Rumeurs et (DS)K de conscience

            Les médias aussi sont capables d'un tsunami… Voyez le déferlement ininterrompu d'articles, de reportages, de rumeurs, de déterrages médiatiques, de prises de position, d'affrontements verbaux,  déclenché par cette lamentable affaire (si le monsieur est coupable) ou cette sinistre mise en scène (s'il n'y est pour rien)… Comme tout le monde j'ai été comme aspiré par cette vague de fond, curieux chaque jour du moindre fait nouveau de ce thriller mondialisé… Huit jours après, je n'arrive pas à me faire une opinion sur cette situation surréaliste… Depuis bien longtemps j'ai appris à m'attendre à tout de la part d'une foule partisane, et le raz de marée des propos journalistiques comme celui des commentaires outrés des procureurs et des avocats de tout poil ne m'étonne guère, ce qui m'étonne plus est mon incapacité à extraire mes propres conclusions de ces flots de boue qui s'entrecroisent …

           Le mot rumeurs est dans mon titre, et c'est bien la rumeur de toute façon qui aura la peau de DSK… Coupable ou innocent, il ne s'en relèvera pas, le mal est fait… Car s'il est innocenté, ou si la plainte est retirée, le doute restera dans l'esprit de trop de gens, qui n'y verront qu'une "justice" dévoyée par l'argent et le pouvoir… C'est peut être en ce sens que son sort semble plus retenir l'attention que celui d'une africaine modeste qui prétend avoir été violée… Comme si la malédiction, d'être pauvre, noire et immigrée exposait à tant de malheurs qu'un viol de toute façon n'était pas le pire auquel elle pouvait s'attendre… Elle a tout à gagner, une somme d'argent qui la tirera du pétrin si l'histoire est vraie, peut être aussi si c'est faux ou bien  au pire elle retournerait à sa condition avec au moins le courage ou la dignité d'avoir tenté… Lui a tout à perdre, et d'ailleurs a déjà tout perdu…

         Mais attention, tout perdu en terme d'image, en terme de représentation… Personne ne pourra plus "voir" DSK en président, en homme politique, en patron du FMI… L'homme, disposant d'une fortune conséquente, pourra toujours couler une retraite dorée dans un ryad somptueux, sort dont à son âge 99% des individus se contenteraient… L'accusatrice ne perdra rien elle en terme d'image, elle n'en a même pas, personne ne lui a encore donné un visage … Une inconnue accuse une icône mondiale de tentative d'effraction de son corps et n'a pas de visage… Tout un symbole pour une affaire de viol… Car si on imagine un être humain renoncer à violer quelqu'un, ce serait bien en comprenant toute l'horreur du geste à venir sur le visage, dans le regard de sa victime… La victime, ici supposée, n'avait déjà pas de visage non plus au moment de l'agression pour son agresseur, lui aussi supposé …

          Ces quelques considérations n'aident pas pour autant à comprendre les évènements du Sofitel de Manhattan… Comprendre le génocide des juifs ou des khmers est au dessus de mes forces, mais je peux toujours esquiver le problème en admettant mon ignorance de la psychologie des foules… De longues années d'exercice médical pourraient par contre m'avoir apporté des outils pour comprendre celle d'un individu… Hélas, il n'en est rien, je suis démuni pour expliquer comment un chef d'entreprise peut supprimer sa famille entière avant de disparaitre(cf. l'affaire récente De Ligonnes), ou pour imaginer un grand Vizir de 62 ans presque Calife, respecté pour son intelligence et son habileté, bondir en sortant de sa douche comme un Bonobo en rut sur une employée entrée par erreur, 1heure avant de déjeuner avec sa fille et 2h avant de prendre un avion…

              "Trop gros, passera pas", c'est ce que semble penser une majorité de Français, et j'avoue en faire encore partie, d'autant que, toutes autres nombreuses incohérences mises à part,  je passe beaucoup plus de temps dans mon métier à essayer de renforcer par quelques pilules la libido hésitante des sexagénaires qu'à freiner chez eux une virilité excessive…

                N'empêche, comme dit plus haut, le mal est fait, le vitrier (socialiste dit-on) vient d'exploser la baie vitrée du salon de l'Elysée et déclare avec un sourire penaud: "Bah!… tous les morceaux sont entiers"