Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

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Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

dimanche 7 août 2011

Les bancs de la fac (41-45)


41.

Le chef interne, un grand moustachu sympathique,  lui avait gardé une place à sa droite au réfectoire.        Les internes arrivaient ou repartaient en désordre au gré des appels. Au fur et à mesure il les lui présentait:

- Arboussier, pneumo…
- Ledéhat, chirurgie viscérale…

A chaque fois, lui-même s'annonçait, plutôt mal à l'aise:
- Michel Dejean, médecine 4…
Certains ricanaient, d'autres haussaient le sourcil, comme s'ils se moquaient ou même lui reprochaient quelquechose. Un seul, heureusement, le dernier, un petit avec des lunettes d'écaille, dit d'un air grave:

- Excellent service, la gériatrie, on y apprend une foule de choses…

       Quand il eut tourné le dos, le chef ajouta, inconscient d'une quelconque maladresse:
- Ah ! Meunier, c'est le seul vrai rigolo de la bande !










42.

Valérie et sa copine se lamentent en cœur de ne pas digérer la biochimie. Philippe entend la conversation, s'approche et dit:

- Moi, la biochimie, ça me fait bander.

Puis s'éloigne nonchalamment.

La copine l'a trouvé superbe, malgré cette insolence, et s'étonne d'apprendre qu'il est dans leur année. Valérie l'aide à le situer:
- Mais si ! il en a une énorme !
- Une quoi ?
- Kawasaki, ou BMW, un truc de fou, facile de te faire inviter…












43.

         Marianne a pivoté sur elle-même, frappée par un projectile invisible, et s'est affaissée. Le professeur a tonné sous les voûtes, la voix d'un prêtre dans des catacombes:

" Qu'on lui donne un sucre… et cinq minutes pour reprendre place… ou envisager un autre métier…"

Ils se taisent. Marianne est plus pâle que le macchabée. Le professeur exige qu'elle vienne au premier rang. Avec une pince à disséquer, il saisit quelquechose à l'intérieur de la main mutilée. Le doigt du mort s'est replié, fait signe d'approcher.

" Nom de ce muscle fléchisseur ? "

Viens, approche, continue le mort. Un murmure inaudible s'est élevé.

" Le fléchisseur commun profond, c'est exact"
Ils poussent un soupir de soulagement. Le doigt s'est arrêté de bouger.

        Mais dans la poitrine de Marianne, qui croit-elle a reconnu son grand-père, quelqu'un longtemps criera en silence…








44.
             Le Dr Schweitzer hésite. Il ne se souvient pas de la définition du "cri de Douglas". Seul lui revient l'appel lancé par l'héroïne blanche encerclée par une tribu de nègres dans un film dont il a aussi oublié le titre. Flairant le hors-sujet, il passe délibérément à la question suivante: 

" Citer une utilisation du réactif Noir Soudan" 


















45.
Jean Bernard U plait beaucoup.
Sa blondeur est romantique, son doigté de guitariste aussi.

Justine, Amélie, Françoise, Aurore, sont ses groupies fidèles.
         Valérie se fend de quelques œillades.
Jean Bernard U est un tendre; il hait la politique.
Quand un militant lui donne un tract, il ne va pas jusqu'à refuser; plus tard, il l'affiche en douce après l'avoir complété.

On peut y lire en majuscules au feutre:
"COCOS = GAUCHOS: LES MANGE-MERDE AU POUVOIR"

Sur un air de guitare…

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