Lac de Pradeilles (Pyrénées Orientales)

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mardi 5 juin 2018

Syndrome méditerranéen ?

N'exagérons pas…


         Un petit retour sur mon parcours professionnel m’est permis à l’occasion de cet article de France info, même s’il devient je trouve extrêmement difficile de donner un point de vue sans être assailli de critiques à la moindre virgule mal placée, au moindre mot  qui n’est pas parfaitement choisi dans une phrase.

       Inclure le « syndrome méditerranéen » dans un article stigmatisant les préjugés racistes supposés des médecins est ni plus ni moins faire un amalgame dont semblent malheureusement friands les journalistes. 

       Un syndrome est un ensemble de symptômes que le médecin cherche à regrouper pour faciliter sa démarche diagnostique. En plus des symptômes eux mêmes (douleur, difficultés à respirer, fatigue, boiterie, etc…), l’expression de ces symptômes représente ou bien  une aide ou bien un piège pour le thérapeute. 
     Le médecin débutant, peu expérimenté, aura tendance à se préoccuper en priorité des expressions les plus bruyantes. Celui qui hurle est censé souffrir plus que celui qui crispe son visage sans mot dire. Si l’expression du symptôme par le malade est proportionnelle à la gravité du problème, ce peut être une aide. « Il a trop mal pour ne pas avoir une fracture » Pourtant combien de radios ont-elles été prescrites pour de simples contusions ? Elles n’étaient pas pour autant inutiles, justement dans le but d’éviter l’erreur de diagnostic. 
       A l’inverse, le piège est parfois tendu quand la personne est « dure au mal » au point d’exprimer comme à regrets sa douleur comme un peu plus qu’une simple gêne. Je me souviens d’une ménagère corpulente venue me voir pour une douleur au poignet depuis une « petite » chute. La palpation de la main et du bras n’entrainait pas de réaction nette, son poignet était vaguement enflé, elle est repartie avec sa prescription de radio en portant un cabas de 2 ou 3 kilos, est revenue seulement 3 jours après avec une image de fracture nette…Je pourrais multiplier les exemples bien sûr.

      La hantise de nous faire piéger par les distorsions d’expression nous accompagnait en permanence. Et en acquérant de l’expérience, le contour du « syndrome méditerranéen » s’est progressivement dessiné, comme étant une présentation théâtrale des symptômes, pas forcément signe  de gravité. Je n’ai pas dit « pas signe de gravité », j’ai dit « pas forcément ». Rester très attentif était néanmoins obligatoire, le sentiment d’urgence créé par une dose d’ « hystérie », et si générateur d’angoisse, s’atténuait simplement. Autre souvenir quand jeune interne j'avais dû examiner à l'hôpital une mamma gitane qui se plaignait de toutes les zones de son corps, et j'avais cru malin de déclarer "avoir mal partout, c'est n'avoir mal nulle part" selon le précepte d'un patron qui avait voulu maladroitement nous donner confiance. Toute la famille me cherchait ensuite dans les services pour me faire ravaler ma réflexion "raciste" j'avais calmé le jeu en exposant la  batterie d'examens que j'avais malgré tout prévue pour elle…

      Mais pourquoi méditerranéen alors ? Peut être employer l’adjectif « latin » aurait été plus consensuel, car peu de gens nieraient que le mode d’expression des latins dans la joie, la peine ou la souffrance soit plus spectaculaire, bruyant et coloré que celui des anglosaxons par exemple. Mais employer le mot latin ou méditerranéen n’a rien à voir avec une stigmatisation raciste, il faudrait voir à ne pas tout mélanger. La mort de la jeune africaine citée dans l’article est une tragédie, une gravissime erreur médicale. Le racisme s’insinuerait clairement si cette personne n’avait pas eu les soins requis du fait de ses origines. 

       Mais si ses origines ont fait conclure à un syndrome méditerranéen et qu’on ne soit pas allé au delà de cette conclusion, c’est une très lourde négligence, le piège du faux ami que sait être la fréquentation de ce syndrome s’est refermé sur une erreur de diagnostic, qui n’a pas besoin du racisme pour être dramatique.





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