Cette image est bien plus belle… |
Tout le monde sait qu’une équipe est bien plus qu’une somme d’individualités, aussi brillantes soient elles. Il faut que le courant passe entre ses membres, comme la cuisine a besoin de liants pour révéler les saveurs d’un plat.
Si vous avez suivi les rugbymen de moins de 20 ans, si vous vous êtes régalés à retrouver le french flair perdu par leurs ainés et avez admiré la solidarité inépuisable de leur défense, vous avez eu devant les yeux l’exemple d’une véritable équipe de copains. Leur pépite de demi d’ouverture (Carbonel) l’a exprimé les larmes aux yeux après leur victoire en coupe du monde: « on se connait tous depuis 4 ans (ce qui mine de rien représente 20% de leur jeunesse…), et ce tournoi va faire de nous des amis pour la vie » a-t-il déclaré avec émotion. Le secret se trouve probablement dans cette dimension affective qui permet, à talent égal, de sublimer des joueurs qui vont tout donner pour « leur » équipe même s’ils ne sont pas choisis par leur sélectionneur pour disputer tel ou tel match d’une compétition. Si ce n’est moi, c’est donc mon frère…
Cette solidarité sans faille, sans inimitiés, sans jalousie, fait partie des valeurs majeures que nourrit le rugby, où chaque joueur doit savoir depuis les poussins qu’on n’est rien sans les autres et que même 8 mastodontes peuvent exploser en face s’ils ne poussent pas exactement ensemble dans la mêlée. Cette valeur est constamment mise à l’épreuve au gré des changements de clubs, des entraineurs rencontrés et de leurs projets de jeu, des salaires versés, des blessures. Et les moins de 20 ans n’ont pas eu encore trop l’occasion de rencontrer ces risques en pleine lumière.
C’est aussi pourquoi cette valeur l’est beaucoup plus (mise à l’épreuve) dans un football professionnel aux salaires stratosphériques, où les exploits individuels sont portés aux nues par les médias. Les jeunes fans de rugby sont fiers de porter le maillot des All Blacks, pas de Brauden Barrett ou Kieran Read, ceux du foot portent le maillot de Messi ou Ronaldo.
Je suis persuadé que Didier Deschamp a bien conscience de marcher sur les oeufs des susceptibilités chaque fois qu’il sélectionne ou refuse un joueur. Que c’est aussi pour ça qu’il a préféré d’emblée ne pas mettre dans son panier un talent reconnu comme Benzema soupçonné à tort ou à raison de porter un ver dans son fruit après une polémique durable. Mais ce sera chaque jour qu’il lui faudra vérifier chaque fruit un par un pour déceler d’autres parasites cachés.
Les journalistes bien sûr ne gâchent aucune occasion d’essayer d’en faire éclore quelques uns: et Griezmann n’était pas content de sortir, et Pogba répète qu’il est le patron, et Mbappé est plutôt décevant, etc… Tous les joueurs du groupe français sont de très haut niveau, aucun doute là dessus. Mais la coupe du monde ne sera pas la récompense d’un groupe. Et s’il reste un doute quant à notre capacité à aller chercher le graal, elle reste surtout pour moi dans la capacité de ces egos monstrueux à se fondre dans une véritable équipe.
On peut essayer de se rassurer en voyant ici certains liens qui unissent les joueurs de DD.
… que celle-ci, non ? |