m'aider à le finir, c'est pas trop son truc, le puzzle…



vendredi 17 octobre 2014

Copains d'automne


          Pas besoin de longs discours, vous avez l'habitude, maintenant… Deux journées superbes, miraculeusement sans vent, et la poussée en cours. Appareil photo oublié la première fois, pas la deuxième.








               Bon, je n'ai pas quand même passé mon temps à les photographier, je suis devenu adepte du no-kill pour les truites, pas encore pour les champignons !


            Par ailleurs si par hasard quelqu'un connait cette très jolie et très étrange chenille, qu'il me le dise, la petite couette qu'elle a sur le postérieur est d'un beau rouge vif, et semble hélas noire sur la photo, pour je ne sais quelle raison.




samedi 20 septembre 2014

On the road again…



             Etonnant de constater combien mes lectures me ramènent souvent dans les paysages américains. J'ai déjà expliqué qu'alors que je ne suis pas du tout admiratif de la culture (ou l'absence de culture…) et du mode de vie des USA, je suis souvent sensible à la manière avec laquelle leurs écrivains font partager des émotions profondes avec très peu d'artifices et sans effets de style particuliers. La liste est impressionnante de Steinbeck à Irving en passant par Faulkner, Caldwell, Hemingway, Ford, Carver, Auster, Roth, etc…




                Ce n'est pas le cas cette fois selon moi de Jim Harrison, pourtant un de mes auteurs fétiches, qui m'a déçu avec son Nageur de rivière. Ce livre contient deux courts romans (novelas). Le premier met en scène un intellectuel sexagénaire, professeur d'histoire de l'art à défaut d'avoir été le peintre qu'il rêvait d'être, de retour dans son Michigan natal où l'attendent une vieille mère ornithologue et autoritaire, les souvenirs d'un père décédé et les blessures jamais guéries d'un premier amour écrasant. Dans le second, un jeune homme "paysan et nageur", est aimé par deux filles dont les pères sont l'un une brute violente, l'autre un richard abusant du pouvoir de son argent. Lui ne pense qu'à nager sur d'incroyables distances dans les fleuves et les lacs... 

       Même si j'ai retrouvé parfois ce talent à nous entrainer dans des histoires imbriquées à la façon de poupées russes, l'ensemble m'a semblé surfait, pas vraiment sincère et pour tout dire je n'ai jamais réussi à m'installer dans ces récits qui semblent pourtant avoir plu aux critiques.




              Le fils de Philipp Meyer   est un ambitieux pavé embrassant 150 ans de l'histoire du Texas à travers plusieurs générations d'une grande famille de "propriétaires" terriens dont la richesse a explosé avec la découverte du pétrole dans les sous sols de l'état. 
            Les  allers retours sont nombreux entre les personnages et les époques. Toute la première moitié du livre est passionnante qui fait revivre les conflits incessants (et sanglants) entre Indiens Comanches, Mexicains et Texans sur un territoire  revendiqué de tous côtés. Le premier personnage de la lignée Mc Cullough, enlevé dans son enfance par les Comanches, sera marqué pour toujours par l'épisode, participera à la conquête de l'Ouest, à la guerre de sécession, établissant les bases d'un empire à coups de vols de bétail et d'expéditions violentes. 
          Un petit fils de ce tyran sans scrupules, Peter, choisira le camp mexicain, un accroc dans la lignée dominatrice qui reprendra avec l'ambition démesurée de Jeanne Anne, petite fille de Peter, quand le Texas devient un immense forage pétrolier. Cet aspect m'a moins intéressé, même si avec l'ensemble on ressent bien l'incroyable violence qui irrigue les racines des USA.




            Enfin Retour à Little Wing de Nickolas Butler  nous emmène dans le Wisconsin (Midwest),  l'Amérique "agricole" où se retouvent après avoir passé la trentaine à l'occasion d'un mariage quatre amis d'enfance aux parcours et projets différents. 

           Dans ces retrouvailles beaucoup d'émotions, de chaleur mais aussi de non dits, de rivalités, de conflits cachés qui finalement n'arrivent pourtant pas comme en planait la menace à détruire l'amitié entre les personnages, cimentée par les lieux et les liens d'enfance. Enormément d'empathie et de tendresse dans un livre parfaitement construit, une sorte de réconfort après les cruelles galopades texanes.



