Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

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Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

samedi 6 août 2016

On ne t’appellera pas Momo


         Dans à peu près 2 mois tu vas venir agrandir notre famille, toi petit garçon, mon second petit fils. Alors il faut bien que je refasse un billet, même si je disais récemment n’avoir plus rien à dire devant les horreurs à répétition  du monde qui va t’accueillir. Pas question de ne pas te parler, de ne pas t’expliquer au moins des bases d’une vie, de ne pas communiquer avec toi dès ton premier souffle.

            On ne t’appellera pas Momo, Mohamed n’est pas de notre culture, pas plus que Moshe, c’est tout simple à dire, quant à Maurice, pour en être plus  proche, c’est un prénom passé de mode, qui n’a guère de chances non plus d’être choisi. 

         Mais ne t’inquiète pas, quel que sera ton prénom, nous l’employerons souvent, pour te  dire qu’on t’aime, et te le montrer, pour te dire que ta maman est aussi importante que ton papa, qu’elle ne mérite pas d’être lapidée en montrant son visage, qu’elle a le droit d’entrer dans l’eau bleue avec toi vêtue d’un simple maillot de bain, que manger de la viande le vendredi ou manger du lapin ou du porc ne te rend pas impur, que ton papa n’est certes pas le saint esprit sans que cela fasse de ta mère une salope. 

        On te montrera les  merveilles de la nature et notre département en présente un riche échantillon déjà. Tu  demanderas d’où viennent ces fabuleux paysages et on te répondra qu’on n’en sait rien, mais que les hommes ont de nombreuses théories à ce sujet, certaines faisant intervenir des êtres prétendûment tout puissants, nommés dieux, d’autres non, que personne n’est vraiment d’accord, pourtant pas de raison de s’écharper à ce sujet, vois ton petit cousin Raphaël, il adore les gnocchis et pas toi sans qu’il y ait là le moindre germe de conflit. La comparaison est infantile, c’est à dessein, tu es tout de même un bébé, on ne va pas te saouler d’emblée avec les guerres de religion et la géopolitique ! Mais c’est peut être une des premières choses qu’il faudra t’expliquer, tolérer des avis et des goûts divergents, ne pas penser détenir la vérité et partant considérer les autres comme des moins que rien, qu’on peut exploiter, affamer ou massacrer. 

       J’ai employé le mot culture pour dire au début qu’on ne t’appellera pas Momo. Respecter les cultures est plus facile que respecter les croyances, ces dernières ont trop facilement envie qu’on se soumette à elles. M’enfin les cultures sont bien façonnées par des croyances, non ? Ecoute bébé, on va pas commencer avec la philo, tu n’es pas encore en maternelle dis donc! Contente toi d’être attentif aux autres autour de toi comme tu es en droit qu’on le soit à ton égard.

      Tu n’as pas  choisi ton lieu de naissance, il se trouve que tu y mangeras j’espère à ta faim et que tu auras moins de risques que  d’autres de fuir ta maison sous les bombes, quoique… Il faudra penser à cette grande chance qui t’est donnée par rapport à des millions d’autres bébés tout aussi gracieux que tu vas l’être. Il faudra qu’on t’évite autant la culpabilité que l’indifférence, et surtout, j’y reviens, que tu te sentes aimé depuis le premier jour, et puis aussi guidé, accompagné, avec une indulgence sans laxisme qui te montrera les limites à ne pas franchir comme les risques qui valent d’être pris. Car tu devras vivre avec les autres hommes, qui lorsqu’ils ne se déchirent pas peuvent constituer une chouette communauté, si si, c’est parfois possible.


      Et pour ça tu n’auras pas besoin d’un quelconque père fouettard qui exige qu’on se prosterne devant lui, qu’on obéisse à des interdits alimentaires, qu’on fasse des femmes des esclaves ou qu’on prenne les armes pour mettre à feu et à sang les partisans d’un père fouettard rival tout aussi apte à vider le cerveau de ses « fidèles » en évoquant un autre monde après le monde. Tu arriveras dans ce monde là, dont il faut tellement prendre soin, un immense jardin saccagé, mais ce sera à nous de t’en montrer les beautés toujours présentes sous les dégâts. Avec de l’attention, de l’empathie, de l’enthousiasme, de l’énergie, du respect pour la vie et encore une fois, un amour de tous les instants, pas de raison que tu ne souhaites pas participer un peu à sa restauration.

           En attendant, vivre ensemble, fixer les limites, voilà l' urgence… Je terminerai ce billet par une communication du Dr Thevenot, gynécologue Toulousain, vue sur Facebook. Cette brève date déjà de 2 ans…


Brève du CHU de Toulouse
Courrier du Dr Jean Thévenot, gynécologue obstétricien, responsable du réseau MATERMIP (région Midi-Pyrénées), administrateur au Collège Français des Gynécologues Obstétriciens Français, Clinique Ambroise Paré à Toulouse
Moment de grand bonheur en salle de naissance
Accouchement de rêve.
Refus de péridurale.
Patiente voilée, le mari ne souhaite pas qu’un homme" s’en occupe (bien que largement prévenu à l’avance. Document en cours de grossesse, explications orales.
De garde, j’y vais quand même et m’impose.
Accouchement dans les hurlements et les contorsions, dans la panique maternelle et le père barbu qui donne les ordres à tout le monde.
L’enfant se prénomme joyeusement Oussama ; juste à sa sortie, le père s'est prosterné et a fait sur le sol de la salle de naissance la prière, en direction de la Mecque (direction qu’il avait préalablement repérée).
Puis des chants religieux aux oreilles de l’enfant, à droite, à gauche. Et la mère, il ne la regarde plus, elle a bien servi, et je suppose que le voile va vite être remis sur son visage tentateur.
Ras le bol de cela.
La tolérance a des limites, qui se franchissent chaque jour plus loin.
Dans la ville de Mohamed Merah, je m’interroge sur le devenir de la société dans laquelle je vis et je suis inquiet.
Mes propos ne sont ni racistes, ni discriminatoires ; ils sont ceux d’un praticien inquiet de voir la religion entrer en salle de naissance et dans mon cabinet médical, ceux d’un citoyen inquiet des incivilités qui se multiplient, ceux d’un homme qui a toujours récusé le racisme ordinaire mais qui est troublé par des dérives de plus en plus quotidiennes.
Même si mes propos ne sont sans doute pas politiquement corrects, je voulais vous faire partager ce moment, traumatisant pour toute notre équipe médicale, et mes craintes pour l’avenir de mes enfants dans un pays qui ne sait pas fixer de vraies limites.
Amicalement
Dr Jean Thévenot
Gynécologue obstétricien
Clinique Ambroise Paré
31082 Toulouse cedex 1

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