Voir le célèbre stade de foot de la Beaujoire submergé par les supporters de rugby de la moitié Sud de la France, c'est ce que nous avons fait avec deux potes, en profitant de l'occasion offerte d'assister en un seul voyage aux deux demi finales du Top 14. Nous avons constaté une fois de plus que si les chansons des supporters sont souvent plus proches en volume comme en délicatesse des paillardes étudiantes que de la musique celtique, on ne sent jamais d'agressivité malsaine, la convivialité reste prioritaire, on soutient les uns sans mépriser les autres. Les rugbymen ne confondent pas combat sur le terrain et bataille de rue dans la rue, les joueurs s'affrontent en se respectant, le supporter soutient sans chercher à mépriser ou détruire, et chacun est prêt à boire un verre avec l'adversaire, gagnant ou perdant. Cela s'est une fois de plus vérifié, et il est réconfortant de pouvoir le souligner.
1 Toulouse-Toulon 9/24
Comme en finale de H cup contre Clermont, Toulon s'est contenté d'un jeu très organisé, sans fioritures, presque "humble", basé sur une défense parfaite, et un Wilkinson qui bonifie toujours chaque ballon de la meilleure façon. Toulouse a joué comme toute sa saison un demi-ton en dessous de ses meilleures prestations, avec un léger manque de fluidité et d'imagination. Obligé de courir après le score, Toulouse s'est un peu emmêlé les pieds, et ces petits détails n'ont pas permis les accélérations fulgurantes qui à tout moment peuvent donner habituellement la victoire à cette grande équipe. Une confrontation équilibrée, où la rigueur extrême a prévalu.
Essai de Toulon dès la 2è minute… Parce que Toulon ! |
2 Clermont-Castres 9/25
Quelle déception de voir une équipe qui nous a régalés toute la saison d'un jeu digne des All Blacks s'effondrer comme si souvent au moment de récolter les fruits de ses efforts. Clermont était méconnaissable, comme anesthésié, vidé de ses forces, laissées sans doute dans les vagues d'assaut successives toujours brisées par les Toulonnais en H cup. Des avants humiliés en mêlée, se rendant en marchant rejoindre les alignements en touche, un Parra semblant dégoûté et boudeur, un Bonnaire d'habitude si concentré et intelligent comme perdu sur le terrain. Et en face un Castres appliqué, tenace, sans recette géniale mais prenant confiance progressivement… Vern Cotter l'entraineur qui a pourtant transformé cette équipe partira après la prochaine saison, peut-être faudra-t-il envisager un package "entraineur-psychanalyste", sinon, à l'inverse de l'adage du foot qui veut que ce jeu "se joue à 11 avec un ballon rond et à la fin c'est l'Allemagne qui gagne", on dira bientôt: le rugby "se joue à 15 avec un ballon ovale et à la fin, c'est Clermont qui perd"
Kockott buteur appliqué, Parra démotivé sur ce match |
Sinon, Nantes est une très belle ville, que j'aurais volontiers visitée un peu plus, même si j'ai un peu crapahuté : magnifique jardin des plantes, espaces verts, château des ducs de Bretagne, très jolies places, belles avenues claires et entretenues, centre ville jeune et animé, nombre de facilités pour les habitants, des lignes de trams très accessibles et bien conçues, des pistes cyclables partout, une touche écologique perceptible (lieux de réunion à thèmes, braderies solidaires), et perceptible jusque dans l'attitude des gens: voir une jeune femme essayer de sauver une abeille égarée sur un rail de tramway, c'est partout ?
Bien sûr un jardin des plantes, au printemps, c'est superbe |
Voilà ce que c'est que de partir avec un pote aux genoux en vrac et un autre redoutable traqueur de muscadet, handicaps croisés conduisant à des haltes à répétition dans un des nombreux restaurants ou brasseries de la ville, apothéose à La Cigale au décor 1900, sans doute la plus connue.
Repas avec entre autres les parents de Max Médard et Louis Picamoles: sympa, non ?
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Et la victoire de Castres, appliqué, très organisé en défense, ce que ... Laporte aura pû apprécier. Castres qui a joué comme Toulon contre Toulouse, ou … comme Castres contre Clermont. Un pack extrêmement solidaire dans tous les rucks, une charnière déterminante, magnifique essai de demi de mêlée roublard pour Kockott, et deux drops de Tales, très purs; deux drops d'un ouvreur français dans un même match, ce n'est pas si souvent
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