PS: je ne sais pas pourquoi 2 images sur 3 des couvertures de livre sont floutées, je n'ai pas décelé le problème (définition de l'image d'origine ? j'ai essayé avec plusieurs, sans succès)







mardi 16 septembre 2014

Visa 2014




      Un court billet cette fois car je m'y prends trop tard, le festival est terminé depuis avant hier. Toujours autant de témoignages remarquables sur les souffrances de ce monde, les conflits, les guerres, l'insondable pauvreté de 80% de la planète.

      Comme chaque année des hommages rendus aux photo-reporters qui ont perdu la vie en essayant de nous montrer l'étendue des privilèges dont nous bénéficions à pouvoir manger à notre faim, dans un pays en paix en étant à peu près libres de nous exprimer.

       Tous les reportages sont dignes d'intérêt, bien sûr, de l'Ukraine à la République Centrafricaine en passant par l'Irak, l'Afghanistan ou l'Amérique du Sud. Mais j'ai particulièrement apprécié les photos de

Anja Niedringhaus: tuée par un policier afghan en avril 2014, elle a couvert pendant 20 ans nombre de conflits et ses clichés étaient toujours d'une grande délicatesse et d'une humanité évidente.

• La guerre du Vietnam par les yeux de photographes nord vietnamiens: la piste Ho Chi Min labourée par les bombes m'a fait me souvenir de ce que racontait quand j'étais étudiant un contact universitaire du vietcong à l'étranger. Pendant que les B52 tapissaient de mort cette piste cruciale, les transports persistaient par une piste sous terraine longeant la voie principale, ceci sur des centaines de kms…

Soldats du génie cherchant un passage sous une cascade

Jorge Silva: remarquable série sur la Tour de David, un immense squat de 3000 personnes au centre de Caracas, entretenu par ses "locataires"acceptant de véritables règles de vie en communauté.

           Même si certaines images sont parfois difficiles à supporter, remercions ce festival devenu culte de nous forcer à regarder le reste du monde, de nous informer sans cesse, parfois sur des communautés que nous ignorons encore, même en étant abreuvés d'informations quotidiennes. J'ai presque honte d'avouer par exemple mon ignorance totale des Rohingyas, une minorité Birmane de confession musulmane persécutée par … les Bouddhistes. Si ces derniers aussi s'en mêlent, la gangrène des conflits religieux n'est pas prête d'être circonscrite...

jeudi 4 septembre 2014

Bonus

               Le temps exceptionnel de ces premiers jours de Septembre coïncidait avec la fin des navettes en bus, sans doute nécessaires pour l'écologie mais conférant l'été l'écusson "tourisme organisé" au site exceptionnel de La Bouillouse. J'en ai profité pour y emmener un ami parisien qui, si nous avons  fait une cueillette de cèpes un peu maigre, le timing n'étant pas parfait cette fois, a pu comprendre pourquoi je reste un amoureux inconditionnel de cet endroit, et de la petite auberge du Carlit, toujours aussi sympathique.

              Quelques photos en prime:

Le lac Vivé en arrivant par la forêt



Le lac Vivé bis



Le Noir d'en haut, imaginez le gobage d'une grosse truite à la lisière du tombant…


      Une jolie rencontre, dans les bosquets de  rhododendrons au dessus des lacs Sec et Coumasse. Il ne pouvait pas me sentir, le vent était dans le bon sens, mais j'ai cru qu'il m'avait vu, j'étais déjà étonné d'avoir eu le temps de sortir l'appareil et de faire cette photo…




          Mais il a pris son temps, on voit que c'est un jeune chevreuil mâle, en regardant bien on aperçoit les petites cornes, restées dans l'ombre la première fois… Hum, bon, d'accord, avec cette taille de photo, on ne voit pas mieux, vous reste à me faire confiance…



Le lac Noir d'en bas, sauvage et minéral


Depuis les pistes de ski, plus fatigantes pour le randonneur qui les gravit que pour le skieur qui les descend…


En revenant du lac de Pradeilles


           Un puis deux puis trois aigles magnifiques ont plané longtemps en altitude au dessus du lac de Pradeilles, sans jamais descendre assez bas pour qu'on puisse tenter une photo.