Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

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Ce blog comme une promenade entre amis… On pourra donc lire ou écrire, admirer la nature, ramasser des cèpes ou des morilles , pêcher à la mouche, jouer au poker, parler médecine, littérature, actualité,ou même de tout et de rien comme le font des amis en fin d'une belle journée de randonnée...

jeudi 3 mars 2011

Soreze

  

                                           

                       Un des charmes spécifiques à la France tient aux références historiques capables de surgir de n'importe quel point du territoire, aussi reculé soit-il.
                Prenez Soreze, petit village du Tarn en bordure de la plaine du Lauragais, au pied de la Montagne Noire à quelques kilomètres de Castelnaudary et de Revel. Eh! bien l'abbaye école de Soreze, devenue hôtel de charme de nos jours, a été fondée en 754 par Pépin le Bref, confiée à l'ordre bénédictin, rasée par les Normands, reconstruite en 903 sous la direction d'un moine (l'abbé Walafride), redétruite par les calvinistes en 1573, reconstruite en 1638 par les bénédictins… Elle devient école religieuse en 1682, puis Ecole Royale Militaire sous Louis XVI, fermée à la Révolution, elle redevient école privée et religieuse avec Ferlus, puis Lacordaire et les dominicains, accueille les Saint Cyriens en 1940, et reste un lieu d'enseignement privé de grande réputation, accueillant des jeunes gens du monde entier, de familles de colons expatriés, ou de la société aisée de métropole… Un témoignage de Jean Maffre de Baugé de 1799 donne une idée de ce qu'était l'école:

          « Il fut décidé que maman nous accompagnerait tous les deux au collège de Sorèze. Là, je trouvai une grande différence dans le mode d’enseignement. Les divers cours d’étude en tout genre étaient professés par d’habiles maîtres. Chaque classe était composée d’élèves assez instruits pour professer des leçons que leur donnait le professeur. On se piquait d’émulation 7. Il y avait des examens annuels pour chaque classe et, à la fin de l’année, chacun était obligé de répondre aux diverses questions qui lui étaient faites en présence d’une assemblée considérable d’étrangers, presque tous parents des élèves. Ces exercices avaient lieu sur le théâtre qui était assez grand, bien décoré et sur lequel on jouait des tragédies, des comédies, des drames et des opéras. Il y avait aussi des ballets fort bien montés en bons danseurs de sorte que dans ce collège on ne se contentait pas de donner une éducation soignée, sous le rapport des sciences, des belles lettres et des arts libéraux, mais encore tous les arts d’agréments y étaient enseignés avec distinction. Ce collège était, avec juste raison, reconnu comme un des premiers de France. Le directeur Monsieur FERLUS, en surveillait l’administration et les études avec un souci tout particulier ; aussi a-t-il été regretté de tous ceux qui l’ont connu. Nous ne tardâmes pas, mon frère et moi, à faire des progrès sensibles et à acquérir des connaissances que nous n’aurions jamais eues si nous étions restés dans les pensions où nous avions été précédemment. […….] Je fis là mes cours de littérature, de mathématiques, etc. . J’appris aussi la langue italienne et la langue espagnole. Cette dernière m’a été très utile ainsi qu’on le verra plus tard. Je devins fort sur tous les exercices du corps, pour les armes, la danse, l’équitation, la natation, la musique surtout que j’ai aimée passionnément toute ma vie et qui m’a procuré beaucoup d’agrément et des relations que je n’aurais jamais eues sans cela. Je jouais quelques fois sur le théâtre de Sorèze et j’étais toujours dans les ballets qu’on y donnait ».

               L'abbaye école reste sous direction des dominicains jusqu'en 1978, dispensant un enseignement imprégné par la religion et d'une rigueur assez militaire, héritage certes oblige, mais semble-t-il aussi toujours d'une ouverture d'esprit reconnue et d'excellent niveau… Peut être la pensée de Saint Simon n'est elle pas étrangère à cet aspect …La Pérouse, Arago, Gilles de Robien (? non noté dans sa biographie), Nougaro, Hugues Aufray, Julien Lepeers ou les frères Bogdanov sont d'anciens Soreziens…


               Avec quelques amis, dont un ancien élève, nous avons passé un week end étonnant dans ce lieu au charme austère construit autour d'un grand parc où se dresse encore une des 3 seules statues de Louis XVI non détruites en France... Un concentré d'Histoire, en somme…

Ecole religieuse et uniforme militaire, le sabre et le goupillon, quoi… mais l'oeil et le calot malicieux…
               Par ailleurs si vous êtes gourmand, vous pouvez déguster un vrai cassoulet, prétendûment le meilleur de la région, à l'Hostellerie Etienne, sur la commune de Labastide d'Anjou…

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